• Le traité de Maastricht 30 ans après - Le bilan - 2ème partie

    Le traité de Maastricht a été étoffé par plusieurs traités ultérieurs qui ont encore accru les pouvoirs dévolus aux institutions européennes, au détriment des Etats.

    Le traité d'Amsterdam (1997) a ainsi réaffirmé le monopole d'initiative de la Commission européenne et imposé le passage à la majorité qualifiée pour la plupart des votes du Conseil des ministres de l'Union européenne (leConseil»), rendant possible d'imposer à un Etat de nombreuses décisions allant à l'encontre de ses intérêts nationaux.

    Ce traité place également l'immigration, la délivrance des visas et l'exercice du droit d'asile sous le contrôle européen et instaure un « haut représentant de la Politique étrangère et de sécurité commune»(PESC), présenté dans la presse comme un « ministre des Affaires étrangères de I ‘Europe», dont le rôle est de pousser les Etats-membres à adopter des positions communes, même et surtout, lorsque leurs intérêts sont divergents - ce qui est presque toujours le cas.

    Le traité de Maastricht 30 ans après - Le bilan - 2ème partie

     

    Le traité de Nice(2001) comporte pour sa part des évolutions majeures en ce qu'il prépare les élargissements de 2004 et 2007,qui ont fait passer l'Union européenne de 15 à 27 membres (puis à 28 en 2013 avec la Croatie, et de nouveau à 27 après le Brexit).

    Ce deuxième traité vise donc à adapter les institutions européennes pour les faire fonctionner à 27, ce qui signifie limiter au maximum la capacite d'obstruction et l'influence de chaque Etat pris individuellement.  Cela a conduit à accroitre le poids de l'exécutif européen, à réduire encore le champ d'application de la règle de l'unanimité pour la prise de décisions et à diminuer le pouvoir des grands pays», dont la France.

    UN EXÉCUTIF EUROPÉEN PLUS PUISSANT ET MOINS CONTROLÉ

    A partir du traité de Nice, le président de la Commission européenne et le collège des commissaires sont désormais nommés à la majorité qualifiée, et non plus à I ‘unanimité, par le Conseil européen des chefs d'Etat ou de gouvernement. Un Etat peut donc se voir imposer une ou des personnalités étrangères qu'il rejette, à des postes clés de la Commission européenne.

    Le président de la Commission acquiert également de larges pouvoirs : répartissant les responsabilités au sein de la Commission, il peut remanier l'attribution des portefeuilles. Il dispose aussi d'un pouvoir hiérarchique sur les commissaires et peut mettre fin aux fonctions d'un des membres de l'instance après autorisation du collège statuant à la majorité simple.

    Le pouvoir qu'exerce actuellement Ursula von der Leyen, à la tête de l'exécutif européen, s'inscrit dans une évolution préparée de longue date par les traités européens qui n'ont cessé d'étendre les fonctions de la Commission européenne tout en diminuant le contrôle des Etats sur cette dernière.

    C'est à la faveur de cette évolution qu'elle a pu prendre des décisions outrepassant largement ses prérogatives, comme :

    1. 1)    la conclusion, dans la plus totale opacité, de contrats avec les laboratoires pharmaceutiques concernant les vaccins contre le Covid-19 (au total, environ 10 doses par habitant de l'Union européenne ont été réservées) ;
    1. 2)    le bannissement des médias russes diffusant dans les Etats membres de l'U.E. ;
    1. 3)    l'octroi à répétition d'une aide financière au gouvernement ukrainien.

    Ces dérives, de plus grande ampleur que celles qui avaient conduit à la démission de la Commission Santer en mars 1999, n'ont donné lieu à aucune sanction concrète jusqu'à présent.

     Le Parquet européen a tout juste été contraint, par l'opiniâtreté de quelques parlementaires européens, d'ouvrir une enquête sur la connivence, propice à toutes les corruptions, entre la Commission européenne et Pfizer.

    POUR LA DÉFENSE DES « DROITS FONDAMENTAUX ».

