• J.O. 2024 – Faillite artistique de la cérémonie d’ouverture Il m'était nécessaire de prendre un peu de recul avant d’écrire ces quelques lignes, et de visionner à nouveau certaines parties de la cérémonie d’ouverture des J.O. pour m’assurer d’avoir bien saisi toute l’indigence intellectuelle de la liturgie woke dans sa mise en scène hallucinée. 

    Car le doute n’est plus permis : loin d’être une ode à la France et à sa culture gréco-latino-chrétienne, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris a fait l’apologie de la communauté LGBTQ + qui représente un peu moins de 3 % de la population française, et moins de 1 % de la population mondiale…

     

    Retour sur un spectacle financé par vos impôts.

    Les organisateurs responsables du CIO à Paris ont déclaré dans un communiqué qu’ils n'avaient pas l'intention de « manquer de respect à un groupe ou à une croyance religieuse » et ont exprimé leur soutien continu. Il a été dit que la cérémonie visait à refléter « la société dans son ensemble »

    Cela dit, Il suffisait aussi de voir la tête décomposée d'Emmanuel Macron pour savoir que ce ne serait pas une réussite. La parodie de la Cène a fait polémique dans le monde entier. Et la presse nous a appris que Macron avait été averti, en temps réel, que cette partie du spectacle, entre autres, avait choqué à un point tel, que les réactions des chrétiens outragés arrivaient simultanément du monde entier, et au sein même du comité olympique.

     Il savait dès lors que c'était un échec et qu'il allait devoir y faire face.

     Et pourtant, c'était si simple, comme nous l’a rappelé Juliette Briens : » Paris, la Seine, le Louvre, la joie des athlètes, Marie-Jo et Teddy, la montgolfière, Céline Dion, la tour Eiffel et l'hymne à l'amour ». Ils avaient tous les ingrédients de la recette pour une cérémonie parfaite… Mais, les trois heures de propagande gauchiste que nous avons subies, ont rendu la séance pénible, supportable par moment grâce aux vues aériennes magnifiques de Paris.

    En résumé, la cérémonie a bien respecté son cahier des charges :

    * Disco à gogo avec Lady Gaga, là où la troupe du Moulin Rouge aurait fait un vrai tabac…

    * Les enfants conduits sur une barque, par un passeur sinistre, sur les eaux de la Seine, devenue le Styx,  puis dans les catacombes de Paris où ils disparaissent

    * Le sang sur la conciergerie, Marie-Antoinette décapitée, qui tient sa tête sur son ventre…

    * Le plan sexuel à trois, non genré, pour célébrer l'amour selon Thomas Jolly : « Un Paris où le désir s’affirme et s’exprime ».

    * Le tableau de la Cène joué par des drag-queens, dans le genre défilé de mode sous la houlette de la DJ française Barbara Butch, militante féministe et lesbienne, et plusieurs mannequins, dont la femme transgenre Raya Martigny, ont ensuite défilé dans des tenues parfois improbables ; dans la « haute-couture », la relève est loin d’être assurée…

    *  une île incandescente évoquant les enfers où Juliette Armanet a chanté Imagine, l’incontournable chanson de John Lennon,

    * Le cheval noir de l’Apocalypse, symbole de restrictions et de famines.

    * Céline Dion, heureux point d’orgue de cette cérémonie, avec l’Hymne à l’amour d’Edith Piaf.

      Un mélange de symboles et de provocations pour célébrer la diversité. Une pincée de féminisme, de clichés culturels, sous le haut patronage de LVMH - Vuitton et Woke sont maintenant étroitement associés - et de Coca-Cola.

    La soirée rêvée de Brigitte et Emmanuel vue par des milliards de personnes (combien d’enfants). Non seulement nous y avons retrouvé la culture woke dépravée, qui est aussi le projet politique – l’Agenda 2030 - d’Emmanuel Macron : provoquer, cliver et insulter. Tout cela avec le soutien du microcosme « gaucho-bobo » et journalistique parisien, d'un président pour qui la culture française n'existe pas.

    Comme l’a si bien écrit Pierre Valentin : « L’idéologie woke n’est qu’une pure négation, et sa spécificité réside dans le fait que c’est justement là sa seule affirmation. Le wokisme ne sait pas construire, précisément car il ne sait que détruire. …/… Le plus ouvertement négatif de tous est sans doute le relativisme culturel qui a pour but d’éteindre toute étincelle de fierté nationale. Pour “l’éviction de l’individu et de l’universel’’ – tous deux perçus comme des fictions issues des Lumières, masques de la domination blanche –, la négation est également bien apparente ».

    Maintenant, c'est le monde qui se retourne contre la "caution morale" de cette cérémonie : Emmanuel Macron. Vous le connaissez bien. Sa devise : Courage, fuyons ! Pour laisser le lampiste Thomas Jolly se débrouiller dans les médias. Oui, ce serait lui le responsable.  

    La parole à Thomas Jolly, directeur artistique de la cérémonie : 

    « Vous ne trouvez jamais chez moi ou dans mon travail une quelconque volonté de moquerie, de dénigrer qui que ce soit. J'ai voulu faire une cérémonie qui répare, qui réconcilie ».

    Le summum de la lâcheté est de ne pas assumer ce projet qui a scandalisé une grande partie du monde, alors qu’il aurait pu faire preuve de bravoure et le revendiquer.

    Face aux polémiques, Thomas Jolly affirme ne pas s'être inspiré de la Cène, alors que même France 2 affirmait le contraire avant de se rétracter à son tour. Couardise, toJ.O. 2024 – Faillite artistique de la cérémonie d’ouvertureujours ! 

    Restons lucide : Thomas Jolly n’est pas le vrai responsable, c’est un bouc émissaire. 

    Les responsables sont ceux qui ont confié la direction artistique au woke Thomas Jolly.  Faut-il s’étonner qu’il ait fait du wokisme ?

    Les responsables sont ceux qui ont supervisé le projet. Ils étaient au courant parce que tous les plans étaient dans le storyboard depuis des mois. Il a fallu voter des budgets. Et tous, de Patrick Boucheron l'historien, aux autorités du comité olympique, en passant par Macron, savaient exactement ce qu'ils allaient voir. C'était leur jeu. Ils étaient tous parfaitement au courant et avaient la caution de l’Elysée, via par le ministère de la Culture et le Comité olympique.

    Les journalistes accrédités avaient tous les éléments de langage de cette cérémonie comme en témoigne le tweet de France 2 : « Une mise en Cène légendaire ».  Les journalistes utilisent bien le terme « cène ». Thomas Jolly a donc menti. France 2 a rapidement supprimé son tweet mais voici la capture d’écran ci-dessus.

     

    Ils doivent maintenant assumer cette faillite artistique.

     Ce rétropédalage est digne des pires séquences récentes où dénier le réel n'est plus inconcevable mais reste un prérequis à toute situation de crise.

    J.O. 2024 – Faillite artistique de la cérémonie d’ouverture Thomas Jolly nous explique que « non, il ne citait pas Léonard de Vinci » se réfugiant alors derrière Philippe Catherine, leJ.O. 2024 – Faillite artistique de la cérémonie d’ouverture seul homme blanc de plus de 50 ans de la cérémonie, transformé pour l'occasion en schtroumpf, et qui aurait été Dionysos... Sans doute pour rendre sa cène plus festive… Et, la connotation est intéressante : Dieu de la fureur et de la subversion, le pouvoir Athénien peinait à contenir les troubles engendrés par le culte de Dionysos qui se manifestait par toujours plus de débauche sexuelle et de violence au point de mettre en péril le pouvoir lui-même.

    La « cène » de Thomas Jolly prend ainsi tout prend sens.

    Autrement dit, il n'aurait pas vérifié le « wording » prévu par France TV, c'est-à-dire le programme qu'on a donné aux journalistes, ni les éléments transmis à la presse. Malgré sa formation artistique, il ignorerait qu'une telle composition puisse faire penser à ce tableau !

    De fait il nous explique qu'il ne serait que cruellement incompétent à son poste de directeur artistique. Rien dans sa prise de parole ne serait donc lié à la réaction de la chaîne NBC, et à celles d’autres chaînes étrangères ?

    C'est parce que cette mise en scène a choqué aux quatre coins de la planète que Thomas Jolly est obligé de rétropédaler et de mentir si frontalement. 

     

    Examinons les critiques. 

    J.O. 2024 – Faillite artistique de la cérémonie d’ouvertureCérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024. "L'épiscopat français déplore des scènes de dérision et de moquerie du christianisme". Cette condamnation des évêques de France est reprise dans le monde entier par tous les chrétiens, des États-Unis en passant par l'Amérique latine, l'Afrique et jusqu’en Asie. 

    Le blasphème a déplu également dans d'autres cultures : la République islamique d'Iran a convoqué l'ambassadeur de France pour représentation offensante du prophète Isa ibn Maryam (nom coranique de Jésus) lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques.

    Par ailleurs, les Chinois ont été également très offensés que l'auteur de la reconstitution olympique de la Cène, ait placé Emilie, une fillette asiatique, à la place de Judas !

    Philippe Herlin y a vu toute la perversité de la cérémonie d'ouverture. Le seul enfant de la Cène est habillé en jaune, la couleur du vêtement de Judas. Autrement dit, le pervers de l'assemblée, c'est l'enfant. 

    Cette cérémonie, pour toutes les raisons déjà évoquées, a été censurée un peu partout dans le monde. Certains sponsors se désolidarisent déjà des Jeux Olympiques.

    Nous sommes donc bien en présence d'un scandale planétaire, à tel point que les autorités sont obligées de présenter leurs excuses. 

