•  Le 26 avril 2023, Emmanuel Macron est passé aux aveux, dans un silence étourdissant, face à la presse et accompagné de son ministre de la santé : "Nous sommes dans une période où on refonde, on est en train de réinventer un modèle ; c'est plus dur de le réinventer tant que tout n'a pas été détruit..."...

     

    Communiqué du Syndicat National des Médecins Hospitaliers

    Paris, le 27 juin 2023.

     

    Le niveau de destruction de l’hôpital, les fermetures de lits, de services, des urgences, des blocs opératoires, sont tels que l’accès aux soins en ville comme à l’hôpital est désormais souvent rendu impossible. Les conséquences désastreuses, mortelles dans de nombreux cas, y compris pour les personnels, sont connues de tous.

     

    Pour restaurer l'accès aux soins, il nous faut « des bras des lits », un programme effectif de réouverture de lits avec les effectifs, la restauration de l’organisation des soins à l’échelle des services, les salaires, les conditions de travail et de ratio pouvant permettre de redresser la situation.

     

    Et oui, l’hôpital a besoin de ses médecins, justement rétribués, en particulier pour leur engagement à l’hôpital public et pour le maintien de la permanence des soins, en astreintes et en gardes.

     

    Il est évident que l’injustice de la grille salariale issue du Ségur avec les 4 années d’ancienneté volées pour de très nombreux collègues, doublée d’une permanence des soins insuffisamment rétribuée sont des repoussoirs pour nombre de collègues.

     

    Il n’y a rien d’impossible. Il n’y a rien à réinventer, il n’y a rien à refonder.

    Des décisions simples peuvent être prises très rapidement.

     

    En cohérence, après avoir appelé à la grève et aux manifestations pendant plusieurs mois contre la réforme des retraites aux côtés de l’intersyndicale, après avoir rejoint la mobilisation nationale du 20 juin à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, UNSA, SUD), le SNMH-FO appelle les médecins hospitaliers à rejoindre les organisations médicales appelant au mouvement de grève nationale des médecins hospitaliers le 3 juillet, reconductible le 4 juillet, pour :

    -la revalorisation pérenne des indemnités de garde et astreinte

    -le rattrapage des 4 ans d’ancienneté volés pour les PH nommés avant octobre 2020.

    Le SNMH-FO appelle les médecins à se saisir de cette mobilisation pour s’organiser et construire l’unité pour obtenir des bras des lits.  

     

    CONTACT : Dr Cyrille Venet

    Secrétaire général SNMH FO

    MOBILE : 06 68 02 80 73

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  • Thibaut M.

    Retraites  -  "On achève bien les soignants"

    Retraites  -  "On achève bien les soignants"

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Impossible de ne pas en parler tant ce sujet d’actualité brûle toutes les lèvres et tient tout le pays en haleine…

    Je veux bien évidemment parler de la réforme des retraites, dont le projet a été dévoilé le 10 de ce mois et qui impactera toutes les couches de la société1.

    Et surtout, du décalage de deux ans du départ à la retraite, le portant à 64 ans dès 2030 !

    Si pour l’ensemble des Français, cette annonce a eu l’effet d’un coup de massue - plus d’un million sont d’ailleurs descendus dans les rues pour manifester2 - il est un secteur qui se retrouverait particulièrement lésé si un tel projet venait à être mis en application…

    Je veux bien entendu parler du monde de la santé, déjà au bord de l’écroulement3.

    Pour parvenir à la retraite, les infirmières auront besoin d’infirmières…

     

     Ce n'est un secret pour personne, le monde médical est en crise.

    A tel point que je me demande parfois comment il parvient encore à tenir debout.

    Autant dire que pour le personnel soignant, usé après trois ans de pandémie, cette proposition de réforme sonne comme une véritable condamnation.

    Car même s’il pourra toujours bénéficier de départs anticipés, il devra tout de même rester deux ans de plus en fonction, comme tout le monde4.

    Une infirmière se confiait récemment à ce sujet : 

    Moi, j’ai déjà dû arrêter de travailler à cause de maux de dos et je n’ai même pas 40 ans. Je ne sais pas comment je vais faire pour tenir jusqu’à la retraitePour la prochaine manifestation, j’hésite entre ma tenue de soignante ou ma tenue de patiente, parce que dans ces conditions, à 64 ans, je serai en très mauvaise santé. Ce sera moi la patiente5.”

    Le travail d’infirmière étant passé en catégorie A  il y a quelques années6, il est désormais placé au même niveau que celui de cadres qui ne quittent jamais leur bureau.