    Autre évolution qui a, depuis, révélé son redoutable potentiel de nocivité, le traité de Nice fait entrer dans le traité sur l'Union européenne (TUE) la possibilité pour la Commission européenne, le Parlement européen ou le Conseil de l'Union européenne de proposer des sanctions contre un Etat membre présentant un « risque de violation des « droits fondamentaux » (et non plus seulement un cas de violation avérée, cette disposition résultant initialement du traité d'Amsterdam).

    Cette procédure purement politique, assise sur des principes moraux très flous d'un point de vue juridique, permet à la Commission européenne de contraindre les Etats dont les gouvernements sont rétifs, à ses injonctions.

    C'est sur cette base que, le 20 décembre 2017, l'article 7 est déclenché à l'encontre de la Pologne par la Commission européenne, au motif qu'une réforme de la Cour constitutionnelle ne garantissait pas suffisamment son indépendance par rapport au pouvoir exécutif.   

    Il est extraordinaire de voir que ce reproche formulé à la Pologne est épargné à la France où les membres du Conseil constitutionnel sont nommés à discrétion par le président de la République et les présidents des assemblées parmi leurs amis politiques, parfois dépourvus de toute compétence juridique.

     

    De même, le 12 septembre 2018, deux tiers des eurodéputés votent en faveur du déclenchement de la même procédure contre la Hongrie. Les «préoccupations» du Parlement européen portaient alors sur «l'indépendance de la justice, la liberté d'expression, la corruption, le droit des minorités et la situation des migrants et des réfugiés ».

    LA MARGINALISATION DE LA FRANCE

    Le traité de Nice a fait passer de 2 à 1 le nombre de représentants de chaque « grand pays »,dont la France, au sein de la Commission européenne.

    En quelques années, la France est donc passée d'une situation où elle disposait de deux postes dans une Commission de 20 membres, soit 10% de l'effectif, à une situation où elle ne disposait plus que d'un seul poste dans une Commission à 28 membres, soit aujourd’hui,  3,6% de l'effectif.

    S'ajoute à cela le fait que le traité de Nice a creusé le déséquilibre entre Allemagne et France, en ce qui concerne leur nombre de représentants au Parlement européen.

     L'Allemagne a conservé les 99 députés qu'elle avait déjà, tandis que la France en a perdu 15, passant de 87 à 72.

    L'un des principes essentiels de la construction européenne» à ses débuts était la stricte égalité entre la France et I’ Allemagne dans tous les domaines.

    Mitterrand n'ayant pas fait de ce point cardinal un intangible, le traité de Maastricht avait rompu cette règle à l'occasion de l'absorption de l'Allemagne de l'Est par l'Allemagne de I’Ouest. Cette dernière était passée de 81 à 99 députés quand la France était, elle, passée de 81 à 87. Par la suite, le nombre des députés au Parlement européen a encore évolué, notamment avec le Brexit, à l'occasion duquel la France a récupéré 5 sièges. Actuellement, la France compte 79 eurodéputés contre 96 pour l'Allemagne.

    Le poids de la France a, enfin, reculé au sein du Conseil des ministres.

    Avant Nice, la France détenait 11,5% des droits de vote pour les votes à la majorité qualifiée ; après Nice, elle n'en détient plus que 8,4%, ayant dû en céder aux nouveaux membres attendus. Cette évolution est survenue alors que le vote à la majorité qualifiée était étendu à de nouvelles matières, l'unanimité restant la règle principalement pour la politique étrangère et de défense, la fiscalité, la justice, les affaires intérieures et les questions relatives à l'évolution juridique ou du périmètre géographique de l'Union européenne.

    Si, en principe, les questions de politique budgétaire et sociale restent également du ressort exclusif des pays, ces domaines tombent largement sous le coup des    injonctions de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne, destinées à faire « converger» les économies pour assurer la survie de l'euro.

    LE TRAITE DE LISBONNE (2008)

    Le traité de Lisbonne est une copie quasi-conforme du « traité établissant une Constitution pour l'Europe », rejeté par les Français à 54,67% le 25 mai 2005.      ll n'introduit que quelques nouveautés.