    « Jeux Olympiques Paris 2024 », l'organisation s'excuse auprès des personnes offensées par la cérémonie d'ouverture. Le comité d'organisation a tenu à clarifier ses intentions. Surtout, l'instance s'est excusée auprès des personnes susceptibles d'avoir été offensées.

    Quant au CIO, il a retiré la vidéo de la cérémonie d'ouverture dans près de 210 pays et a refusé d'en donner les raisons lors d'une conférence de presse. Une suppression qui intervient alors que les précédentes cérémonies sont toujours en ligne. Selon nos constatations, les versions intégrales des cérémonies de Nagano 1998, Londres 2012, Rio 2016 ou même Pékin 2022 sont toutes disponibles.

    Ce qui est maintenant extraordinaire, ce sont les tentatives pitoyables du gouvernement et de ses sbires de masquer cet échec retentissant, ce scandale mondial. Nous avons une bonne illustration de leur méthode totalitaire.

    La première méthode, vous la connaissez, c'est la diabolisation : tout le monde a aimé la cérémonie, sauf l'extrême droite.

    Ces journalistes aux ordres, utilisent des termes "diabolisants" pour empêcher que les Français décrivent ce qu'ils ont vu.

    Mais voilà, le démenti surprise est venu de leur gauche.

     Jeux Olympiques 2024, Mélenchon salue l'audace de la cérémonie d'ouverture, mais n'a pas aimé les tableaux sur la Cène, ni Marie-Antoinette.  Il explique qu'on n'a pas à insulter les croyants dans une cérémonie officielle.

     La deuxième excuse invoquée : « On ne peut pas plaire à tout le monde, c'est de l'art, donc cela provoque, il faut de l'audace, et puis il y a l'esprit Charlie » nous affirme Sandrine Rousseau. « On ne peut pas être Charlie quand il s'agit du prophète et ne plus l'être quand il s'agit de la Cène ».

    Le directeur artistique de la cérémonie, Thomas Jolly, a tenté de distancier sa « cène » de tout parallèle avec la « Cène » après la cérémonie, déclarant lors d'une conférence de presse qu'elle était destinée à célébrer la « diversité » et « à inclure tout le monde ».

    Pour exprimer pleinement leur procédé « d’inclusion dégénérative » il aurait fallu inclure toutes les religions… Mais, ils n’ont pas osé, tenus en respect par leur lâcheté.

    Ce qu’un internaute anglais a commenté par : « France really missed an opportunity to celebrate their newly diverse culture with a painting of the prophet Mohammed in drag ». Traduction : « La France a vraiment raté une occasion de célébrer sa nouvelle diversité culturelle avec une peinture du prophète Mahomet en travesti ».

     Il faut également ajouter Tony Estanguet qui assure que « l’objectif n'était pas que tout plaise à tout le monde ».  

    L’autre polémique au sujet de la cérémonie, « le cavalier noir de l'Apocalypse », symbole de restrictions et de famines[1],  que les autorités n’assument plus du tout…  

    « La bête de l’évènement » dont parlait Macron dans une interview ? https://www.tiktok.com/@inrisplan/video/7224865370388040966

    J.O. 2024 – Faillite artistique de la cérémonie d’ouverture

     

    Cela n’enlève rien au défi technique de ce magnifique cheval mécanique fabriqué par une société nantaise.  Le directeur artistique continue de rétropédaler en affirmant qu’il s’agit non pas du cavalier mais de Sequana, déesse du fleuve, symbole de résistance. Problème : la déesse Sequana, est toujours représentée dans une barque. .

    Les conséquences de l’inconséquence :

    L’un des plus gros sponsors des J.O. le géant américain C Spire, spécialisé dans la fourniture d’accès à Internet sans fils, a annoncé au lendemain de l’évènement, le retrait de son budget publicitaire pour les J.O. de Paris.

     

     

    Tous semblent avoir oublié que ce sont les Jeux Olympiques, ce qui rend leurs pseudo-excuses caduques, et a été résumé en une phrase par le général Alcazar qui les invite à relire la charte des Jeux Olympiques, en particulièrement son article 50 :              

    « Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou J.O. 2024 – Faillite artistique de la cérémonie d’ouvertureraciale n'est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique ». 

    Voir photo jointe.

     

     

    Et maintenant, qui va payer la facture ?

    Si le coût des Jeux olympiques est estimé à 8,8 milliards d'euros, hors sécurité et prime des fonctionnaires, certains s'interrogent sur son financement extrêmement tabou depuis le début. Il faut y ajouter plusieurs milliards : les spécialistes estiment que la facture s'élèverait déjà à plus de 12 milliards…

     

    Tout ça pour une cérémonie à mi-chemin entre l’Eurovision et la Gay-pride, sous la haute autorité de l’Etat français ?

    L'universalisme français réduit à l'identité de genre ?

     

    Pour le rayonnement de la France, il nous reste à présent à miser sur nos sportifs… 


    [1] L'Apocalypse est le dernier livre du Nouveau Testament. Il a été écrit en l'an 95 ou 98 par l'apôtre Jean à l'île de Patmos, où il avait été déporté.

     

     

     

     

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  • Glenn DiesenGUERRE EN UKRAINE : DIPLOMATIE OU GUERRE MONDIALE ? est professeur à l'Université de Norvège du Sud-Est (USN). Il est l'auteur de 11 ouvrages sur la géoéconomie russe et l'intégration eurasienne. Son dernier livre est « La guerre en Ukraine et l'ordre mondial eurasien ». Son livre a fait grand bruit outre Rhin, et en Norvège où il enseigne…

    On vous en résume ici l'essentiel...

     

    La guerre en Ukraine ne doit pas être considérée isolément mais dans le contexte d’un nouvel ordre mondial multipolaire émergent, explique Glenn DIESEN, expert en géopolitique et professeur à l’Université du Sud-Est de la Norvège. Et c’est précisément ce qui rend ce conflit si dangereux.

    Dans le contexte de cette guerre et pour en saisir tous les enjeux, il y a deux questions fondamentales de géopolitique qui se posent : 

    * Quelle est l’importance de l’accès à la Baltique et à la mer Noire pour la Russie ? * * Et la guerre actuelle en Ukraine ne concerne-t-elle pas également le contrôle de la mer Noire ?

    L’accès fiable aux corridors maritimes a toujours été un élément clé de la concurrence sécuritaire avec la Russie.

    Lorsque la Russie kiévienne s'est effondrée au XIIIe siècle, les Russes ont perdu leur position sur le Dniepr, ce qui signifiait que les puissances rivales pourraient affaiblir la Russie en restreignant son accès aux corridors maritimes clés nécessaires au commerce et à la sécurité.

    La Suède a réussi à refuser à la Russie un accès indépendant à la mer Baltique dans le Traité de Stol Bovo en 1617. Après la défaite de la Suède en 1721, les Britanniques, puis les Américains, se sont chargés d’affaiblir la Russie en restreignant son accès à la mer.

    Contenir et affaiblir la Russie en restreignant son accès à la mer Noire, à la mer Baltique et à l’Arctique reste une tâche centrale pour l’OTAN, même après la guerre froide. Le renversement de Ianoukovitch, soutenu par l’Occident, en 2014, visait en grande partie à transformer la mer Noire en lac de l’OTAN.

    De même, l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé qu'« après l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN, la mer Baltique deviendra désormais une mer intérieure de l'OTAN... Si nous le voulons, nous pouvons contrôler toutes les entrées et sorties de la Russie en bloquant Saint-Pétersbourg. »

     L’expansion des bases militaires américaines en Scandinavie ouvre également la voie à une confrontation entre les États-Unis et la Russie dans l’Arctique. Les États-Unis trouvent de fervents partisans en Europe, qui ont relancé le projet Intermarium, le plan polonais d’après-Première Guerre mondiale visant à contenir et à affronter la Russie en unissant les pays situés entre la Baltique, la mer Noire et l’Adriatique. Le projet Intermarium relancé sera désormais rebaptisé Initiative des Trois Mers pour chasser la Russie de l’Europe, c’est-à-dire de son propre territoire. 

    Cependantle projet Intermarium relancé est une politique de bloc à somme nulle dans laquelle la région A cherche à affaiblir la région BDans la Charte de Paris pour une nouvelle Europe de 1990, nous nous sommes engagés à surmonter la politique des blocs à somme nulle et les lignes de division en Europe, mais cet accord a été rompu. L’Europe finira par perdre parce que la militarisation des nouvelles lignes de division sur notre continent nous affaiblira économiquement et nous rendra trop dépendants des États-Unis pour notre sécurité.

     

    Pour bien comprendre tous les enjeux de cette guerre et le danger grandissant pour nous européens, rien ne vaut la lecture du livre, particulièrement bien documenté et d'une grande lucidité, de Glenn DIESEN, qui s’intitule  « La guerre en Ukraine et l’ordre mondial eurasien ». 

    Selon l’auteur, la guerre en Ukraine ne peut être pleinement comprise que si elle est considérée comme le résultat de l’effondrement de l’ordre mondial actuel, et d’une lutte pour définir le prochain ordre mondial.

    GUERRE EN UKRAINE : DIPLOMATIE OU GUERRE MONDIALE ?En effet, les efforts de l’après-guerre froide visant à créer un ordre mondial fondé sur l’hégémonie libérale se sont manifestés par l’expansion de l’OTAN. Cela signifie que les accords visant à éliminer les lignes de division en Europe et à créer une architecture de sécurité paneuropéenne fondée sur une sécurité indivisible ont été abandonnés. Les bases de la sécurité et de la stabilité européennes ont été posées alors que l’infrastructure militaire de l’OTAN se rapprochait de plus en plus des frontières russes, déclenchant clairement la guerre en Ukraine contre laquelle de hauts responsables américains mettaient en garde depuis trois décennies.