    Et pourtant !

    On ne parle pas du tout de la même charge de travail, tant physique qu’émotionnelle.

    Vous vous imaginez, vous, porter des personnes qui font plusieurs fois votre poids alors que vous avez plus de soixante ans et des années de métier dans les pattes ?

    Et encore, il ne s’agit là que des infirmières, des aides-soignants... Mais de nombreux corps de métier à forte “pénibilité” risquent d’être touchés.

    Et du côté des médecins ? 

    Du côté des médecins, la réforme risque d’avoir un peu moins de conséquences.

    En effet, déjà maintenant, l’âge moyen du départ à la retraite tourne autour des 66 ans.

    Cela est notamment dû à la durée très longue des études en médecine.

    Regardez plutôt les chiffres du Quotidien du médecin, qui a dressé le profil type d’un médecin libéral retraité7 : 

    Retraites  -  "On achève bien les soignants"

     

    Même chez les praticiens hospitaliers (PH) et les professeurs des universités (PU-PH), les départs à la retraite se font généralement autour des 65,8 ans et 66,7 ans respectivement8.

    Autant dire que pour eux, la réforme ne va pas aggraver leur situation actuelle.

    En revanche, une autre mesure de la réforme risque de créer du remous chez les médecins du travail… 

    … et vu la pénurie chez ces derniers, cela concerne aussi les médecins traitants qui prendront le relais.


    En effet, pour pallier un âge de retraite plus avancé et mieux prendre en compte la pénibilité du travail, “le gouvernement promet de rendre obligatoire la visite médicale à partir de 61 ans9.

    Autrement dit, ce serait au médecin du travail qu’incomberait la dure tâche de décider si telle ou telle personne est encore apte, ou non, au travail.

    Une décision impossible à faire selon le docteur Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la santé au travail

    Là, on se transforme en “usurologue”, c'est-à-dire qu'on nous demande de trier des gens
    Imaginez que vous ayez en face de vous une personne qui, à 61 ans, est usée par le travail. 
    Comment  pourrez-vous donner un avis défavorable pour qu'elle reste en poste" ? 
    Car ne pas donner un avis favorable veut dire que vous estimez tout à fait légitime qu'un homme de 61 ans, avec une carrière dure et peut-être usé, doive continuer. 
    On fera effectivement reposer sur nos épaules des décisions qui ont été prises à notre insu10."

    Et effectivement, on peut se le demander : 

    En instrumentalisant ainsi des médecins du travail, le gouvernement ne serait-il pas en train de se débarrasser de cette responsabilité ?

    Cette réforme sera un lourd tribut à payer pour le monde de la santé, déjà épuisé.

     

    Sources : 


    [1] https://www.lesechos.fr/economie-france/social/retraites-les-points-clefs-de-la-nouvelle-reforme-1888859
    [2] https://www.actusoins.com/371170/reforme-des-retraites-nous-sommes-usees-par-notre-metier.html
    [3] https://www.lefigaro.fr/social/la-reforme-des-retraites-inquiete-un-hopital-deja-a-bout-de-souffle-20230117
    [4] https://www.lefigaro.fr/social/la-reforme-des-retraites-inquiete-un-hopital-deja-a-bout-de-souffle-20230117
    [5] https://www.revolutionpermanente.fr/A-64-ans-c-est-moi-qui-aurai-besoin-d-une-infirmiere-Lucie-infirmiere
    [6] https://www.actusoins.com/371170/reforme-des-retraites-nous-sommes-usees-par-notre-metier.html
    [7] https://www.lequotidiendumedecin.fr/liberal/retraites/retraite-des-medecins-liberaux-tout-comprendre-en-une-infographie#:~:text=L'%C3%A2ge%20moyen%20de%20prise,66%2C34%20ans%20en%202022.
    [8] https://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/reforme_des_retraites_les_medecins_plutot_bien_lotis__195682/document_actu_pro.phtml
    [9] https://www.europe1.fr/societe/penibilite-retraite-anticipee-ce-diagnostic-que-pourrait-faire-les-medecins-du-travail-4162984
    [10] https://www.europe1.fr/societe/penibilite-retraite-anticipee-ce-diagnostic-que-pourrait-faire-les-medecins-du-travail-4162984

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  • Hôpital public - Le cri d'alarme des syndicats hospitaliers

     

    N.B. L’été dernier, déjà, les syndicats hospitaliers (Action Praticiens Hôpital, Avenir Hospitalier, Confédération des Praticiens des Hôpitaux) alertaient sur l’exode massif des praticiens hospitaliers vers un autre mode d’exercice, entraînant, de facto, la disparition de l’offre de soins non programmés, ouverts à tous, et à terme, l’existence même de l’hôpital public au sein du système de santé…

    Il nous a paru indispensable de redonner un écho à leur message.

