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Par Athena85 le 11 Juillet 2024 à 18:09
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Par Athena85 le 13 Mai 2024 à 14:17
Anna W.
Il y a 50 ans (18 avril 1974), Marcel Pagnol nous quittait. Il avait 79 ans. Figure emblématique du monde littéraire et cinématographique, écrivain inspiré, dramaturge, cinéaste novateur, producteur français et académicien… il a laissé une empreinte indélébile dans la culture de notre pays et reste un auteur et un cinéaste incontournables du XXe siècle. La Provence, terre qui l'a vu s'épanouir et qui a nourri son œuvre, l'a honoré en ce triste anniversaire, mais En attendant un musée en 2026, la commune d’Allauch a été au centre des hommages à l’écrivain et cinéaste provençal pour le 50e anniversaire de son décès.
« Il n’est pas bon de paraître trop vite et d’emblée classique à ses contemporains », disait Sainte-Beuve. Cette maxime résonne étrangement avec la réception de l'œuvre de Pagnol en France. Alors qu'il est célébré outre-Atlantique, il pâtit dans son pays natal d'une grande indifférence, frôlant parfois le mépris. Nicolas Pagnol, son petit-fils, se démène avec passion pour faire redécouvrir la richesse et la profondeur de l'œuvre de son grand-père. Aux États-Unis, les films de Pagnol sont fréquemment projetés en version originale sous-titrée, prouvant l'enthousiasme d'une classe moyenne américaine cultivée pour qui Pagnol "c’est la France", affirme Nicolas.
Dans la pièce "Topaze", chef-d’œuvre du théâtre satirique bourgeois, joué plus de 1000 fois en 1928, et qui sera adapté au cinéma (avec Louis Jouvet en 1933, Fernandel en 1951 et Peter Sellers en 1961, l’instituteur naïf prend sa revanche sur les affairistes caricaturés avec brio :
« En montant à Paris, j'ai vu que les hommes d’affaires n’étaient pas plus intelligents que les instituteurs et, que ceux-ci, s’ils le voulaient, pouvaient faire de très grandes affaires. »
Marcel Pagnol naquit dans une modeste famille, petit-fils d'un tailleur de pierre analphabète, fils d'un instituteur de la République et d'une couturière. Comme son personnage, Topaze, il fut confronté tout au long de sa vie à une arrogance de classe qui perdure encore aujourd’hui. Pourtant, ses œuvres dont "Marius", et ses récits autobiographiques, qui se sont vendus à 35 millions d’exemplaires, témoignent de la profonde humanité et de l'authenticité de son récit, inscrivant ses personnages au panthéon de la littérature française, à l'égal des créations de Molière ou de Hugo. Bien qu'on puisse déceler dans son écriture de nombreuses filiations, Pagnol n'obéit à aucun courant littéraire. On y trouve plutôt une humble quête d'absolu, un « éternel humain », une littérature des grands sentiments. "Je connais mieux leur vie, disait Cocteau, que celle de mon oncle Joseph".
La mémoire de Marcel Pagnol est aujourd'hui portée par Nicolas, qui, du haut de ses 51 ans, œuvre à perpétuer l'histoire et l'impact de son grand-père. Il vit avec sa famille dans une demeure normande héritée de l'ère du succès de "Manon des Sources", témoin de cette relation singulière que Pagnol entretenait avec l'eau, élément vital pour son inspiration littéraire, toutes ses maisons étaient proches d’une source. Il en avait besoin pour écrire.
Les hommages à Marcel Pagnol s'étendent bien au-delà des collines provençales du Garlaban et atteignent les sphères les plus surprenantes comme le célèbre restaurant Chez Panisse à Berkeley, en Californie, baptisé ainsi en l’honneur de l'œuvre de Pagnol par Tom Luddy, producteur de Coppola, pour qui la trilogie, Marius, Fanny et César, sont les trois plus beaux films de l’histoire du cinéma.
Toutes les stars de Hollywood qui vont y manger savent parfaitement qui est Pagnol, comme Steven Spielberg qui a déclaré un jour : « J’ai vu la Femme du boulanger avec mon ami François Truffaut, en V.O. à New-York. Cela a été un choc. Ce film a la puissance de Capra et de John Ford réunis ! »
Cette reconnaissance américaine tranche cependant avec le traitement réservé à Pagnol en France. Il n'y a eu aucune rétrospective de ses films depuis des années, et ses œuvres sont désespérément absentes du catalogue de la Pléiade. Son retrait des programmes de l'Éducation nationale illustre la réticence d'une certaine élite culturelle à reconnaître Pagnol non seulement comme un auteur populaire, mais surtout comme une figure littéraire et cinématographique majeure.