    La guerre s’est ensuite transformée en une lutte plus large menée par un ordre mondial hégémonique contre la multipolarité, c’est pourquoi l’OTAN et la Russie sont prêtes à une escalade, au risque d’un échange nucléaire.

    L’OTAN espère qu’une victoire sur la Russie affaiblira également la Chine et ravivera ainsi l’hégémonie libérale des années 1990, tandis que la Russie considère une victoire comme une nécessité vitale pour mettre fin à l’expansionnisme de l’OTAN et inaugurer un ordre mondial multipolaire plus juste.

    Ce qui revient à décider en Ukraine si l’ordre mondial restera unipolaire ou deviendra multipolaireCela se reflète exactement dans les déclarations de l’Occident et de la Russie. En outre, la position du reste du monde s’explique également par la lutte entre hégémonie et multipolarité. Le monde extérieur à l’OTAN ne soutient pas l’invasion russe de l’Ukraine, mais il ne soutient pas non plus la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie, car il n’a aucun intérêt à raviver un ordre mondial fondé sur l’hégémonie occidentale.

    La victoire de l’OTAN reste cependant incertaine ; c’est sans doute la raison qui fait que l’organisation n’a pas défini à quoi ressemblerait une éventuelle victoire…

    L’objectif de vaincre l’armée russe et de chasser la Russie de Crimée afin de faire de Sébastopol une base navale de l’OTAN ne sera jamais atteint. Il s’agit d’une menace existentielle pour la Russie, et nous périrons très probablement dans une guerre nucléaire bien avant que les soldats de l’OTAN n’entrent en Crimée. Cependant, comme le déclarent ouvertement de nombreux dirigeants américains, si les États-Unis battent la Russie avec l’armée ukrainienne, ils pourraient concentrer leurs ressources sur la confrontation avec la Chine. L’objectif de restaurer l’hégémonie et de revenir aux années 1990 nécessite de vaincre les grandes puissances rivales, soit par des moyens économiques, soit par des moyens militaires.

    En revanche, une victoire russe signifierait, au mieux, un affaiblissement majeur de l’Ukraine ou, au pire, la destruction de l’Ukraine en tant qu’État-nation. Il n'était pas nécessaire que cela se passe ainsi. La Russie se serait contentée d’une Ukraine neutre (une demande récurrente depuis les années 90) et n’avait fait aucune revendication territoriale sur la Crimée avant que l’Occident (USA) ne renverse le gouvernement de Kiev en 2014.

    Après que l’Occident eut saboté l’accord de paix de Minsk pendant sept ans (dixit A. Merkel et F. Hollande), la Russie a envahi l’Ukraine pour imposer sa neutralité. Comment l’Occident a-t-il réagi à cela ? Les États-Unis et le Royaume-Uni ont saboté les négociations de paix de 2022 entre Moscou et Kiev, toutes les perspectives d’une solution diplomatique ont été écartées et le secrétaire général de l’OTAN a annoncé que les armes étaient la voie vers la paix.

    Même maintenant que l’OTAN reconnaît que l’Ukraine est en train de perdre la guerre, elle refuse toujours de discuter de neutralité et parle plutôt d’expansion de l’OTAN après la guerre. Ce qu’on a dit à la Russie, c’est que le territoire qu’elle ne conquerrait pas tomberait aux mains de l’OTAN.

    Et Glenn DIESEN ajoute : « Puisque la neutralité n’est pas une option, j’attends de la Russie qu’elle prenne tout le territoire de Kharkov à Odessa »...

    L’auteur pense que, de facto« l’existence de l’OTAN – et de l’UE dans sa forme actuelle – serait menacée à moyen et long terme en cas de victoire russe ».

    En effet, précise t-il,  l’OTAN et l’UE ont investi presque tout dans cette lutte, et l’unité dépend de la perspective de victoire. Une fois la défaite manifeste, la capacité de l’OTAN à assurer la sécurité et celle de l’UE à créer la prospérité seront remises en question.

    De plus, un jeu de reproches semble inévitable car des questions inconfortables seront posées, telles que :

    1. Qui a fait exploser le gazoduc Nord Stream ?
    2. Qui doit être tenu responsable du découplage de l’UE des marchés russe et, dans une moindre mesure, chinois ? 
    3. Qui a permis aux Européens de devenir excessivement dépendants des États-Unis pour leur sécurité ? 
    4. Pourquoi le gouvernement américain encourage-t-il (aides financières ) les industries européennes affaiblies à traverser l’Atlantique ?
    5. Pourquoi l’accord de Minsk a-t-il été volontairement saboté et pourquoi l’accord de paix a-t-il été torpillé début 2022 ?

    De nombreux mensonges ont été racontés sur les raisons pour lesquelles cette guerre a commencé, comment elle se déroule et comment elle va se terminer.  Car il est évident que les véritables intérêts stratégiques et économiques de l’Europe occidentale et centrale ne jouent aucun rôle dans la guerre en Ukraine.

    En fin de compte, écrit-il, « les Américains seront pragmatiques et concentrés sur la promotion de leurs intérêts nationaux, tandis que les Européens ont agi de manière extrêmement irrationnelle et deviendront par conséquent de moins en moins pertinents. Profondément idéologiques, les Européens croient que leurs idéaux sécuritaires et libéraux ne peuvent prospérer que sous l’hégémonie collective de l’Occident. Ils ne semblent pas comprendre que l'économie et la sécurité de l'Europe dépendront des États-Unis, ce qui entraînera également une perte d'autonomie politique. Les dirigeants européens continuent d’alimenter le conflit parce qu’il n’existe pas de vision politique d’un ordre mondial qui ne soit pas fondé sur l’hégémonie.

    Un tout nouvel ordre mondial émergera, basé sur la multipolarité, dans lequel les puissances occidentales ne pourront pas dominer, même si les dirigeants politiques européens ne peuvent pas dépasser la mentalité de bloc et insister sur le fait que l’Ukraine doit être de notre côté de la division. Les dirigeants européens comme J. Borrell reconnaissent que l’ère de la domination occidentale a pris fin, mais ils ne parviennent pas à articuler une vision de la multipolarité ».

     Dans ce livre, l’auteur fait allusion à plusieurs reprises à l’ordre westphalien. Un concept peu connu du grand public. Il est parti du principe que l’ordre mondial moderne est basé sur le système westphalien, apparu en 1648, dans lequel le système hégémonique et universaliste du Saint Empire romain germanique a été remplacé par un équilibre des pouvoirs répartis également entre souverains. Les fondements de l’ordre mondial westphalien ont été préservés jusqu’à ce jour, comme en témoigne le droit international dans le cadre de la Charte des Nations Unies, dont la souveraineté est le principe fondamental.

    « À la fin de la guerre froide, écrit-il,  nous nous sommes retrouvés à la croisée des chemins : soit nous pouvions développer un ordre westphalien inclusif basé sur la Charte de Paris pour une nouvelle Europe, englobant de multiples pôles de pouvoir, soit un ordre mondial hégémonique légitimé par l’universalisme libéral.

    Nous avons choisi de rejeter le principe westphalien d’égalité souveraine et d’abolir l’architecture de sécurité paneuropéenne et de poursuivre plutôt l’hégémonie et l’inégalité souveraine parce que les valeurs démocratiques libérales ont légitimé un système dans lequel « tous les États sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres .  Ce système s’est maintenant effondré, conduisant à la terrible guerre en Ukraine, et nous devrions nous concentrer sur la revitalisation de la diplomatie afin de parvenir à un consensus sur ce que nous pouvons construire ensemble ». 

    « …/… Et maintenant, un « ordre eurasien-westphalien » est en train d’émerger.  Il ne s'agit pas seulement d'un retour vers le passé. Dans le nouvel ordre westphalien multipolaire, certains des pôles de pouvoir les plus puissants ne sont pas occidentaux. Les États-Unis ont clairement fait savoir qu’ils n’accepteraient pas la perte de leur suprématie mondiale et se sont donné pour objectif stratégique d’affaiblir la Russie par le biais de mandataires européens, d’affaiblir la Chine par le biais de mandataires asiatiques et d’affaiblir l’Iran par le biais de mandataires du Moyen-Orient. Cette nouvelle guerre froide est présentée au monde comme une bataille idéologique entre démocratie libérale et autoritarisme, même si cela représente une simplification excessive et dangereuse qui empêche une paix viable ».

    Selon Glenn Denn , le système international sera dans le chaos tant que l’Occident tentera de ramener le monde à l’unipolarité tandis que le reste du monde évoluera dans la direction opposée vers la multipolarité.

    Ce chaos sera caractérisé par des guerres entre grandes puissances et un découplage économique, qui s'accompagneront inévitablement d'une réduction des libertés afin de maintenir la cohésion politique et sociale. 

    « J’espère, écrit-il,  que les gens rejetteront le mantra actuel selon lequel les armes sont la voie vers la paix, alors que la diplomatie et les négociations sont devenues de gros mots. L'hégémonie est déjà perdue. Nous avons donc désormais le choix entre nous adapter aux réalités multipolaires par la diplomatie ou continuer sur la voie d’une autre guerre mondiale ». 

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Arménie : on ne nous a pas tout dit ! par K.B.