     

    « 75 % DES MEDECINS HOSPITALIERS RISQUENT DE QUITTER L’HOPITAL PUBLIC DANS LES 5 ANS… …

    PARCE QUE PERSONNE NE PREND SOIN DES MEDECINS HOSPITALIERS.

    MISSION-FLASH : UN NOUVEAU RATAGE GOUVERNEMENTAL (PREVISIBLE !

     

    Le vendredi 1er juillet, Action Praticiens Hôpital dévoilait à la presse les résultats complets de l’enquête « Nuits Blanches » sur la permanence médicale des soins à l’hôpital public : 75 % des praticiens hospitaliers risquent de quitter Sujet l’hôpital public dans les 5 ans à cause de la permanence des soins.

    En parallèle, le rapport de la mission-flash sur les urgences était remis à la Première Ministre. Un rapport sans doute amoindri à la demande de la Première Ministre, puisque seules 41 des multiples propositions [CP1] [WA2] envisagées par la mission ont pu figurer dans le rapport.

    L’exode des praticiens hospitaliers vers d’autres modes d’exercice est connu : 30 % de postes de praticiens hospitaliers vacants (plus de 40 % dans les spécialités à forte contrainte en permanence des soins), et 10 % des postes « occupés » ne le sont pas : ils appartiennent à des praticiens partis en disponibilité… le plus souvent pour un autre mode d’exercice. Pourtant, sans médecin, pas d’hôpital.

    Le Président de la République a décidé de lancer une mission-flash alors que tant de propositions sont déjà sur son bureau. Il la centre sur les urgences quand c’est tout l’hôpital public qui est en grande souffrance, et tout le système de santé qui est à réorganiser. Il la prévoit sur l’été quand c’est une vision à long terme dont la santé a besoin, quand c’est de confiance dans leur avenir que les professionnels de santé ont besoin. Ne soyons pas étonnés que cette « mission flash » rate sa cible et soit mise en échec.

    « En même temps », l’enquête « Nuits Blanches » dénonce la contrainte devenue insupportable de la permanence des soins à l’hôpital public, au point qu’elle fait fuir les praticiens qui ont pourtant choisi de servir un idéal de service public. Près de 85 % des « jeunes » (de 30 à 45 ans) envisagent sérieusement de quitter l’hôpital public dans les cinq ans ; leurs aînés leur emboîtent désormais le pas. Ce sont les oubliés du Ségur. Ceux à qui on a refusé une évolution salariale, réservée aux futurs PH et aux PH en fin de carrière. Ceux à qui on a refusé de prendre des mesures pour adoucir la permanence des soins : reconnaissance de la 5ème demi-journée, juste décompte du temps de travail (le Conseil d’Etat a rappelé il y a quelques jours, dans le cadre du recours APH, que c’était une obligation des établissements), reconnaissance de la pénibilité, et valorisation financière des gardes et des astreintes. C’est pour les défendre qu’Action Praticiens Hôpital a refusé de signer les traîtres accords du Ségur.

    Si rien ne change, nous allons nous installer dans une crise de santé publique majeure. L’offre de soins non programmés et ouverts à tous, à toutes les pathologies y compris les plus complexes et coûteuses, est en train de disparaître, faute de moyens humains. Il va y avoir, il y a certainement des morts évitables, des hospitalisations inutilement prolongées par un retard initial de prise en charge.

    Les solutions existent, et il devient urgent de les appliquer. Elles nécessitent un courage politique pour mettre de l’argent public dans la santé. Les professionnels de santé de l'hôpital public ont été sacrifiés sur l'autel du « quoi qu’il en coûte », qui a effondré les finances publiques tout en laissant s'écrouler l'hôpital ! (Les Français préfèreraient sans doute que leurs impôts aillent vers les services publics plutôt que vers d’inutiles audits privés aux coûts exorbitants…). Elles nécessitent que l’on prenne enfin soin des praticiens hospitaliers.

    Action Praticiens Hôpital demandent des mesures d’attractivité et de fidélisation des praticiens hospitaliers :

    Immédiates (un arrêté ministériel peut être pris en quelques heures) :

    • La bonification de 4 ans d’ancienneté à tous les PH oubliés du Ségur, afin d’obtenir une seule et même grille d’ancienneté pour le corps des praticiens hospitaliers.
    • La majoration substantielle de la valorisation de la permanence des soins (plafond de l’astreinte à 400 euros bruts, indemnité de sujétion de garde à 600 euros bruts) –  

    A moyen terme :

    • Réelle démocratisation de la gouvernance hospitalière, du service jusqu’à la commission médicale de groupement hospitalier de territoire.  
    • Ouverture du chantier de la permanence des soins, du temps de travail, de la pénibilité.  