    La première est le « respect des minorités » : cet ajout mentionné à l’article 1bis du traité constitue un fondement juridique à toutes les revendications régionalistes, autonomistes voire indépendantistes qui parcourent les pays de l’U.E. Cette entaille subreptice portée à l’unité des pays européens, s’articule avec la politique sournoise dite « d’Europe des régions » qui vise à morceler et à affaiblir peu à peu les Etats membres en promouvant les forces centrifuges qui les traversent…

    En outre, cette adjonction a ouvert la voie à une avalanche de revendications catégorielles (c’était le but), fondées sur l'appartenance à une ethnie ou à une religion particulière, ou sur l'orientation sexuelle, la dysphorie de genre, etc.

    Au point même que le soutien avéré de la Commission européenne au port du voile islamique, à des associations proches des Frères musulmans, ou aux lobbies LGBTQIA+ est désormais présenté mondialement comme l'un des éléments essentiels des valeurs européennes,  ce qui a de quoi se faire retourner dans leur tombe le Pape Pie XII et les «pères fondateurs» de la «construction européenne», tous « démocrates-chrétiens ».

    Que l'on soit pour ou contre cette évolution, force est de constater que le discours militant et prosélyte qui les accompagne de la part des instances européennes se heurte au rejet d'un grand nombre de dirigeants du monde (Chine, Russie, nombre de pays africains), y compris au sein même de I'Union européenne (Pologne, Hongrie).

    La deuxième nouveauté du traité de Lisbonne est la reconnaissance de la personnalité juridique de l'Union européenne, qui peut devenir membre d'organisations internationales, ester en justice ou conclure des accords internationaux dans l'ensemble du champ de ses compétences.                             

    De cette époque a pris forme dans les cercles européistes, notamment allemands, l'idée que l'Union européenne devrait occuper le siège de la France de membre permanent du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, siège arraché de haute lutte par le Général de Gaulle au prix d’intenses batailles diplomatiques…

    La troisième nouveauté est la création du Service européen pour l'action extérieure (SEAE),sorte de ministère des Affaires étrangères européen doté de ses propres ambassades. La création du SEAE a pour conséquence de forcer les ministères des Affaires étrangères et les ambassades des 27 Etats membres à se coordonner en permanence avec le niveau européen dans un effort épuisant, pour tenter de dégager de chimériques «positions communes » alors que chaque Etat a sa vision propre du reste du monde, héritée de son histoire et de sa position géographique.

    Enfin, la quatrième nouveauté est la possibilité pour un Etat de quitter l'Union européenne selon un processus défini à l'article 50 du TUE, qui prévoit une période maximale de 2 ans pour négocier un accord de sortie, au-delà de laquelle l'Etat concerné quitte de droit l'Union européenne. C'est l'article qu'a invoqué le Royaume-Uni pour mener le Brexit à bien.

    Alors que le traité de Maastricht n'avait été voté qu'à une faible majorité en France (51,04% des suffrages exprimés), la logique fédérale qu'il contenait n'a cessé par la suite d'être amplifiée, jusqu'à proposer aux peuples une « Constitution européenne»

    Aucun référendum n'a été organisé sur les traités d'Amsterdam et de Nice, qui portaient pourtant sur des sujets hautement sensibles dans la société française, par exemple la question de l'immigration.

    Pire, le traité de Lisbonne a servi à contourner le vote négatif des Français du 25 mai 2005.

    C'est de là que date le caractère profondément anti-démocratique de la prétendue construction européenne». Depuis lors, les Français n'ont plus jamais été invités à se prononcer par référendum sur quelque sujet que ce soit, européen ou non.

     

     

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  • LES PROMESSES DE MAASTRICHT CONFRONTÉES À LA RÉALITÉ                                                                                                                                              

    Le traité de Maastricht 30 ans après - Conclusion - 3ème partie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dans son ouvrage célèbre Le Bêtisier de Maastricht, Jean-Pierre Chevènement a récapitulé les promesses mirobolantes formulées dans tous les domaines par les défenseurs du traité pendant la campagne référendaire de 1992.

    Il est intéressant d'en reprendre quelques-unes et de les confronter à la réalité trente ans après :

    • «[Les partisans du « non »] sont des apprentis sorciers.[...] Moi je leur ferai un seul conseil : Messieurs, ou vous changez d'attitude, ou vous abandonnez la politique. Il n'y a pas de place pour un tel discours, de tels comportements, dans une vraie démocratie qui respecte l'intelligence et le bon sens des citoyens» (Jacques Delors à Quimper, 29 août 1992). Jacques Delors est le père de Martine Aubry.