    Le 19 septembre 2023, l’Azerbaïdjan a lancé une guerre éclair contre le Haut-Karabagh. Immédiatement, le Premier ministre Nikol Pachinian a déclaré que l’Arménie ne se battrait pas. Les forces russes en place, étant des forces de maintien de l’ordre, tout comme le sont les Casques bleus de l’ONU, ce sont des acteurs essentiels pour la résolution pacifique des conflits ; elles ne pouvaient pas prendre les armes, surtout pour intervenir dans un conflit territorial qui engage l’Arménie seulement, et non pas la Russie. En 48 heures, les forces locales ont été dépassées et la Russie a participé aux pourparlers entre elles et l’Azerbaïdjan, afin de garantir au moins la sécurité des populations arméniennes, qui ont ainsi pu quitter leur domicile saines et sauves.

    Le 13 octobre, le président arménien a ratifié le Traité de Rome, reconnaissant la compétence de la CPI (Cour pénale internationale). Même si l’Arménie prétend dépolitiser cet acte, il est significatif que l’allégeance à l’une des juridictions internationales les plus critiquées pour sa politisation intervienne après l'abandon par le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, du Haut-Karabagh et des populations arméniennes qui y vivent, à l’Azerbaïdjan. La signification politique est sans ambiguïté possible : Pachinian fait entrer l’Arménie de plain-pied sous la coupe américaine. Il achève ainsi la mission qui lui avait été confiée depuis son entrée en fonction par ses tuteurs. Par 60 voix contre 20, le Parlement arménien a voté en faveur de la ratification du Statut de Rome le 3 octobre 2023, les deux partis d’opposition se prononçant contre.

    Tout acte prend sa signification lorsqu’il est replacé dans son contexte. 

    En l’occurrence, le contexte est double. A la fois, il s’agit de l’agenda intérieur et de la capitulation au Haut-Karabagh, mais également de l’agenda international et concrètement des instances européennes.
    Le sort du règlement du Haut-Karabagh a été radicalement influencé par la reconnaissance officielle du Haut-Karabagh par Erevan, en octobre 2022 et en mai 2023 lors des sommets sous les auspices de l'Union européenne, comme faisant partie du territoire de l'Azerbaïdjan.

    Ainsi, Nikol Pachinian avait les mains libres, contrairement à la Russie avec son contingent de maintien de la paix.

     La reconnaissance officielle du Haut-Karabagh comme faisant partie du territoire de l’Azerbaïdjan a modifié les conditions fondamentales de la Déclaration des dirigeants de l’Arménie, de la Russie et de l’Azerbaïdjan du 9 novembre 2020, ainsi que la position du contingent russe de maintien de la paix (CRP)
    En effet, les accords trilatéraux au plus haut niveau de 2020-2022, définissaient toutes les étapes d’une solution pacifique au problème du Karabagh, de mettre fin à la confrontation armée et de faire tout son possible pour garantir les droits et la sécurité de la population du Haut-Karabagh…

    Le renoncement à ces accords trilatéraux, l’abandon du Haut-Karabagh par la voix de Pachinian a entraîné l’Arménie dans une fuite en avant sur la scène internationale. Immédiatement, une délégation américaine est arrivée, sur fond d’exercices militaires communs, et la situation fut parfaitement maîtrisée.

    Les «réfugiés» arméniens, c’est-à-dire les populations déplacées, sont pris en charge et répartis dans le pays pour éviter la constitution d’une force socio-politique anti-Pachinian et la ligne politique peut dès lors se durcir. Surtout que les nombreuses manifestations en soutien au Karabagh sont écrasées par la force et dans le silence de la communauté internationale.

    L’étape suivante, très symbolique, est la reconnaissance de la CPI (Cour pénale internationale), juridiction dont la radicalisation politique antirusse a été prouvée par la mise en place d’un accord avec l’Ukraine pour enquêter sur les crimes commis sur le territoire ukrainien (évidemment attribués à la Russie), et par l’adoption le 17 mars 2023, en dehors de sa compétence formelle, d’un mandat d’arrêt contre le président russe.

    Pour info, signalons que le statut de Rome de la CPI compte 123 Etats parties, dont une grande majorité en Europe, en Amérique et en Afrique. Mais, 31 Etats on signé le Statut de Rome SANS l’avoir ratifié dont, les Etats-Unis, l’Ukraine, la Russie, Israël et, jusqu’à récemment, l’Arménie…

    Pourquoi les Etats-Unis se méfient-ils de cette juridiction (CPI) ? 

    Le Pentagone redoute que le partage de preuves constitue un précédent. Les chefs militaires américains craignent en effet que la juridiction internationale puisse poursuivre des citoyens américains voire les Etats-Unis, s'ils venaient à coopérer…

    Oui, mais : les USA influencent quand bon leur semble la saisine de la CPI contre tel ou tel Etat qui leur pose problème, tout en s’exonérant de sa compétence juridictionnelle en ce qui les concerne… Pratique, non ?

    La question qui va se poser ensuite est celle de la présence des bases militaires russes sur son territoire et ainsi, à terme, de son intégration dans l’OTAN. 

    Parallèlement, l’agenda européen se cale dans les interstices américano-arméniens. Ainsi, le vote au Parlement arménien concernant la CPI a été organisé à la veille de la participation de Pachinian à la réunion de la Communauté politique européenne, en Espagne le 5 octobre.

    Cette réunion, sous l’égide du Conseil européen, devait conduire à l’adoption d’une résolution concernant le sort du Haut-Karabagh. Sans même la participation de l’Azerbaïdjan, qui n’a pas vu l’intérêt de se déplacer. L'Arménie a signé une déclaration commune avec le président du Conseil européen, Charles Michel, le président français, Emmanuel Macron, et le chancelier allemand, Olaf Scholz admettant de facto l'appartenance du Haut-Karabagh à l’Azerbaïdjan, en tenant compte des superficies attribuées à chacun des pays : Ils demeurent attachés à tous les efforts en faveur de la normalisation des relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, sur la base de la reconnaissance mutuelle de la souveraineté, de l'inviolabilité des frontières et de l'intégrité territoriale de l'Arménie (29 800 km²) et de l'Azerbaïdjan (86 600 km²), comme indiqué dans les déclarations du président Charles Michel des 14 mai et 15 juillet 2023.

    Il est difficile de ne pas faire un lien entre ces éléments, au regard de l’évolution géopolitique de l’Arménie. Finalement, le Premier ministre arménien a ratifié le Statut de Rome le 13 octobre. La Russie, à juste titre, a considéré cette décision comme un acte inamical. Pachinian, de son côté, continue toujours l'illusoire normalisation du virage géopolitique de l’Arménie et déclare que la reconnaissance par l’Arménie de la compétence de la CPI résulte d’une décision prise antérieurement au lancement du mandat d’arrêt contre Poutine et serait motivée par des considérations de sécurité intérieure.

    Comment la CPI peut-elle garantir la sécurité intérieure arménienne ?

    Soyons sérieux. Cela fait des années que cette institution est accusée de politisation. Tout d’abord, au niveau de sa politique de sélection des affaires à examiner. Les pays comme les Etats-Unis ou Israël, qui ne reconnaissent pas sa compétence, sont hors de responsabilité… En revanche, alors que la Russie n’en est pas membre, la CPI s’est autorisée à lancer un mandat d’arrêt contre deux de ses ressortissants. Deux poids, deux mesures.

    Autre facteur de politisation, son absence de financement durable. Le système des contributions volontaires permet d’orienter l’angle sous lequel la Cour va regarder ce qui se passe dans le monde.

    Alors que la CPI était focalisée sur l’Afrique, actuellement son attention est attirée, notamment financièrement, sur le conflit en Ukraine – scrutant la responsabilité de la Russie.

    Donc revenons à la déclaration de Pachinian : comment l’Arménie entend-elle pouvoir utiliser la CPI pour mieux garantir sa sécurité ? Et surtout contre qui ?

    Le moment du choix de la ratification n’est pas un hasard. Il se place à la fois lors de la radicalisation du conflit qui se déroule en Ukraine, où tous les États sont sommés de se prononcer, puisqu’il n’y a pas de place pour la neutralité dans le monde global.

    Mais également, cette décision est rendue possible par la reddition des forces traditionnelles arméniennes au sein de la politique intérieure, ayant rendu les armes et remettant ouvertement le pays entre les mains des Etats-Unis.

     

     Il reste à espérer que la mise au pas de l’Arménie à long terme demande trop d’investissement en hommes et en argent, et que les Arméniens, ayant chacun des proches en Russie, puissent obliger un retour à la lucidité…

    C’est en fait l’avenir de l’Arménie qui se joue.

     

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  • Le point de vue de J.M.D. Membre du corps diplomatique français.

    LE PIEGE UKRAINIEN

    Il y a quelques semaines, Mme Merkel a fait une déclaration assez terrible, qui pose question car elle n’a pas été reprise par la presse française ni par la télévision alors qu’elle est fondamentale.  Elle a dit : « Nous avons signé les accords de Minsk de manière à donner à l'Ukraine le temps de se renforcer militairement, pour pouvoir affronter la Russie ». Cela signifie, très cyniquement, que les accords de Minsk (dont la France etî l’Allemagne étaient les garants) n’étaient pas faits pour amener les gens à faire la paix. C'était pour préparer la guerre.

    De son côté, dans un entretien au Kyiv Independent, François Hollande a revendiqué que « les accords de Minsk avaient amené la Russie sur le terrain diplomatique, laissant à l’armée de Kiev le temps de se renforcer ». Un aveu contredisant les déclarations pacifiques d’alors. Ces deux déclarations confirment qu'effectivement on a entraîné la Russie dans un piège.

    Ainsi résumé, c’est aussi le sentiment de certains diplomates français qui pensent réellement qu’il y a « un piège de l’Ukraine », tendu à l’Europe et à la Russie dès la fin de la guerre froide. C'est un piège qui n'a pas été conçu de façon délibérée, mais qui s'est tendu de lui-même, puis s’est refermé petit à petit, en plusieurs étapes, entre 1991 et aujourd'hui, en février 2023.