    ·         Et enfin, une vision à long terme, condition indispensable pour redonner de la confiance aux professionnels de santé : définition de la place de l’hôpital public dans le système de santé, ouverture de chantiers pour mettre en œuvre les missions définies. 

     

    Si aucune mesure immédiate n’est prise pour les praticiens hospitaliers, il est très probable que l’hôpital fasse sa rentrée des classes dans la rue. Faut-il en arriver là ? » 

     

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  • par le Docteur Antoine Demonceaux

    * Antoine Demonceaux ne cautionne que les contenus éditoriaux dont il est spécifiquement le signataire. Tous les autres contenus diffusés, qu’ils soient de nature commerciale ou éditoriale, ne sauraient engager sa responsabilité.

    Sauvons la médecine générale

     

     

    Nous y sommes : les médecins libéraux font grève.

    Après deux épisodes silencieux pendant lesquels ils ont manifesté en portant des brassards et en affichant leurs revendications dans les salles d’attente, voilà qu’ils ferment leurs cabinets médicaux. 

    Débordés de travail, usés par une administration tentaculaire, dévalorisés dans leur pratique, beaucoup d’entre eux sont même prêts à rendre leur blouse.

    Comment en sommes-nous arrivés là ?

    Voici quelques éléments de réponse et des idées de sortie de crise.

    De la déception chez les médecins

    Pour la plupart des médecins, ce métier est une vocation. Pourtant, la réalité du terrain les fait rapidement déchanter. 

    Alors que leurs longues études les préparent à prendre en charge des maladies qui nécessitent une grande expertise (comme le diabète, l’hypertension, les suites d’infarctus ou les cancers), leur pratique quotidienne est beaucoup plus terne. Elle se résume souvent à des certificats à la chaîne, de l’aiguillage de malades et de la « bobologie » en série. 

    Côté médecin comme côté patient, on a le sentiment que la qualité des consultations se dégrade faute de temps, avec pour conséquence une détérioration à grande vitesse de notre système de santé.

    Les médecins généralistes garantissent l’équilibre de tout le système de santé 

    Notre système de santé repose en grande partie sur ces troupes en première ligne que sont les médecins généralistes. Mais de nombreux patients, ne trouvant pas de médecins traitants, se tournent directement vers les urgences, contribuant un peu plus à leur encombrement. 

    En plus de cela, la suppression des lits hospitaliers fait que les malades sont renvoyés chez eux alors qu’ils devraient rester hospitalisés. Ces malades, les médecins généralistes pourraient tout à fait les prendre en charge, ils en ont la compétence. Le problème est qu’ils manquent de temps. Dans ma pratique, j’ai pu prendre en charge des patients sous oxygène, nécessitant des soins postopératoires non vitaux ou en soins de support cancérologiques. Aujourd’hui, la saturation des cabinets médicaux rend ce service de santé de plus en plus difficile.

    Beaucoup de médecins décident alors de changer de registre. Ils abandonnent la médecine de famille pour se tourner vers des disciplines plus attrayantes comme la médecine esthétique ou la nutrithérapie. Ces pratiques, plus intéressantes et/ou plus rémunératrices attirent de plus en plus ces professionnels de santé. Cela représente d’autant moins de praticiens en médecine générale.

    Plus de temps pour l’humain

    La vocation du médecin généraliste n’est pas seulement la science ou la haute technicité, intellectuellement passionnants, c’est avant tout l’humain. Le médecin a pris l’option de le soigner pour l’aider à préserver ou retrouver une bonne santé.

    Malheureusement, les longues études médicales ne laissent que peu de place à la connaissance humaine. C’est ce que j’ai pu constater avec mes nombreux stagiaires en fin d’études. Ils étaient en effet très étonnés du temps passé à l’écoute de souffrances tant physiques qu’émotionnelles. 

    La majorité des médecins ont toujours cette passion de l’humain mais, hélas, de moins en moins de temps à y consacrer. Et les patients ne s’y retrouvent plus, ne trouvant pas l’interlocuteur qu’ils aimeraient avoir pour parler d’eux.