    Commentaire : Depuis trente ans, le traité de Maastricht et les contraintes de l'euro ont imposé des politiques comparables à tous les gouvernements français successifs, de droite comme de gauche, et ont vidé de sens les élections. C'est cette évolution qui est responsable de la hausse continuelle de l'abstention, passée de 31,1% au premier tour des législatives de 1993 à 52,8% au même premier tour, en 2022.

    ·  « Si le traité était en application, finalement la Communauté européenne connaitrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré ». (Valéry Giscard d'Estaing, RTL, 30 juillet 1992). 

    Commentaire : Trente ans après, on constate l’inverse : la part de la zone euro dans le PIB mondial, en parité de pouvoir d’achat, est passée de plus de 20 % à 12 %, dans l’intervalle, quand celle des Etats-Unis, partie de 22 %, est descendue à 16 %.

    La Chine, en revanche, est passée de moins de 5 % à 18,5 %..

    .

    • «La monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ». (Michel Rocard, Ouest France, 27 août 1992).

    Commentaire : Si PIB par habitant a effectivement augmenté en France dans l’intervalle, la différence se creuse en pratique avec l’Allemagne. En 2002, quand circule les premiers euros, la richesse produite par un Français correspond peu ou prou à celle de son voisin Allemand : - 1,6 %. La France est désormais loin derrière l’Allemagne :

             En 2012 : - 3,8 %.

             En 2022 : -14,2 %.

     

    • «L’Europe, ce sera plus d’emplois » (Martine Aubry à Béthune, 12 septembre1992).

    Commentaire : Pour l’industrie, trente ans après, c’est l’inverse. 900 000 postes en moins depuis l’euro. En 2002, l’industrie employait 4 millions de salariés, contre 3,1 millions aujourd’hui. Une désindustrialisation due à des choix politiques hasardeux (1981 – Mitterrand), une monnaie unique surévaluée et à un libre-échange sans garde-fous.

     

    • « Pour aller de l’avant dans les conquêtes sociales, il n’est d’autre avenir que la Constitution de l’Europe » (Julien Dray, député P.S. à l’Assemblée Nationale, 6 mai 1992)

    Commentaire : On constate l’inverse trente ans après : les niveaux de pauvreté, qui s’étaient effondrés jusqu’au début des années 1990, ont depuis remonté vers les niveaux de pauvreté de la fin des années 1970…

     

    • « Ce traité lutte contre la bureaucratie. Le Parlement européen va désormais mieux contrôler la Commission » (Laurent Fabius, 26 août 1992).

    Commentaire : Trente ans après, l’Union européenne est devenue un océan de corruption : on ne compte plus les scandales dans les hautes sphères (sans même revenir, une fois de plus sur la gestion du Covid), un rapport du Parlement européen estimait en 2016 que le coût de la corruption dans l’UE atteignait les 1000 Milliards d’euros.

    En 2014, un audit par la Cour des Comptes européenne avait aussi révélé que l’UE a dépensé 6.97 Milliards d’euros « par erreur ».

    Et dans l’audit pour 2021,  c’était encore entre 2,2 et 3.8 % du budget qui relevaient de « l’erreur » donc entre 3,1 et 5.4 Milliards d’euros d’argent public qui n’est « pas dépensé comme le prévoyaient le Conseil et le Parlement européen lors de l’adoption de cette législation, ou qui n’est pas utilisé conformément aux règles nationales spécifiques »

     

    LES « NARRATIFS » S’EFFONDRENT

    Selon un proverbe égyptien, « l’atout de la verité c’est qu’elle dure ». Elle peut certes y mettre le temps, mais elle finit toujours par s’imposer, portée par la force de la réalité.