    Dans l’intervalle, entre 2014 et 2022, l’Ukraine a régulièrement bombardé les régions autonomes russophones de l’est (Donbass) faisant 14200 morts, estimation basse, dans cette région qu’elle se préparait à investir militairement lorsque la Russie a lancé son attaque.

    Au Quai d'Orsay, à ce moment-là sur l'Ukraine et sa dénucléarisation, on a constaté un transfert progressif de logique. A partir d’une ambiguïté stratégique, on est arrivé à une confrontation qui n’a pas été vraiment structurée car elle s'est déroulée par défaut, sur trois décennies.  

    Mais le plus inquiétant, dans cette affaire, c'est le manque de rationalité de l'ensemble des acteurs européens.  

    Rappel des faits :

    La guerre froide s’est terminée il y a 30 ans. La première décennie a été celle de la décomposition de la Russie, de « l'enjambement de la Russie ». C'est très curieux d’observer que, lorsque l’URSS disparaît, il y a au même moment , ce fameux traité 2+4 ou traité de Moscou (du 12/09/90) qui va être celui de la réunification allemande. Quelque chose d'essentiel pour l'Allemagne, essentiel aussi pour toute l'Europe et cette réunification allemande va être gagée par la non-progression des forces de l'OTAN vers l'Est.

    Et pourtant, en 2023, on constate que les forces de l’OTAN ont progressé de 1000 km vers l’Est, et c'est énorme.

    A l'époque, Roland Dumas, le ministre des Affaires étrangères français, l'a confirmé, comme d'autres diplomates présents, il était bien entendu qu'il y avait un  « glacis » comme on dit, autour de la frontière russe, où l'OTAN,  ne rentrait pas…  Ce qui a été confirmé d'ailleurs de façon très claire par le département d'État américain et les conversations de James Baker : tout cela était très clair.

    Puis, nous avons constaté un glissement de l'ambiguïté stratégique vers la confrontation.  

    Et là, on a plusieurs étapes : en 1999 - 2000 à apparaît Vladimir Poutine, qui sort de l’ombre,  poussé en avant par Boris Eltsine (devenu quelqu'un de peu présentable) et qui va le mettre en avant pour remettre de l'ordre.   Vladimir Poutine va tout de suite mettre de l'ordre à sa façon, très directe. Il va commencer par virer les oligarques qui s’étaient emparés du pouvoir économique et politique dans un contexte de dépeçage de l’Etat, de privatisation de l’économie et d’ouverture à la mondialisation… (Ça vous parle ?) L’ascension des oligarques russes avait été largement favorisée par la « thérapie de choc » appliquée sur la suggestion de conseillers américains et du Fonds monétaire international (FMI).

    Trente ans après, le Monde diplomatique (Warde, 2022) tire ce sinistre bilan : « Le président Boris Eltsine, auréolé de sa gloire de tombeur du communisme, assurait que les privatisations produiraient « des millions de propriétaires plutôt qu’une poignée de millionnaires ». 

    En réalité, c’est l’inverse qui se produisit : […] du temps de l’Union soviétique, la personne la plus riche l’était six fois plus que la plus pauvre ; en 2000, ce ratio était passé à 250 000 ».

    La Russie n'est pas la seule concernée : dans d’autres anciennes républiques soviétiques comme l’Ukraine, les grandes entreprises d’État sont aussi passées aux mains d’oligarques devenus milliardaires.

    C’est une décennie complexe sur laquelle il faudra revenir parce que c'est là que la relation entre la Russie et l'Ukraine se structure et, après cette période,  Poutine, en trois coups, va rétablir l'autorité de l'État et l’honorabilité de la Russie. Ces trois coups, digne d’un joueur d’échecs,  on les connaît :  

    1) Se débarrasser des oligarques.

    2) Création de Gazprom.

    3) C'est la question de la Géorgie (règlement des deux conflits entre Géorgiens et Ossètes et Abkhazes et Géorgiens) . 

    En conséquence de quoi, à la fin de la décennies 2000 la Russie va repartir sur un axe stabilisé, retrouvant un certain nombre de possibilités de se développer avec des outils (Gazprom etc.).  

    Mais ça ne plaît pas du tout aux États-Unis qui ont modifié leur attitude à ce moment-là.

    Dès lors, les Américains vont sortir de leur ambiguïté. A ce stade, il faut aborder quelque chose qui n'est plus le piège ukrainien, qui est le piège géo-économique.  Vous vous souvenez peut-être qu'à la fin des années 2000, c'est la période où le gaz de schiste apparaît sur le marché. C'est le moment où la fracturation hydraulique va permettre de sortir du sol américain, du gaz de schiste qu’il va falloir utiliser comme un outil de puissance.

     Les Américains vont changer d'attitude pendant toute cette période dans laquelle on parlera régulièrement de néo conservatisme qui est une affirmation de plus en plus forte de la réalité américaine, qui se résume par l’expression « l’intérêt américain d’abord ».

    Plusieurs présidents américains vont l’incarner successivement, et tous vont avoir en tête que la Russie commence à être un obstacle sur leur route, non pas parce qu’elle est puissante, mais parce que la Russie ne permet pas de réunifier l'Europe comme on le voudrait, face à la Chine.

    Car la Chine, dès les années 90, est une obsession américaine. Et le politologue russe, Georgui Arbatov,  déclara à cette époque dans un média américain, après la chute de l’URSS : « On vous a privé d'ennemi, vous êtes en en situation de danger ».

    La situation se noue à ce moment-là et le piège ukrainien se structure. Pour bien comprendre la situation, il faut relire « Le Grand Echiquier » de Zbigniew Brezinski, un livre essentiel. En 1997, Bresinski dit, très simplement : « Si la Russie ne se modernise pas, ça va être difficile parce qu'il y a le trou noir eurasiatique qu'il faut combler, ce trou noir eurasiatique, c'est bien l'Ukraine ».  

    Il va y avoir plusieurs étapes lors desquelles les Américains vont prendre conscience de la difficulté d'avoir à gérer la Russie jusqu'à l’année 2021.

    Le Président Biden va précipiter le piège tendu à la Russie sur l'Ukraine, dont la mise en place va s’articuler tout au long de l'année 2021. On se souvient, le président Biden succède au président Trump, et il va organiser tout de suite des négociations sur la stabilité relationnelle avec les Russes, notamment deux séances infructueuses en 2021 qui vont peaufiner le piège qui s’enclenchera à ce moment-là.

    On connaît très précisément les dates : le 12 novembre 2021, Anthony Blinken signe un pacte de partenariat stratégique avec l'Ukraine dans lequel il promet l'aide américaine jusqu'à la libération totale du territoire ukrainien.  Ça se fait très discrètement, dans le dos de tout le monde.

    A la même époque, Biden rencontre Poutine à Genève pour des discussions « constructives » selon Biden, à la suite de quoi, début décembre, l’Etat-major russe avec à sa tête le général Vassili Guerassimov va aller à l’OTAN pour présenter un plan de paix entre l'OTAN et les Russes.

    L’OTAN va refuser ce plan, et peu de temps après, lors de la conférence de Munich, Zelenski va annoncer : « Nous voulons rentrer dans l’OTAN ». Alors même que Poutine avait toujours dit que ce serait un « casus belli » ; Merkel l'avait également affirmé : « C’est un casus belli, ne faites pas ça »…. Et pourtant, Zelenski va affirmer haut et fort : « Non seulement, je veux que l’Ukraine entre dans l’OTAN mais, je veux aussi la bombe atomique ».

    Outre cet épisode du 12 novembre, il y a aussi celui de Noël 2021 dans lequel le président Poutine va déclarer, devant son conseil réuni, à la face du monde, Et surtout à la face de son opinion publique : « Nous ne pouvons plus reculer. Le piège nous est tendu, nous devons y aller » Sous-entendu, « Quoiqu’il en coûte ». Il n’a pas employé le mot « piège » mais la tournure de phrase utilisée correspond à cette définition.

    Les Russes auront tout fait pour éviter de tomber dans le traquenard qui leur était tendu. 

    Entre-temps, il s’était passé beaucoup de choses :

    -    En 2009 le président Poutine était venu à Bucarest au sommet de l'OTAN. Il faut relire les déclarations de Bucarest, le sommet de l'OTAN dans le Conseil OTAN-Russie dans lequel les Américains et les Russes s’entendaient sur une défense antimissile commune. Le chemin entre 2009 et 2021 est incroyable !  Incroyable de duplicité, de part et d'autre sans doute. Et pour les observateurs du Quai d’Orsay, c’est une curiosité de voir comment le président Poutine va abandonner la position de force qui est encore la sienne, le 23 février, pour se lancer dans l'aventure comme il l’a d'ailleurs nommée dès noël 2021.  Une curiosité car, selon eux, il n’y a pas de rationalité… Il faut se rappeler ce que disait le général Weygand, en 1920, quand il vient au secours de la Pologne, il décrit « l'âme russe et son désir d'ordre » de façon très intéressante. A ce titre, il se méfie de ce qu’il a nommé « le dérapage classique des tsars ». Un principe bien connu : « C'est l'unification de toutes les terres russes et le nivellement du territoire ». La « récupération » de la Crimée, simple cadeau de Khrouchtchev à l'Ukraine soviétique en 1957, participerait, selon ces « observateurs » de cet état d’esprit…

    Selon ces mêmes diplomates, aujourd'hui, « le président Poutine n’est qu’un grand tsar qui applique les vieilles méthodes, avec toute la brutalité de l'époque »… Nous ajouterons, à titre personnel : « Sans oublier que devant le traquenard qui lui était tendu, il n’avait pas d’autres options »

    Tout cela est la lecture factuelle des épisodes que nous connaissons de 2009, 2014, puis l'annexion de la Crimée, l'histoire de la Crimée, puis la volonté ukrainienne, soufflée par une équipe américaine très forte dans laquelle il y a des gens que nous connaissons bien : c’est la ligne Wolfowitz (penseur stratégique de la politique étrangère américaine). Une ligne très dure à l'égard de la Russie : « il faut aller jusqu'au bout ».