    Trop de pressions

    De nombreuses études sur l’épuisement des médecins généralistes le montrent, ils sont soumis à des pressions parfois insupportables :

    • Pressions des patients toujours plus exigeants, peut-être parce que l’on n’a pas toujours le temps de les écouter. D’ailleurs, la relation malade-médecin entre comme deuxième critère d’épuisement cité par les médecins eux-mêmes. Un comble lorsque l’on sait leur passion pour ce métier.
    • Pression des laboratoires pharmaceutiques qui vantent à longueur de revues médicales et de visite au cabinet la suprématie de leurs molécules.
    • Pression aussi de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) qui manie la carotte et le bâton. Carotte sous forme de rémunération aux bons élèves qui prescrivent les « bons » médicaments. Bâton si vous avez une patientèle vieillissante ou socialement défavorisée qui peut parfois faire déraper un peu les prescriptions. Dans le cadre de l’île de la Réunion, la caisse d’assurance maladie a demandé aux médecins de passer la consultation à 10 minutes pour pallier le manque de professionnels de santé1. Pour rappel, en France, la moyenne de durée de consultation est de 16 minuteset une récente étude montrait qu’après 3 minutes, le médecin n’écoute plus son patient pour se concentrer sur sa pratique médicale.

    Le médecin de famille est devenu un aiguilleur de malades

    Je vous le disais, le médecin généraliste est formé pour prendre en charge toutes les pathologies médicales. Cela ne suppose pas qu’il sait tout, mais il en connaît suffisamment pour gérer les pathologies aiguës et chroniques. Le problème, c’est que par manque de temps, il se trouve dans l’obligation de déléguer à ses pairs spécialistes qui ne le considèrent pas toujours comme un égal. Si certains examens médicaux ou gestes spécialisés réclament sans contexte l’intervention d’un spécialiste, la prise en charge des maladies chroniques reste de la compétence du médecin généraliste. Il a pour cela besoin de temps. En ce sens, la demande de rémunération des actes médicaux complexes à 50€ me semble parfaitement justifiée.

    De la « bobologie » à la chaîne

    Pourquoi faire autant d’études difficiles pour ne soigner que des rhumes ? Le médecin devrait avoir à soigner essentiellement des problématiques qui lui incombent : des pathologies chroniques et celles qui sont aiguës et graves nécessitant un diagnostic médical élaboré. 

    L’épuisement total des troupes est proche et beaucoup quittent le navire, aggravant davantage la situation. Les décideurs médicaux sont trop fiers pour ne rien vouloir lâcher. Il suffit de voir combien il a été difficile de déléguer aux pharmaciens les vaccinations. Il a fallu le covid19 pour accélérer le système. La consultation de premier recours en pharmacie est sans doute pour bientôt. 

    Il n’y a plus de temps à perdre !

    Le bateau coule. Aujourd’hui, seuls 10 % des médecins formés acceptent de s’installer en libéral tant les conditions de travail se sont dégradées. 

    Le temps manque pour réaliser des consultations de qualité. La nouvelle mode, dictée par un prix de consultation ridicule, propose le fonctionnement suivant « un problème, une consultation ». La prise en charge globale du patient, somatique, psychique et environnementale est condamnée. 

    Nous pouvons faire le constat que la qualité de prise en charge du patient en France, longtemps vantée, est en train de se dégrader très rapidement. D’ailleurs la sur-prescription des médicaments (antibiotiques, anti-inflammatoires, psychotropes) remonte en flèche et les examens complémentaires biologiques et radiologiques sont au plus haut. 

    La longueur de la consultation ne fait certes pas tout. La capacité d’écoute et d’empathie est un des principaux points pour renouer le dialogue entre patient et médecin. Cela nécessite du temps.

    Quelques propositions à défaut de solutions

    Face à l’accumulation des contraintes administratives, le médecin de famille devrait avoir les moyens d’embaucher des collaborateurs.trices pour l’aider dans ces tâches toujours plus tentaculaires et chronophages. Là encore, le passage à une consultation à 50€ est justifié.

    Face à l’excès de « bobologie », pourquoi ne rien vouloir lâcher aux professionnels de santé non-médecins : pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmières ou puéricultrices ? Ils pourraient prendre en charge une multitude de problématiques courantes et ainsi soulager le corps médical. 

    Il faudrait pour cela, que les patients acceptent…

    Un kinésithérapeute formé pourrait par exemple prendre en charge une lombalgie aiguë y compris dans la prescription d’examens complémentaires, et une infirmière puéricultrice les pathologies bénignes de l’enfant.