    En trente ans les grands « narratifs » fondateurs de la « construction européenne » se sont effondrés à l’épreuve des faits :

    • « L’Europe c’est la paix » était-on sommé de croire : la guerre dans les Balkans puis aujourd’hui celle entre l'Ukraine et la Russie, montrent plutôt l’inverse.
    • « L’Europe sert à faire contrepoids aux Etats-Unis » devait-on penser : bien loin de cela, la « construction européenne » nous fait passer sous les fourches caudines de Washington qui a imposé à l’Europe de prendre des sanctions contre la Russie, nous poussant ainsi à la ruine…
    • « L’Europe, c’est la prospérité » devait-on admettre : l’incapacité de la France à maintenir le niveau de vie de sa population, administre la preuve du contraire.
    • « La construction européenne est le sens de l’histoire » apprenait-on aux enfants : le Brexit a battu en brèche cette croyance en démontrant le caractère réversible du processus.

    Le traité de Maastricht et la mise en place de l’euro ont ouvert la voie à des déséquilibres macroéconomiques de plus en plus profonds à l’intérieur de l’Union européenne qui en condamnent l’existence même à plus ou moins brève échéance. 

    En voici trois exemples clés :

    1. Le creusement inexorable des soldes de la balance des paiements intra zone euro (système « TARGET2 »). Il s’agit d’un système de paiement appartenant à l’Eurosystème, qui en assure le fonctionnement. C’est la principale plate-forme européenne de traitement des paiements de montants élevés, utilisée à la fois par les banques centrales et les banques commerciales pour exécuter les paiements en euros en temps réel. Son déséquilibre qui ne cesse de s’aggraver, inquiète au plus haut point les cercles dirigeants allemands.
    2. L’accroissement colossal du déficit commercial français à l’intérieur de la zone euro, et avec le reste du monde, à cause d’une monnaie qui n’est pas adaptée à nos besoins, vide la France de sa substance.
    3. L’aléa moral, résultant du fait que la Banque centrale européenne rachète la dette publique française dans le marché secondaire, a conduit à l'explosion inconsidérée de celle-ci.

    Pourquoi ces évolutions pourtant très graves ne font-elles pas la une des journaux ?

    Les mécanismes de l'euro font que la France ne supporte pas, du moins pas dans l'immédiat, les conséquences négatives des déséquilibres macroéconomiques colossaux qu'elle engrange.

     

    Ce système pervers conduit à déresponsabiliser totalement les dirigeants français et, à anesthésier la population qui croit, bien à tort, qu’elle peut vivre sans fin à crédit tout en perdant progressivement sa capacité à produire des richesses.

    Les Français doivent se préparer à la fin du règne des mensonges et au retour du principe de réalité, et selon Olaf Scholz, le chancelier allemand, c’est pour bientôt…

    Et, vous l'avez compris : l'Allemagne, majoritaire au sein des institutions de l'U.E., a choisi et installé  Ursula Von Der Leyen à la tête de la Commission européenne où elle œuvre en fonction des instructions qu'elle reçoit du Chancelier Scholtz. Le IV Reich est en marche...

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    2 commentaires
  • Source : https://vz.ru/opinions/2022/12/10/1190201.html

     Guevorg Mirzayan

     Correspondant magazine Expert, Chercheur associé de         recherche de la RAS aux États-Unis et à l’Institut d’études          canadien     

     Il est toujours intéressant d'avoir un point de vue   extérieur...  Cet article a eu un retentissement important en   Europe et   ailleurs... Sauf en France.                                     Mais, Il n'engage que son auteur.

     

    "L’Allemagne se débarrasse des dernières chaînes, éthiques et morales, qui lui ont été imposées après la Seconde Guerre mondiale et sa reddition sans condition, passant du statut d’État                     «éternellement pénitent» à ce qu’elle a été pendant 75 ans (de la création du Deuxième Reich à la chute du Troisième), c’est-à-dire au statut de l’une des principales forces militaro-politiques en Europe.