    Certains diplomates américains se demandaient encore, pourquoi, en 1918, le Maréchal Foch vous n’était pas allé jusqu’à Berlin ? Pourquoi ? Selon eux, c’était absurde : « Quand on gagne, il faut détruire » Et là, les Américains nous disent : "Il va falloir que l’on détruise ce pays un jour parce qu'il est beaucoup trop dangereux,  c'est un pays que nous ne pouvons pas nous contenter d’enjamber en regardant la Chine directement » !

    Le « pivotement » sur l’Europe,  ordonné par Obama était un pivotement qui faisait l'impasse sur la Russie,  contrairement au président Biden qui lui, s’y refuse totalement. Pour les gens qui l'entourent, notamment toute l'équipe qui tourne autour de Robert Kagan et de sa femme, Victoria Nuland, numéro 3 du département d'État, mais qui était ambassadrice à l'OTAN au moment des tensions, pour toutes ces personnes, "il faut que la capacité à faire le chemin des intérêts américains regroupe le chemin du monde entier, à n’importe quel prix".  C'est la lecture géostratégique de ce piège, mais il y a d'autres lectures. Nous venons d'évoquer un point avec justement le vieux concept de la Russie à la fois puissance maritime et puissance terrestre.

    Il y a également, toute une partie idéologique dans cette affaire, et on assiste aujourd'hui, à une manipulation à partir de l'idéologie absolument impressionnante.

     Il y a une espèce de pensée unique qui est développée par les uns et par les autres, particulièrement par les Occidentaux. Une pensée unique dont il ne faut pas sortir alors que le problème est autrement plus complexe.

    Ce point-là, essentiel, est lié à la stratégie gazière, mais plus largement, quelque chose de géopolitiquement important dans l’OTAN,  dans le monde occidental. Un monde qui, pour nos observateurs, n'existe plus : le monde occidental est une fiction « Car l'Europe n'est pas à l’Est de l'Ouest, l'Europe, c'est un centre,  ce n’est pas une bordure ». Dans les références géopolitiques de ce dossier, il est parfaitement clair que la question gazière est primordiale, que le gaz de schiste versus le gaz naturel russe est une complication à prendre en compte.

    Par conséquent, North Stream est un défi car il relie deux puissances, dont, depuis McKinder, les Américains disent qu’il ne faut absolument pas qu’elles soient alliées : la puissance russe avec ses réserves naturelles et la puissance allemande avec son industrie.

    Notez au passage que c’est la conviction de la plupart des penseurs Anglo-américains,  Mackinder est un Anglais qui travaille pour les Américains dès 1903.  En 1943, il va redire la même chose : « qu’il faut tout faire pour éviter que la puissance allemande et la puissance russe se connectent et, que c’est fondamental ».

    Ce « fondamental » va se superposer à la question du gaz. Il faut avoir en tête qu’en 2015 quand il y a cette affaire des accords de Minsk, les Allemands, les Français vont faire avec les Russes et les Ukrainiens, une sorte de corrélation avec un plan de paix, un plan de fédéralisme… Mais tout cela est insupportable pour deux puissances : les Anglais d’abord, et les Américains ensuite.

    Les Anglais ont été les « cornacs » des Américains pendant un certain temps sur toutes ces questions géopolitiques.

    Les deux puissances extra-européennes que sont la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, vont tout faire pour inciter les Ukrainiens à ne pas appliquer ces accords de Minsk pour les raisons évoquées plus haut (éviter la connexion entre les puissances Allemandes et Russes) mais surtout pour privilégier leurs intérêts commerciaux (il leur faut vendre leur gaz de schiste à tout prix). Et pour ce faire, ils vont réussir à mobiliser toute l’Europe à travers l’OTAN, pour un objectif défavorable à l’Europe mais qui les favorise.

    C’est une magnifique manipulation. C’est surtout une très belle conception tactique qui s’adresse à une Europe qui n’a pas de vision stratégique et qui ne semble pas comprendre que, sans réunifier l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, comme l’avait dit le Général de Gaulle, cela revient à empêcher la construction européenne d’arriver à ses fins. Cet objectif-là est insupportable pour les Américains depuis le début : l’Europe continentale de l’Atlantique à l’Oural deviendrait de fait un centre géopolitique, un centre qui aurait sa propre énergie et sa propre stabilité, un équilibre des forces…

    Quand on regarde tout cela, on comprend que l’Europe ne peut fonctionner que s’il y a un équilibre entre ces différentes parties et, aujourd’hui pour sortir de cette impasse dans laquelle nous nous trouvons, il faudrait décider s’il est encore possible d’offrir une place à la Russie dans le concert européen.

    Quand on dit cela aux Polonais, pour eux, bien sûr, la Russie dans l’Europe, c’est impensable. C’est aussi l’illustration que l’Union européenne n’est pas capable de porter un projet autonome de centralité sur lequel les diplomates européens ont beaucoup travaillé depuis vingt ans.

    A ce stade, il n’y a plus de possibilités, cette voie est coupée et l’Europe n’a plus d’avenir stratégique.

    Aujourd’hui, on a une Europe divisée, c'est le moins qu'on puisse dire, les pays Nord de l’Europe, avec la Pologne en particulier, ont pris une position en pointe. On a l'Allemagne qui joue un jeu très personnel. Dans beaucoup de domaines, on voit les pays du Sud qui souffrent économiquement de cette affaire. En définitive, l'Europe, est en très mauvaise posture économiquement, alors que les Américains gagnent beaucoup, en particulier avec le gaz de schiste. Ils ont remplacé le gaz du Nord par le gaz de l'Ouest à des prix exorbitants.

    Et d'un autre côté, on a la Turquie qui bénéficie aujourd'hui des accords avec la Russie où elle remplace l'Europe sur le plan agricole, sur le plan alimentaire et autres, et qui est en train de gagner sur tous les plans. La Turquie, qui est le meilleur allié des États-Unis dans cette zone, applique le principe assez classique, des multi coopérations. Elle utilise sa capacité de nuisance un peu partout…

    Et, pendant ce temps, il y a toute une partie de la planète qui regarde le déroulement des évènements avec beaucoup d'intérêt, parce que la pression idéologique de l'Occident sur la marche du monde est devenue quelque chose d'inacceptable pour la plupart des pays. Les BRICS, en particulier, ne veulent plus de cette pression. Ils refusent de s'allier avec l’un ou avec l’autre.                

    On ne parlera pas de Chine aujourd'hui,  mais la Chine regarde ça avec beaucoup d'intérêt, veut de la stabilité, souhaite également qu'il y ait un temps de décantation de toutes les anciennes histoires impériales du monde. A ce titre,  la Russie est gênante pour la Chine qui, malgré tout, l’accueille très volontiers dans le camp de ceux qui ne veulent plus de la domination occidentale. Dans les années 1930, l’amiral Castex, l’un des très grands stratèges français qui a beaucoup travaillé sur la Russie, disait que « le balancement de la Russie entre l’Est et l’Ouest, entre sa partie asiatique un peut tatare et sa partie occidentale un peu européenne a toujours été l’une de ses constantes ».

    Nous l’avons vu, après la rencontre de Bucarest, le président Poutine a pu s’entendre avec les Français et les Allemands avant d’être désavoué, parce que les Anglais et les Américains l’ont voulu ainsi. Et, il va se retourner vers l’extérieur, vers la Chine. Les Chinois sont très attentifs à la Russie, cet immense pays dont une partie est quand même une extension tardive vers des horizons très asiatiques.

    Aujourd’hui, pour sortir de cette impasse, il faut que l’Ukraine, dont la nationalité vient d’éclore, car elle est toute nouvelle, l’Ukraine qui n’a jamais réellement existé comme une nation mais,  qui depuis le début du conflit, apparaît comme une nation affirmée qui a son droit à la liberté, à l’autonomie et à son positionnement. Mais, l’Ukraine doit aussi respecter le droit des populations. Les Ukrainiens de l’Ouest doivent respecter le droit à l’autodétermination des Ukrainiens de l’Est. Par conséquent, les frontières juridiques de l’Ukraine aujourd’hui, sont un obstacle sur lequel il va falloir trancher.

    Il va bien falloir évoquer de l’obstination du président Zelenski, appuyé par les néoconservateurs américains, à reconquérir la totalité du territoire, en particulier les régions russophones. Cela est impossible, c'est évident.

    On constate,  d'ailleurs, que les changements dans l'appareil militaire russe annoncés ces derniers jours,  sont l’expression d’une ligne qu’on a fortifiée, qu’on va tenir, et de laquelle on ne va plus bouger. Ils sont en train de faire sauter le verrou pour aller vers Kramatorsk. En réalité, ils sont en train de sécuriser leur zone, ils ne font que réaligner leurs forces sur les régions de l'Est.

    Par ailleurs, l'un des problèmes que nous rencontrons, idéologiquement, c'est l'obstination de cette guerre de l'information que nous connaissons. Il y a plusieurs champs : géostratégique, géoéconomique, idéologique.