    Sur le plan de la gestion des émotions des patients, là encore, il faut des changements. Le temps consacré durant les études médicales à la connaissance de la psychologie est aujourd’hui très insuffisant. Ce manque met souvent en difficulté les médecins dans la prise en charge des problèmes émotionnels. Il est indispensable que ces connaissances soient renforcées et que les psychologues prennent une place plus importante dans le système de soin.

    Sauvons la médecine générale !

    Ce métier de médecin de famille, que j’ai pratiqué pendant près de 40 ans, peut disparaître si rien n’est fait pour le revaloriser et le réorganiser. 

    Malheureusement, le débat aujourd’hui se concentre beaucoup trop sur la question du coût de la santé au détriment de la qualité des soins. Des techniciens ministériels ont cru bon rationner le nombre de médecins en instaurant un « numerus clausus » au plus bas, partant du principe que moins de médecins coûterait moins cher à la société. Ils ont simplement oublié que la population vieillit, y compris chez les médecins dont nombre partent en retraite… 

    Le choix que j’avais fait d’être en secteur d’honoraires libres, tout en respectant les possibilités financières de chacun, m’a permis de pratiquer une médecine où la prise en charge médicale pouvait s’allier à l’écoute du patient. Je suis certain que mes jeunes confrères rêvent de cette médecine. Le coût augmenté de la consultation sera largement compensé par une meilleure prise en charge de la population.

    Les médecins généralistes ne demandent qu’à obtenir les moyens de pratiquer leur art, aidons-les en ce sens.

    Prenez bien soin de vous, 

    Dr. Antoine Demonceaux

     

    * Antoine Demonceaux exerce la médecine depuis 35 ans en cabinet libéral, et ponctuellement à l'hôpital et en EPHAD. L’homéopathie l’a toujours accompagné dans sa pratique, mais il est également psychothérapeute et psychanalyste.  

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  •  Alzheimer : l'étude frauduleuse

    Par Clémence Poncet

    * Toutes les sources de cet article sont en bas de la page.

    Alzheimer en chiffres, c’est environ 1 million de personnes touchées en France. Il s’agit donc de 8% des Français de plus de 65 ans qui seraient atteints en 2020. Par ailleurs, on estime que 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France. En outre, plus de 46 millions de personnes seraient atteintes par une maladie neuro-évolutive (Alzheimer et maladies apparentées) dans le monde en 2015 . (World Alzheimer Report 2015)

    On parle ici de l’une des études phares sur la “cause” de la maladie d’Alzheimer, la fameuse "cascade amyloïde" à la base des médicaments contre l’Alzheimer.

    De récentes investigations semblent montrer que cette étude serait frauduleuse.[1C’est le neuroscientifique Matthew Schrag de l'Université Vanderbilt qui a sonné l’alarme le premier. Il trouvait suspectes certaines images utilisées dans les travaux de 2006 et dans d’autres articles publiés depuis concernant la maladie qui frappe des millions de personnes dans le monde et pour laquelle il n’existe aucun traitement efficace à ce jour. 

    Et malheureusement, c’est une étude qui a guidé la recherche sur Alzheimer pendant les 15 dernières années ! Ce sont donc 15 années de recherche remises en question.

    Si vous lisez cette étude dans la prestigieuse revue scientifique Nature, vous verrez cet avertissement : 

    Alzheimer : l'étude frauduleuse

    Traduction : Les éditeurs de NATURE ont été alertés de doutes concernant certaines figures dans cet article [...] il est conseillé aux lecteurs de faire preuve de prudence quand ils utilisent les résultats rapportés ici 

    Et il est très rare d’afficher ce genre d’avertissement dans un journal scientifique ! 

    Si les éditeurs de la revue Nature sont si prudents, c’est pour une bonne raison : 

    Le principal auteur de l’étude, Sylvain Lesné (Université du Minnesota), est soupçonné d'avoir manipulé des images d'échantillons en 2006. 

    C’est catastrophique, car ces recherches ont été reprises dans 2269 autres travaux scientifiques !

    Collectivement, tous ces travaux ont instauré l’hypothèse dite de la « cascade amyloïde » comme étant la cause de la maladie d’Alzheimer.

    Ansgar Felbecker, médecin-chef à l'hôpital de Saint-Gall, en Suisse, mène lui-même des recherches sur la maladie d'Alzheimer. Il explique le problème :

    «Si les résultats sont vraiment falsifiés, la question qui se pose maintenant est de savoir si les protéines amyloïdes provoquent la maladie d'Alzheimer ou si elles ne sont qu'un sous-produit inoffensif».

    Autrement dit, ce qu'on pensait être la cause d’Alzheimer pourrait être plutôt une conséquence de la maladie !