Spécialiste de Proust et de Simenon, Bernard de Fallois fut l’éditeur de Marcel Pagnol dès 1957 : « Quand j’ai lu les manuscrits de la Gloire de mon père et du Château de ma mère, je me suis dit : Ça, c’est tout à fait autre chose, ce sont des textes qui n’ont pas d’âge et qu’on lira encore dans trois cents ans ! Au début, ça a l’air tellement simple qu’on pense que tout le monde pourrait en faire autant, mais voilà : sur 600 pages, personne n’avait osé, avant Pagnol, raconter des histoires aussi simples, ramenées aux purs sentiments humains. »
Marcel Pagnol fût un précurseur, un innovateur du cinéma, et ses dialogues, aussi imagés que percutants, ont contribué à rendre ses créations mémorables. Son style cinématographique est reconnu pour sa maîtrise narrative, alliant naturel et classicisme. Sa vision de l'industrie cinématographique et de la culture comme vecteurs d'identité nationale était également prémonitoire, comme en témoignent ses écrits d'avant-guerre.
Pour le cinéaste Yves Robert, qui lui a consacré ses deux derniers films, « Pagnol n’est jamais larmoyant, il y a toujours chez lui une émotion rieuse ; ça, c’est très rare ! »
Aujourd’hui ignoré, le cinéma de Pagnol a pourtant été célébré par les plus grands réalisateurs.« Sans la Fille du puisatier, je n’aurais pas tourné Rome ville ouverte. C’est lui qui a inventé le néoréalisme » a dit de lui Rossellini, ami de Pagnol (qui fut le premier cinéaste à tourner dans des décors naturels).
« C’est Pagnol qui a inventé le cinéma d’auteur » affirmait Truffaut.
« Son écriture cinématographique est superbe, il va directement au classicisme, comme Chaplin », assurait de son côté Jean-Charles Tacchella.
Quant à Jean-Luc Godard, il aimait à rappeler que « c’est un cinéaste, pas un historien, Marcel Pagnol, qui a découvert le secret du Masque de fer… »
Alors, pourquoi tant de mépris ? « Mon grand-père était un pur produit de la IIIe République, a déclaré Nicolas Pagnol. Il croyait en l’idée de progrès et voulait rendre le peuple plus cultivé. Alors que, depuis 1933, il était à la tête d’une société de production qui employait 500 salariés, à Marseille, il a soutenu le Front populaire et les congés payés. Malgré cela, nos nouveaux inquisiteurs de la bien-pensance ont évidemment tenté d’en faire un pétainiste. Ce qui est absurde, vu qu’il fut le seul cinéaste français resté en France à n’avoir pas collaboré avec les nazis. La Fille du puisatier, film tourné en 1940 pendant la débâcle, et où la défaite est présentée comme une catastrophe, fut censuré par les Allemands en zone occupée. En 1942, il a détruit à la hache son film Prière aux étoiles qui lui a coûté 6 millions de francs et cinq mois de travail, et il vendit, dans la foulée, ses studios à Gaumont pour ne pas avoir à collaborer. »
Pagnol était un esprit libre et entendait le rester. Dans une lettre d’avant-guerre, il écrivait : « Moi, j’ai eu la chance de pouvoir faire du cinéma à une époque où la nation n’appartenait pas encore à l’Etat. »
Avant-guerre, il n’y avait pas de censure cinématographique en France, on pouvait filmer n’importe où, n’importe quand, sans autorisation administrative, douze heures par jour. L’équipe de Pagnol était constituée d’une bande de copains, tout le monde mettait la main à la pâte, lui écrivait ses dialogues la veille (au grand dam de Fernandel, qui voulait prendre le temps d’apprendre son texte) et tournait le lendemain en laissant ses acteurs libres de jouer comme ils le voulaient, comme ils le sentaient : « Nous vivions ensemble un peu comme une communauté. Jamais personne n’a cru avoir du génie, ni les acteurs, ni moi, ni les machinistes. On a fait ça pour s’amuser et pour amuser les autres. »
C’est ainsi que Regain et le Schpountz furent tournés en même temps (en 1937) avec les mêmes acteurs. Une troupe soudée, à l’identique d’un film à l’autre, pendant plus de vingt-cinq ans, avec les mêmes techniciens et les mêmes comédiens : un phénomène unique dans l’histoire du cinéma.