    Cette guerre de l'information s'adresse principalement à des opinions publiques qui sont ciblées pour pouvoir porter un message.

    Quand on fait supporter à la Russie le message de vouloir conquérir toute l'Ukraine, C’est faux. Il n’en a jamais été question. Et il faudra le temps qu'il faudra à la sagesse des hommes, et à leurs calculs pour prendre en considération cette réalité que la Russie n'est pas,  l'ouest de l'Asie, que l'Ukraine n'est pas l'est de l'avancée de l'Europe.

    C'est cela l'histoire européenne, ce sont des points d'équilibre et des points de force.

    En ce qui concerne la guerre de l’information, on voit les grandes puissances, en particulier les Américains, les Ukrainiens, les Russes, utiliser l'information pour faire passer un concept, et des idées même si elles sont totalement fausses. Le plus fascinant quand même, c’est la manière dont les médias, en Europe surtout, reprennent, sans les vérifier, quantité d’informations qui sont fausses. Comment tous ces médias font, en toute conscience, de la propagande. Cette guerre de l’information est quelque chose de nouveau qui doit nous interroger, nous faire réfléchir, ne pas foncer tête baissée pour relayer de fausses informations.

    Pendant ce temps, aux Etats-Unis, il y a des gens qui œuvrent pour trouver un compromis : Jack Sullivan (USA) et Nicolaï Patrouchev (Russie) font tout pour cela, de manière à rester en-deçà du seuil nucléaire. Il y a aussi, aux Etats-Unis, des gens qui veulent reprendre « la mondialisation marchande heureuse », qui ne veulent pas arrêter les flux parce que ça coûte très cher… Enfin, l’opinion publique américaine ne s'intéresse absolument pas à l'Ukraine, n’a aucune solidarité avec ce pays. Les diverses opinions publiques américaines ne vont pas tarder à exiger qu’on en finisse avec ce conflit, qu’on en revienne aux choses sérieuses : les réalités socio-économiques américaines. Il ne faut pas oublier que le pays est extrêmement divisé, qu’il a perdu son point d’équilibre politique, social, historique.

    Les Américains butent encore en permanence sur les 600 000 morts de la guerre de Sécession, dans la balance, pour arriver à trouver un point d’accord entre le Nord et le Sud. La Russie et l’Ukraine, c’est un peu la même chose.

    Il va peut-être se passer quelque chose aux Etats-Unis où ils ont enfin élu le président de la Chambre des Représentants américaine qui est un républicain. Son élection a été très difficile : quand on considère ce qui a été discuté, les points d'accord entre eux pour arriver à le faire élire : le moins qu'on puisse dire, c'est qu’ils veulent freiner la guerre en Ukraine, ils veulent négocier…

    Il est intéressant de voir que le pouvoir aux États-Unis, qui est flottant entre différents acteurs,  est toujours négocié de la Chambre des Représentants, au Département d’Etat  au Pentagone, ce pouvoir a beaucoup de régulateurs rationnels.

    Le débat entre le chef d'État-major Interarmées américain et le secrétaire d'État est très intéressant à observer car, il y a là plusieurs visions, plusieurs regards, plusieurs stratégies américaines qui sont en compétition et finalement, le point d'accord ne se fera pas sur la conduite, à la dernière extrémité, de la récupération de la Crimée.  Et ça, si les Ukrainiens ne le savent pas et il faut leur dire.

    Il est important de bien regarder cette réalité politique américaine. Quand on voit effectivement la position de Blinken, le patron des Affaires étrangères qui est un néoconservateur revendiqué qui veut vraiment tout casser,  et celle de Miley, le chef d'état-major des armées qui dit : « Mais attendez, vu la situation militaire, il est évident qu'il faut négocier ». Il est finalement rassurant de voir dans un pays comme les États-Unis, cette opposition très forte, au plus haut niveau de l'État

    Le combat entre l'Ukraine et la Russie un combat fratricide. C'est une guerre interne avant d'être une guerre externe. C’est une guerre de sécession soutenue de l'extérieur pour de mauvaises raisons. Mais au fond les Ukrainiens forment initialement une même société qui est un peu plus occidentalisée à l'Ouest pour les Ukrainiens. ET asiatique à l'Est. Moscou s’est débarrassé des Tatars, mais reste quand même tourné un peu vers l'Est et donc il y a quand même une communauté d’intérêts :  les oligarques des deux pays se connaissent parfaitement, ils ont les mêmes outils. Il y a eu en 1997 un arrangement entre les Russes et les Ukrainiens. N’oublions pas que Sébastopol a été louée par les Ukrainiens à la Russie avec un bail de 20 ans qui a été porté à 42 ans. Et ce n’est qu’au moment où ce bail a été dénoncé que les relations ont changé.

     La négociation entre Gorbatchev et les Occidentaux avec l'effondrement de la Russie, a quand même abouti à ce que les Russes perdent près de 50% de leur pouvoir d'achat brutalement en quelques mois. Donc imaginez, en France, si vous perdiez 50% de votre pouvoir d'achat dans les semaines à venir ? Cela a été épouvantable et reste gravé dans la mémoire collective russe parce qu'ils n’ont pas oublié que l'arrivée du capitalisme en définitive, s’est traduit par un effondrement du niveau de vie de tout le monde. Ils ont vécu une période effrayante et ça, ils ne l'ont pas oublié.

    La population a retrouvé un niveau de vie correct, selon les secteurs, à partir de 2007 et il leur a fallu attendre 2010 pour retrouver des conditions de vie améliorées. C’est la grande réussite d'ailleurs du président Poutine. On parle du pouvoir absolu de Poutine mais derrière, il y a aussi le mythe, il y a  des scientifiques de grande valeur, la Russie, c'est une énorme machinerie, bureaucratie administrative très puissante et qui a permis à son président de  remettre sur les rails tout le pays.

    C'est pour cela que dans toute cette affaire, tout est très compliqué. Il est important d’avoir un point de vue qui permet de dégager des lignes de force qui ne sont pas celles du « Day to Day business », comme disent les Américains, mais au contraire d'essayer de comprendre les fondamentaux parce que c'est avec ces fondamentaux qu’on va arriver à trouver les formules pour la paix. C'est ce que nous souhaitons tous. »

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  • L'affaire Nord Stream : "A qui profite le crime" ?

    Après une semaine de spéculations en tous genres concernant les explosions inexpliquées qui ont provoqué quatre fuites géantes sur les deux gazoducs près de l'île danoise de Bornholm, la simultanéité des explosions et l'affirmation des sismologuesqu'il ne s'agissait pas d'un tremblement de terre, ont permis à tous les observateurs d'écarter l'hypothèse d'un accident pour ne retenir que la thèse du sabotage.   

    Les deux gazoducs éventrés, des milliards de mètres cubes de gaz se sont échappés en mer Baltique. 

    L’Europe a soudainement pris conscience de l’extrême vulnérabilité de ses infrastructures vitales avec pour conséquences immédiates d’augmenter les incertitudes sur le marché énergétique.

    Et, pour parachever la destruction des installations, l'eau de mer qui a envahi les tuyauteries, les a définitivement détruites d'après les premières estimations.

    La question que tout le monde se pose est de savoir qui est à l’origine de ce sabotage. Les États-Unis ?  La Russie?  

    Il s’agit là d’un événement historique et pour le comprendre, examinons le contexte : l'Europe traverse une grave crise énergétique due aux sanctions contre la Russie ce qui a obligé les pays européens à importer du gaz hors de prix, de l’inde, de chine notamment qui nous le revend très cher après l’avoir acheté aux Russes. Mais aussi à l’importer des Etats-Unis par bateau ( en doublant leurs exportations vers l’U.E ils ont aussi doublé leurs marges), que l’on peut à tout moment rediriger vers d’autres destinations rendant ainsi l’approvisionnement de l’Europe durablement incertain.

    Par ailleurs, l’Asie a aussi d’immenses besoins énergétiques et la production mondiale n’a pas suffisamment augmenté pour satisfaire tout le monde.

    Il faut donc se préparer cet hiver à des coupures d’énergie que ce soit de gaz ou d’électricité qui vont concerner les particuliers et les entreprises (Arr. du 22 sept. 2022 relatif aux dispositifs de comptage sur les réseaux publics d’électricité – JORF N°0224 du 27 sept. 2022) [1].

    Un problème durable dont on commence à percevoir les premières conséquences : l’exemple de cette boulangerie industrielle belge qui a vu sa facture d’électricité bondir de 500 % passant de 2000 €/mois à 11 000 €/mois l’obligeant à choisir entre vendre son pain à 18 € la baguette ou fermer boutique…

    Cette situation se répète un peu partout en Europe où d’importantes manifestations montrent des chefs d’entreprise brulant leurs factures énergétiques en place publique (Italie, Autriche, Allemagne, Hollande, Slovaquie…) Tous les artisans, agriculteurs, restaurateurs, éleveurs, PME/PMI, industriels, collectivités : des milliers d’entreprises seront mortellement touchées, obligées de mettre leurs salariés au chômage dans une situation ubuesque de forte inflation des prix corrélée à une récession économique.

    Les plus touchées sont d’ores et déjà les petites et moyennes entreprises ; les entreprises industrielles sont en train d’être renflouées par les Etats, à commencer avec les fournisseurs d’énergie directement impactés par la hausse du prix du gaz.

    Pour éviter la faillite, l’Allemagne vient de renflouer le géant gazier Uniper à hauteur de 15 milliards d’euros. Chez nous, EDF a reçu 10 milliards d’euros, idem pour la Finlande et la Suède, 23 milliards,

    En tout, les pays européens ont dépensé 450 milliards d’euros pour compenser les effets des sanctions… Et nous ne sommes pas encore en hiver… Par ailleurs, ces Etats n’ont pas l’argent pour renflouer leurs entreprises, se condamnant à des records d’endettement sur les marchés financiers où les intérêts des dettes augmentent car il devient de plus en plus risqué de prêter à des Etats qui ne font que sauver des entreprises en faillite sans perspective d’amélioration.