    Mais des millions d’euros de fonds de recherche ont déjà été dépensés (et sont encore investis) dans la recherche sur la « cascade amyloïde » !

    Big Pharma a investi des sommes faramineuses dans cette       «cascade amyloïde».

    Et Big Pharma n’aime pas perdre de l’argent !

    Alors ils font pression pour vendre quand même leurs médicaments fondés sur cette théorie qui serait fausse.

    Alzheimer : l'étude frauduleuse C'est le cas pour l'Aduhelm, 

     un anticorps qui détruit les plaques d'amyloïdes.

     

    L’agence américaine délivrant les autorisations de mise sur le marché des médicaments (la FDA), a ainsi approuvé l’Aduhelm en juillet 2021.

    Il s’agit du premier médicament autorisé contre la maladie d’Alzheimer depuis l’EBIXA/Mémantine en 2003. 

    Mais Aduhelm serait surtout le premier traitement au monde dit "disease modifier" ! 

    C’est-à-dire qu’il serait capable de ralentir la progression de la maladie, et pas seulement de traiter les symptômes.

    Pour les malades et leur proches, c’est un immense espoir.

     Donc je vous laisse imaginer le succès qu’aura ce médicament et les gains que l’Adhuhelm rapportera au laboratoire Biogen.

    Rien qu'aux États-Unis, environ 1,5 million de patients pourraient être traités avec Aduhelm.

    Biogen estime gagner plusieurs milliards de dollars chaque année grâce à ce nouveau médicament.

    Mais il y a un problème.

    L'approbation de ce nouveau médicament miraculeux pose beaucoup de questions…

     « Le médicament a été approuvé malgré l'avis négatif du comité scientifique de la FDA. À mon avis, il a été propulsé malgré tout, car il y a une pression énorme pour trouver une réponse à la maladie d'Alzheimer, et pas parce que les résultats qu'il a montrés étaient robustes sur le plan scientifique. »

    Ce sont les mots du professeur Bryce Vissel dans son interview avec la revue d'actualité scientifique « Sciences et Avenir

    Bryce Vissel est professeur en neurosciences à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud et directeur du Centre de neurosciences et de médecine régénérative du St Vincent's Hospital de Sydney. 

    Et ce qu’il dit est vrai, TOUS les membres du comité d’expert de la FDA ont voté contre l’approbation de l’Aduhelm - sauf un qui s’est abstenu de voter.

    Et ces experts ont voté contre pour une excellente raison : les données cliniques ne démontrent pas de bénéfice pour les patients !

    Quand ils ont découvert la décision finale de la FDA, ils ont décidé de révéler ce scandale.

    À ce jour, trois des membres de ce comité ont déjà démissionné en signe de protestation.

    Le Dr. Aaron Kesselheim (en photo ci-dessous) a rejoint les neurologues David Knopman de la Mayo Clinic dans le Minnesota et Joel Perlmutter de l'Université de Washington à St. Louis, qui ont démissionné pour protester contre l’approbation de l’Aduhelm.

     Alzheimer : l'étude frauduleuse

    Dans sa lettre de démission, Aaron Kesselheim qualifie cette approbation comme « la pire approbation de médicament de l’histoire récente aux États-Unis. »

    Il ne mâche pas ses mots dans ce message Tweeter : 

    Alzheimer : l'étude frauduleuse

    Traduction : "L'approbation accélérée n'est pas censée être le plan de secours que vous utilisez lorsque vos données d'essais cliniques ne sont pas assez bonnes pour une approbation régulière"

    En réalité, ce nouveau médicament "miraculeux" ne fonctionne pas… 

    C’est ce qu’ont démontré les essais cliniques réglementaires conduits par Biogen ! Ce médicament n’a démontré aucun effet bénéfique sur la majorité des patients Alzheimer ![2

    Près de 35% des patients ayant reçu l’Aduhlem ont présenté des microhémorragies cérébrales et des œdèmes cérébraux. [3

    Pourtant, ce traitement coûterait 56 000$ par an et par patient.

    Oui vous avez bien lu, Big Pharma va gagner énormément d’argent sur le dos des patients et du système de santé…

    Heureusement, peu de médecins prescrivent l’Aduhelm, car ils ont des doutes sur l’efficacité de ce traitement.

    Mais le laboratoire Biogen n’a pas dit son dernier mot.

    Et bien que cela soit incroyable, Biogen vient d'annoncer vouloir déposer d’ici fin mars 2023 une demande d’autorisation de mise sur le marché pour le Lecanemab, un autre anticorps expérimental anti-amyloïde (et oui encore un médicament anti-amyloïde…).