Dans France-Soir du 29 juin 1946, Pagnol adresse au ministre de l’Information, une lettre prémonitoire qui en fait, rétrospectivement, le vrai pionnier de « l’exception culturelle française ». « Après avoir été envahi par le Allemandes pendant quatre ans n’est pas très grave en soi, Paris l’a été 15 fois dans son histoire, écrit-il, sans que cela ne laisse de traces, mais perdre son identité culturelle, ça, c’est tragique. …/… En abandonnant nos écrans aux films américains, vous perdrez la France…/… Dans dix ans, les idoles de notre peuple seront les vedettes de Hollywood. Greta Garbo et Lauren Bacall imposeront au public les chapeaux, les robes et les bijoux de New-York. Quant au jeune Gérard Philipe, il devra céder la place à ces beaux mastiqueurs de chewing-gum, qui distribuent avec tant d’aisance de si surprenantes torgnoles. Alors, nos enfants penseront américain, ils s’habilleront à l’américaine… »
Pourquoi faut-il revoir les films de Pagnol ?
Comme le disait un critique cinématographique : « Parce que ce sont des opéras a capella : Marius, c’est de la musique ; son monde est encore plus vrai que le nôtre. Il y a toujours chez lui une ironie fine et tendre, fondée sur une connaissance intime de nos petites vanités. »
Cependant, ce qui distingue le plus son univers du nôtre, c’est que l’individu n’est jamais hors-sol, mais toujours enraciné, imbriqué et relié aux autres par le langage. Ainsi, dans la Femme du boulanger, le village fait corps autour de Raimu qui incarne pourtant la figure de l’étranger et du nouveau venu pas encore intégré : on l’écoute, on le réconforte, on surmonte ses propres divisions en allant à la recherche de sa femme dans les marais, le curé perché sur les épaules de l’instituteur… Tout cela afin que le boulanger fasse à nouveau du bon pain.
« Dans Manon des sources qui commence comme une farce pour finir en tragédie grecque, Pagnol ressuscite la cité antique avec son agora où le peuple vient décider ce qui est bon pour lui. Il montre la responsabilité collective du village (son silence) dans le crime individuel commis par Ugolin (qui a laissé mourir d’épuisement l’étranger Jean de Florette en lui cachant l’existence d’une source sur ses terres). Après le suicide d’Ugolin, les habitants s’en iront expier leur faut faute en faisant des offrandes à Manon qui vit seule dans une grotte.
Par-delà la société primitive condamnée au rituel du bouc émissaire, Pagnol fait donc miroiter dans ses films la possibilité d’une société adulte capable de se renouveler par le pardon et l’amour. Pagnol serait-il un grand auteur chrétien méconnu ? »
L'œuvre de Pagnol est un trésor culturel français. Une œuvre qui transcende le régionalisme pour toucher à l'universel. Remémorer et célébrer cet héritage afin de redécouvrir la richesse et la modernité de son cinéma, de ses textes et de continuer à partager cette œuvre, est nécessaire. Il s’agit de rendre hommage à ce grand auteur populaire du XXe siècle, « qui fit de sa vie une œuvre et de son œuvre un projet de vie » comme l’a si bien dit Fabien Béziat dans son documentaire intitulé « Les trésors de Marcel Pagnol » visible sur la cinémathèque de Canal +.
En ce qui me concerne, j’ai pour lui, l’écrivain, le réalisateur, une tendresse particulière : ses textes ont bercé mon enfance de poésie, d’humanité, de bienveillance et de gaité ; ses films ont été parmi mes premières expériences cinématographiques. Le tout dans un style bien à lui, qui est celui de tout le monde, contemporain de tous les âges Des expériences inoubliables…
https://www.marcel-pagnol.com/
Les Editions des Saints-Pères viennent de publier les manuscrits originaux calligraphiés à la main des Souvenirs d’enfance.