    Le chancelier allemand Olaf Scholz a clairement formulé et défendu cette idée dans son récent article publié dans les pages de la revue faisant autorité Foreign Affairs. Habituellement, ce genre de prises de position de dirigeants occidentaux dans des publications occidentales est bercé d’idéologie et de pensées manichéennes du genre, «les bons contre les mauvais ». Cependant, le texte de Scholz fait exception : il est assez simple et direct. Ainsi, le chancelier commence par dire que dans un monde où la « Zeitenwende » (c’est-à-dire le tournant historique) a lieu et où « différents pays et modèles de gouvernement se disputent le pouvoir et l’influence », l’Allemagne est le bastion le plus important de l’ordre et du droit international ! Dès lors, « les Allemands entendent devenir les garants de la sécurité européenne : c’est ce que nos alliés attendent de nous » », écrit Scholz. Il poursuit ainsi : nous sommes « Les bâtisseurs de ponts (c’est-à-dire ceux qui cherchent et trouvent des compromis, rassemblent les participants – ndlr) au sein de l’Union européenne et plaidons pour des solutions multilatérales aux problèmes mondiaux ». Et il conclut que « c’est la seule option pour l’Allemagne de surmonter avec succès les failles géopolitiques de notre époque ».

    L’Allemagne face à la « terrible menace » qui émane de la Russie

    Il y a beaucoup de parties sémantiques importantes dans ce texte. Il y a aussi une partie consacrée à la « terrible menace » émanant de la Russie. « Lorsque Poutine a ordonné l’offensive, il a détruit l’architecture européenne et internationale du monde, qui a mis des décennies à se construire », écrit Scholz. Et il précise que « l’Allemagne dirigera l’Europe dans la confrontation militaro-politique face à cette menace ».

    Sur ce point, Herr Scholz est l’héritier direct d’Angela Merkel. Rappelons qu’en 2014, la chancelière de l’époque avait inventé un excellent moyen d’augmenter considérablement l’influence politique de l’Allemagne en Europe, au détriment de la Russie : elle avait décidé simplement de diriger le camp antirusse. Et si avant cela, les Européens avaient peur du pouvoir politique croissant de Berlin de toutes les manières possibles (conscients de ce à quoi ce pouvoir avait conduit au XXe siècle), alors, après le début du conflit russo-ukrainien, ils ont exigé que l’Allemagne « joue son rôle » dans l’endiguement de la Russie.

    Le loup est venu parmi les "moutons européens"

    Il s’agissait alors du rôle politique, du leadership. Mais maintenant, après le début du NWO, les exigences sont liées au rôle militaro-politique. Et Scholz, en bon chancelier, répond à cette demande des « moutons européens » concernant l’irruption d’un loup dans le troupeau. « Le rôle crucial pour l’Allemagne à l’heure actuelle est de devenir l’un des principaux fournisseurs de sécurité en Europe en investissant dans nos forces armées, en renforçant l’industrie de défense européenne, en renforçant notre présence militaire sur le flanc oriental de l’OTAN et en entraînant et équipant les forces armées ukrainiennes », explique le chancelier. En fait, l’Allemagne s’est déjà entendue avec les Polonais sur le déploiement de systèmes de défense aérienne allemands « Patriot » sur le territoire polonais. Il est possible que dans un proche avenir, ils soient complétés par des brigades de la Bundeswehr.

    De plus, dans le cadre de la « guerre muette », l’Allemagne entend renforcer sa position de leader au sein de l’Union européenne. Et pas seulement en raison de son implication dans les Balkans occidentaux (pays de la sphère d’influence de l’Allemagne). Berlin y est favorable au changement de processus décisionnel, en passant du principe du consensus au principe de la majorité : c’est-à-dire l’abolition du droit de la Pologne, de la Hongrie ou de tout autre pays de bloquer les décisions de l’Union européenne. Scholz qualifie ce principe d’« égoïste » et assure que, sans son abolition, l’Union européenne n’aura aucune réactivité. « Alors que l’UE s’élargit et devient un acteur géopolitique, une prise de décision rapide sera la clé du succès », écrit-il. Naturellement, sans mentionner que c’est le droit de veto exercé par la Hongrie qui a sauvé l’Union européenne de l’adoption de sanctions suicidaires au gaz contre la Russie. 

    Enfin, Scholz essaie d’indiquer que ces grands projets de puissance de l’Allemagne ne contredisent en aucune façon les intérêts des maîtres de l’Europe, c’est-à-dire les États-Unis. « Le partenariat transatlantique a été et reste vital pour relever ces défis … Mais un partenariat transatlantique équilibré et durable exige également que l’Allemagne et l’Europe jouent un rôle actif », assure le chancelier. 