    Mais vous pensez bien que Biogen n’est pas la seule société pharmaceutique  à vouloir faire des profits sur le dos des malades…

    Eli Lilly & Co et Roche, deux autres géants de l'industrie pharmaceutique, développent eux aussi des anticorps anti-amyloïdes. 

    Ces 3 laboratoires sont dans les starting-blocks pour obtenir l’autorisation qui leur rapportera des milliards d’euros…

    Vous avez bien lu, Big Pharma investit encore des milliards d’euros dans le développement de médicaments basés sur le mécanisme de la cascade amyloïde, l’une des plus importantes théories actuellement remises en cause dans le monde scientifique...

    Car, ces médicaments anti-Alzheimer ne sont pas seulement inefficaces. Ces médicaments sont aussi toxiques !

    C’est ce que souligne le Dr Alberto Espay, professeur en neurosciences à l’université de Cincinnati et expert de la maladie d’Alzheimer.

    Le Dr Alberto Espay a analysé tous les essais cliniques réalisés à ce jour.

    Et il s’est rendu compte que 40% des médicaments contre l’amyloïde font empirer l'état des patients.[4

    C’est tout simplement absurde !

    Mais ça nous enseigne une chose importante…

    La vigilance s'impose... Et le principe de précaution aussi.

    Mais,soyez curieux : lisez les notes référencées ci-après à partir de la 5e, quelques pistes y sont évoquées pour pallier l'absence de traitement et améliorer votre système immunitaire. Toutes ont été publiées dans des revues scientifiques comme vous pourrez aisément le constater.

    Bonne lecture.

    Sources : 

    [1] DEREK LOWE Faked Beta-Amyloid Data. What Does It Mean? July 2022

    [2 ] David S Knopman, David T Jones, Michael D Greicius. Failure to demonstrate efficacy of aducanumab: An analysis of the EMERGE and ENGAGE trials as reported by Biogen, December 2019. Alzheimers Dement. 2021 Apr;17(4):696-701. Epub 2020 Nov 1.

    [3] Stephen Salloway,et al. Amyloid-Related Imaging Abnormalities in 2 Phase 3 Studies Evaluating Aducanumab in Patients With Early Alzheimer Disease. JAMA Neurol. 2022 Jan 1;79(1):13-21.

    [4] Alberto J. Espay;Andrea Sturchio;Lon S. Schneider;Kariem Ezzat; (2021). Soluble Amyloid-β Consumption in Alzheimer’s Disease . Journal of Alzheimer's Disease.

    [5Edward Reynolds. Vitamin B12, folic acid, and the nervous system, Lancet Neurol. 2006 Nov;5(11):949-60.

    [6Anna Andrea Lauer, et al. Mechanistic Link between Vitamin B12 and Alzheimer's Disease, Biomolecules. 2022 Jan 14;12(1):129.

    [7F Araya-Quintanilla,et al. Effectiveness of omega-3 fatty acid supplementation in patients with Alzheimer disease: A systematic review and meta-analysis. Neurologia (Engl Ed). 2020 Mar;35(2):105-114. Epub 2017 Oct 4.

    [8Luciano Piubelli, et al. The Role of D-Amino Acids in Alzheimer's Disease. J Alzheimers Dis. 2021;80(2):475-492.

    [9Mori, K. et al. Effets d'Hericium erinaceus sur les déficits d'apprentissage et de mémoire induits par le peptide amyloïde bêta (25–35) chez la souris. Biomed Res, (2011) 32 (1), 67–72.

    [10Jonathon L Reay, Andrew B Scholey, David O Kennedy Panax ginseng (G115) improves aspects of working memory performance and subjective ratings of calmness in healthy young adults, Hum Psychopharmacol. 2010 Aug;25(6):462-71.

    [11] Hyeon-Joong Kim, et al., Panax ginseng as an adjuvant treatment for Alzheimer's disease,J Ginseng Res, 2018 Oct;42(4):401-411. doi: 10.1016/j.jgr.2017.12.008. Epub 2018 Jan 12.

    [12Amieva H1, Meillon C, Helmer C, Barberger-Gateau P, Dartigues JF. Ginkgo biloba extract and long-term cognitive decline: a 20-year follow-up population-based study. PLoS One. 2013;8(1):e52755. Epub 2013 Jan 11.

     

    [13Dale E Bredesen. Reversal of cognitive decline: a novel therapeutic program Aging (Albany NY). 2014 Sep;6(9):707-17.

     

     

     

     

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