Magnifiquement restaurés, dans les mêmes studios où ils ont été tournés, les films de Marcel Pagnol sont édités par la Compagnie Méditerranéenne du Film : 20 € le DVD.
Des livres réédités : https://www.marcel-pagnol.com/produits/livre/
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Par Athena85 le 28 Décembre 2023 à 15:19
Par Nicolas Faure
Patrick Buisson est mort ce mardi 26 décembre 2023. Cette figure majeure de la vie politique française récente était fascinante à plus d’un égard. En 2017, François Bousquet publiait La Droite buissonnière. En hommage à Patrick Buisson, nous republions ci-dessous un texte de
François Bousquet le répète à l’envi : Patrick Buisson est avant tout un combattant des idées. « Il veut que ses idées pèsent », écrit-il (p.45). En bon gramscien, Buisson a parfaitement conscience que « les mythes religieux et politiques sont le cœur battant de l’histoire, pas l’économie. » La droite contemporaine passée au scalpel, tel est le contenu du livre.
Il a beau orner la couverture de l’ouvrage, Patrick Buisson est presque un prétexte pour François Bousquet. Car, au travers de l’étude minutieuse et instructive de la vie de cet homme mystérieux, c’est bien la droite moderne qui est le sujet de cet ouvrage.
La Droite buissonnière de François Bousquet n’est pas le premier ouvrage rédigé avec ce titre puisque, en 1960, Pol Vandromme publiait un ouvrage portant ce nom. Le patronage est de qualité mais le défi est relevé avec classe par Bousquet.Un bel exercice de style.
Cet ouvrage dévoile toute la richesse stylistique de son auteur. La qualité littéraire est l’une des premières impressions qui se dégagent à la lecture de ce livre. Le style de Bousquet est complexe mais limpide et efficace.
385 pages consacrées entièrement à Patrick Buisson pourraient effrayer. Bousquet réussit pourtant sans aucun problème à éviter toute platitude ou lenteur rebutante.
Et il délivre quelques « punchlines » mémorables :« 68 consacre l’américanisation de la France, qui découvre avec délice une nouvelle façon de gouverner l’interdit. Sea, sex and sun : variante sucrée et californienne du rousseauisme. A l’orchestre, les Beach Boys – en attendant les Chicago Boys » (p.110).
Une biographie prétexte
Ce livre est tout autant une étude minutieuse des étapes clefs de la vie de Patrick Buisson qu’un regard sans fard porté sur les années charnières de la seconde moitié du XXe et du début du XXIe siècle.
Porté par de nombreuses références littéraires et politiques de qualité, cet ouvrage est autant une biographie de l’un des personnages les plus fascinants de notre époque qu’une étude appliquée du milieu foisonnant de la droite française moderne, de l’Algérie française à Nicolas Sarkozy, en passant par Mai 68.
Des thèmes vus et revus qui sont pourtant éclairés d’une lumière nouvelle. On revit ces événements à travers un double prisme :– d’une part, ces moments sont analysés en tant qu’épisodes de la vie de Patrick Buisson, ce qui leur donne une saveur nouvelle ; par exemple, on découvre, en 1968, la lutte entre le jeune étudiant Buisson, déjà très à droite, et un certain Daniel Cohn-Bendit !
– d’autre part, c’est bien François Bousquet qui exprime son – précieux – ressenti sur la droite des 60 dernières années. Très informé et documenté, Bousquet délivre son analyse, toujours percutante, sans jamais s’éloigner du sujet principal : Buisson.
Un livre à lire absolument.
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Par Athena85 le 21 Juillet 2023 à 15:32
Grégory Audubert, plus connu sous le pseudonyme de Phot'eau 85, a réalisé un "time-lapse" pour l'artiste peintre Jean-Jacques Gendron, sur la création d'une huile sur toile, pendant plus de 20 heures, avec environ 5000 photos...
* un "time-lapse : traduire par "laps de temps", consiste à prendre une succession de photos d'une même scène afin de les combiner pour créer une vidéo accélérée dans laquelle les minutes, les heures et même les jours se transforment en secondes. C'est un excellent moyen de montrer des actions et des processus imperceptibles à l'échelle de temps réel.
Les œuvres de l'artiste sont exposées à la galerie Effet Mer à Noirmoutier.
Il ne vous faudra que quelques minutes pour assister à la naissance d'une vague...
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