    Ainsi, il résout deux problèmesPremièrement, il positionne l’Allemagne comme le bras séculier de l’Amérique, et non comme un rebelle contre la domination américaine dans le Vieux Monde. Deuxièmement, il neutralise les craintes de certains États que l’exclusion des États-Unis de l’UE et le remplacement de l’Amérique par l’Allemagne ne conduisent à l’élimination du seul contrepoids à la puissance allemande (il n’y a plus d’espoir pour la France, et la Grande-Bretagne a quitté l’UE). 

    En même temps, Scholz est bien conscient que l’affaiblissement des positions américaines en Europe est un processus inévitable. Cela va de soi et c’est principalement lié aux processus politiques internes en Amérique. La croissance de l’isolationnisme, le conflit au sein des élites du parti, la fatigue de la population appauvrie face au fardeau des dépenses internationales, etc. Alors pourquoi ne pas prêter maintenant une épaule aux Américains, afin qu’ils bénissent l’Allemagne pour son leadership, et ce d’autant plus puisque les Etats-Unis s’écartent eux-mêmes de cette épaule ?

    Berlin pourra-t-elle réaliser cette ambition ?

    La principale question est de savoir ce qui se passera après le « crawl » américain. Les ambitions allemandes sont grandes. Mais Berlin pourra-t-elle les réaliser ? Apparemment non. Et les raisons d’un tel scepticisme sont multiples.

    L’un d’eux est la qualité de l’élite allemande. Comme leurs homologues des gouvernements d’autres pays de l’UE, les Allemands ont oublié comment diriger leur pays par eux-mêmes. Comme les enfants de moins de 40 ans vivant sous le toit de leurs parents, ils sont habitués à ce que les États-Unis les gouvernent, résolvent tous les problèmes, assument les principales préoccupations de protection militaire et d’évolution des positions. Oui, à un moment donné, le désir de « liberté » se réveille chez les enfants, et ils commencent à se rebeller, à exiger l’indépendance. Cependant, au moment où ils commencent à ressentir le froid glacial de la responsabilité qui s’ajoute à l’indépendance, les enfants prennent du recul dans la zone de confort. C’est exactement cela, en particulier, qui s’est produit sous Donald Trump, lorsque les Allemands se sont vu proposer de reprendre le flambeau du leader du monde libéral rejeté par le propriétaire de la Maison Blanche. Et ils ont eu peur et ont préféré attendre Biden.

    La deuxième raison est l’état de l’économie allemande. On supposait qu’il s’agissait du principal avantage concurrentiel de l’Allemagne dans la lutte pour le leadership militaire et politique. Cependant, les autorités allemandes ont tout fait pour neutraliser cet avantage. En particulier, ils ont abandonné les sources d’énergie russes bon marché, à la suite desquelles les entreprises allemandes vont faire faillite ou vont se déplacer vers d’autres pays (en particulier aux États-Unis).  (à ce sujet, voir notre précédent article "L'affaire Nord Stream")

    Toutefois, la principale raison du scepticisme reste les processus politiques internes en Allemagne. Le refus des élites actuelles de défendre les intérêts nationaux, la crise économique, les mensonges totaux dans les médias (par exemple, les tentatives de blâmer Poutine pour la détérioration de la qualité de vie des Allemands) conduisent à une augmentation de la popularité des forces d’extrême droite. En particulier, depuis l’été, la cote nationale des « Alternatives pour l’Allemagne » a augmenté de près d’une fois et demie. Et les autorités répondent à cette augmentation, non pas par un changement de politique, mais par une « chasse aux sorcières » : l’arrestation de l’ancien groupe radical « Citoyens du Reich », inondé d’agents des services spéciaux, sous couvert d’une prétendue tentative d’organisation d’un coup d’État. Ainsi, Berlin essaie d’écraser les mouvements de droite, mais à la suite de ces tentatives,  ce sera encore plus de radicalisation de la droite, avec sa transformation en parti de véritables néo-nazis.

    Pendant ce temps, les voisins de l’Allemagne voient parfaitement tous ces processus et les comprennent. Peut-être ne seraient-ils pas contre la création du « Quatrième Reich » sous le règne de la RFA, mais ils ne sont absolument pas satisfaits d’assister à la réincarnation du Troisième."

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