     Pour aggraver la situation, la Banque centrale européenne (B.C.E.) augmente ses taux directeurs et commence à arrêter de racheter des obligations d’Etat[2] avec pour conséquences à court terme, une explosion des intérêts sur la dette : la boucle infernale est enclenchée : cela va coûter de plus en plus cher de s’endetter et il va falloir de plus en plus s’endetter.

     Malheureusement, cette politique-là n’arrête pas l’inflation et ne permet pas non plus d’arrêter la dévaluation de l’euro qui perd chaque jour un peu de sa valeur face au dollar au point de surenchérir excessivement le coût de nos importations et celui de l’énergie

    C’est le serpent qui se mord la queue quand l’industrie, grande consommatrice d’énergie, annonce la faillite en Allemagne du géant Hakle (ce qui fait exploser le prix du papier toilette), ou bien des fermetures temporaires en attendant que les prix de l’énergie redescendent.

    De son côté, Arcelor-Mittal, face à la baisse de la demande et à la flambée de l’énergie, réduit sa production et ferme « provisoirement » deux de ses hauts-fourneaux en Europe. Le sous-traitant automobile Dr Schneider, la chaîne de boutiques de chaussure Görtz ont annoncé leur failliteD’autres sont en cours…

    Ce n’est qu’un début. La situation devrait empirer cet hiver quand les coupures d’énergie vont se généraliser, quand les investisseurs vont vouloir sortir du bourbier économique européen, quand les Etats ne pourront plus s’endetter sur les marchés financiers et donc ne pourront plus renflouer les industriels lesquels n’arriveront plus à revendre leurs productions hors de prix à des Européens au chômage, victimes d’une inflation incontrôlée.

     Par effets induits,  l’industrie européenne s’effondrera pour le plus grand profit de la concurrence états-unienne où les prix de l’énergie sont dix fois moins chers que chez nous, sans risque de coupures.

    De facto, des délocalisations sont à prévoir.  Pas des usines : des installations comme les hauts-fourneaux ne sont pas délocalisables, mais les capitaux seront investis outre-Atlantique, des transferts de compétences et des mutations de salariés.

    Le gouverneur de l'Oklahoma énumère les avantages de cet état du sud des Etats-Unis pour les investisseurs dans une interview au quotidien allemand des affaires, le Handelsblatt. Soixante entreprises allemandes dont LufthansaAldiFresenius et Siemens ont déjà fait leurs calculs pour s’implanter en Oklahoma. À la clé, 300 millions de dollars d'investissements dans la région.  Ne laissant qu’un champ de friches industrielles derrière eux et des millions de chômeurs, les financiers s’en sortiront bien.

    Les Etats-Unis n’ont jamais créé autant d’emplois industriels que cette année : 350 000 en un an seulement avec une augmentation de la construction d’usine de 116 %. L’Etat fédéral va investir 53 milliards rien que dans l’industrie des micropuces en 2022 et  37 milliards d’investissements dans les voitures électriques. D’autres encore, sont prévus  dans la chimie, le sanitaire etc.

    En tout ce sont 500 milliards de dollars d’investissement programmé par l’Etat, sous couvert d’écoblanchiment (greenwashing) pendant que nous, en Europe, dépensons 250 milliards d’euros juste pour renflouer des entreprises « zombies »[3]

    Mais il n’y a pas que l’Etat américain qui investit dans son industrie : Micron Technology va investir 150 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie dans la fabrication de microprocesseurs. Désormais, il semble évident que l’avenir du bloc industriel occidental est aux Etats-Unis et non plus en Europe.

    D’autres facteurs conjoncturels comme, entre autres,  l’escalade militaire en Chine pousse les investisseurs américains à sortir de ce pays pour mieux investir chez eux.

     Il n’est finalement pas utile qu’une guerre se déclenche : les sanctions permettent aux Etats-Unis de mettre hors-jeu ses deux principaux concurrents industriels que sont la Chine et l’Allemagne ; l’Amérique devient dès lors une « valeur refuge » pour les industries.

    Conséquences directes : une masse énorme de capitaux étrangers afflue dans le pays permettant à l’Etat américain de réindustrialiser massivement et à moindre frais. Un retour sur investissements.

    Quant à la dépendance énergétique et économique de l’Europe envers les Etats-Unis, elle va s’aggraver d’année en année assurant ainsi la soumission de tout un continent (l’Europe) qui va s’aligner dans tergiverser sur les intérêts Etats-Uniens.

    Retenez bien que la situation en ce moment profite comme jamais à une très grande partie de la bourgeoisie américaine, celle-là même qui possède les médias et finance les campagnes électorales des candidats européens[4]

    Cette situation, malgré tout, ne fait pas que des heureux en Europe chez les dirigeants politiques ou la grande bourgeoisie : il y a tout un pan de la bourgeoisie industrielle d’Europe qui va perdre beaucoup au jeu des sanctions, par la fermeture d’usines, par l’augmentation des prix, par la crise financière, par la faillite comptable des Etats européens mais, surtout, par la paupérisation de millions d’européens qui vont faire chuter la consommation intérieure.

    Quant à nos gouvernements, ils vont devoir payer le prix politique de leur soumission, de leur asservissement à des intérêts étrangers, de leur collaboration active au démantèlement méthodique de notre pays et de nos institutions.

    La colère des peuples peut être redoutable : plusieurs manifestations non relayées par les médias, ont mobilisées plusieurs centaines de manifestants partout en Europe, des dernières semaines (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Italie, Espagne, France…). 

    Plus on va aller vers l’hiver, plus cette crise historique va s’aggraver, plus les revendications légitimes de vouloir mettre fin aux sanctions pour pouvoir réimporter du gaz russe et se sortir de ce bourbier montent en puissance, notamment en Allemagne.

    Parce que l’Allemagne a une double particularité :

    c’est la première puissance industrielle européenne (29 % de son PIB), et c’est donc elle qui a la bourgeoisie qui a le plus à perdre avec ces sanctions ;

    en Allemagne, il y a le Nord Stream 1 et 2 qui par simple décision politique, permet d’importer 110 milliards de m3 de gaz/an. Donc, à tout moment, sous la pression du peuple instrumentalisé par cette bourgeoisie industrielle allemande qui va tout perdre dans cette histoire, le gouvernement allemand peut décider de réimporter massivement du gaz russe et tenter d’éviter ainsi l’effondrement du pays.

    En réalité, le maintien de ces sanctions à l’intérieur de l’Europe sont tellement contradictoires, créent tellement de tensions, desservent tellement les intérêts de beaucoup d’hommes d’affaires puissants, créent une telle instabilité, qu’il n’est pas idiot de penser que les gouvernants qui voudront sauver leur peau auront peut-être le déclic de ne pas attendre la dernière extrémité, celle qui rendrait tout retour en arrière impossible.

    C'était sans compter avec les sabotages et, les gazoducs étant hors d’état de fonctionner, l’importation de gaz russe par le nord est devenue techniquement impossible. Quant à l’Ukraine où passent d’autres gazoducs qui relient l’Europe à la Russie, son président et ses acolytes ne s’opposeront jamais aux intérêts des Etats-Unis dont ils sont totalement dépendants (les aides financières tombent toutes les semaines).

    Il ne reste qu’un gazoduc de moindre capacité passant par la Biélorussie et la Pologne, insuffisant pour assurer le sauvetage de l’Europe économique.

    Concrètement, ce sabotage est une assurance que les pays européens iront bien au bout des sanctions sans avoir la possibilité de faire marche arrière. Qu’importe les conséquences : la ruine de l’Europe, la misère des peuples, il n’y aura plus de gaz russe parce que les installations ont été sciemment détruites. Les Européens n’ont plus les moyens techniques de revenir en arrière et devront aller au bout de ce suicide politique, économique et financier qui résultent de ces sanctions imbéciles, garantissant aux Etats-Unis de récolter les fruits de cette faillite européenne .

    Au prix de quelques kilos de TNT posés au bon endroit, les Etats-Unis qui avaient vainement tenté d’empêcher la construction du Nord Stream 2 par des sanctions extraterritoriales, sans y parvenir, viennent de réussir à interrompre le fonctionnement des deux gazoducs grâce à la guerre en Ukraine.

     Et par la magie d’un sabotage providentiel, ils viennent de s’assurer de l’asservissement de l’Europe aux intérêts américains. Bien sûr, nous n’avons pas les preuves matérielles de qui a fait quoi, mais nous connaissons les conséquences à court terme et cela suffit à forger des convictions. Tout comme l’eurodéputé Radoslaw Sikorski qui a tweeté : « Thank you, USA ».

    Nous allons vivre des moments difficiles, et une grande instabilité politique qui nous donnera l’occasion de balayer cette oligarchie incompétente et corrompue. Nous n’avons plus le choix et rien à perdre : il va falloir y aller…

    Ensemble, nous pouvons changer les choses. Soyons solidaires.

     


    [2] Une obligation d'Etat est un titre de créance qui est émis directement par un Etat (par exemple, la France) se positionnant alors comme emprunteur.

    [3] Au regard de sa faible productivité, de sa dette élevée, de sa rentabilité faible, de sa petite taille aussi, c’est une entreprise qui devrait disparaître et qui pourtant survit, notamment en bénéficiant, malgré ses-ces difficultés, de conditions de financement avantageuses

     

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