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Franc-maçonnerie et politique : les liaisons dangereuses
Serge Abad-Gallardo est un ancien haut fonctionnaire territorial qui a passé plus de vingt ans au sein des loges maçonniques du Droit humain qui est une obédience mixte et internationale. Il a occupé la plupart des postes d'officier de loge y compris celui de Vénérable Maître. Revenu à la foi chrétienne en 2012, il témoigne de sa connaissance du monde de la franc-maçonnerie dans de nombreuses conférences qu'il donne en France et à travers le monde.
Ces dernières semaines, Serge Abad-Gallardo a donné quelques interviews relatives à la parution de ce nouveau livre et, il nous paraît important de nous en faire l'écho car, plus que d'un livre, il s'agit d'un véritable document. qui ne bénéficie d'aucune publicité des grands médias...
Pour relater les propos qu'il a tenu à l'occasion de sa dernière interview radiophonique, et afin de ne pas trahir sa pensée, son discours rapporté en direct, sera encadré par des guillemets
Il y a quatre ans, plus d'un million de téléspectateurs, découvraient Serge Abad-Gallardo, ancien haut-fonctionnaire, qui a occupé la plupart des postes d'officier de loge au sein de la franc-maçonnerie, y compris celui de vénérable maître. A l'époque, il était venu raconter son parcours et les raisons de sa rupture avec les francs-maçons.
Il connaît son sujet et le maîtrise parfaitement. Ce nouveau livre est un témoignage rare et courageux, bien documenté, qui démontre l'influence constante et déterminante de quelques milliers de personnes qui, à partir de "principes" ésotériques dissimulés et d'influences cachées, ont façonné une nouvelle société.
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S.A.G. « Je suis entrée en franc-maçonnerie pour une raison déjà évoquée, à savoir que j'étais en recherche spirituelle d'une part, et d'autre part, loin de l'Église.
Je suis né dans une famille catholique non pratiquante. Ça existe. J'ai été baptisé étant bébé, mais je me suis éloigné de la foi. Donc j’évoque dans le livre les raisons pour lesquelles, notamment, à la suite d’une influence non négligeable de l'enseignement public en France, un certain nombre de personnes s'éloignent de l'Église et de la foi. Et ce fut mon cas. J'étais donc à cette époque-là, en recherche et en questionnement existentiel ; la franc maçonnerie m'apparut être une voie possible.
Généralement, on ne postule pas pour entrer en franc-maçonnerie, on est plutôt approché. C’est donc à la suite de conversations avec une personne qui faisait partie de mon entourage amical que j'ai décidé d'accepter de faire la démarche nécessaire. Ensuite on est, ou pas, accepté par la loge.
J’ai découvert un univers ésotérique et cet univers m’a amené jusqu’au grade important de Vénérable maître. C'est un « office » qui préside au fonctionnement et aux destinées de l'atelier, un terme générique signifiant également « loge ». J’avais dans cette loge, une fonction de direction tant sur le plan ésotérique, sur le plan administratif que sur le plan matériel. Mon parcours se résume plus facilement en constatant que j'ai passé tous les grades classiques : apprenti, compagnon, maître. Par la suite, et surtout, je fus coopté dans les hauts-grades.
Il faut savoir que la très grande majorité des francs-maçons, que j'évalue à peu près à 85 ou 90%, n'entre jamais dans les Hauts-grades.
Les hauts-grades constituent un secret dans le secret.
J'ai eu la particularité, peut-être la chance d'une certaine manière, d'être coopté pour accéder dans les hauts-grades, et ça m'a permis de comprendre un certain nombre de choses.
Il faut préciser que ce qui est discerné dans les Hauts-grades, ne sont que des détails, des précisions de ce qui est déjà contenu dans le grade de maître, mais ces précisions sont nécessaires dans la mesure où elles permettent d'accomplir le parcours maçonnique.
Ces hauts-grades sont plus ou moins nombreux selon les rituels pratiqués par exemple au rite écossais ancien et accepté, qui est celui que j'ai pratiqué et connu pendant 24 années, il y a 33 grades, dont 3 sont des grades inférieurs de loge bleue, au rite Memphis Misraïm, il y en a 99, au rite Emulation (ou rite anglais), il n’y en a que 4… enfin tout cela, ce sont des différences formelles, parce que, fondamentalement, Il s'agit du même projet.
J'ai donc accepté d'entrer en franc-maçonnerie dans le cadre d'une démarche personnelle purement métaphysique, une démarche de recherche comme celle qui caractérise la plupart des démarches des francs-maçons. Ce sont, pour la plupart, des gens sincères en recherche… Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai constaté que finalement, sous le vocable sociétal se cacher une dimension purement politique
Il faut préciser également qu’il y a des obédiences qui sont plus politisées que d'autres, mais je fais une exception, par exemple, pour la Grande Loge Nationale Française et la Grande Loge de de l'Alliance Maçonnique Française, les deux sont liées, l'une étant l’émanation de l'autre ; elles sont plus spiritualistes, et les mauvaises langues des autres obédiences maçonniques les caractérisent plutôt comme des loges affairistes.
A contrario, les autres obédiences sont plutôt des loges politisées comme le Grand Orient, obédience la plus politisée. Il ne faut pas oublier non plus le Droit Humain International plutôt politique, et la Grande Loge Féminine de France, autre obédience sous le projet du féminisme (aujourd’hui dévoyé) a milité pour introduire dans nos lois toutes ces caractéristiques que nous connaissons, notamment, le droit à l’avortement, la GPA etc.
La franc-maçonnerie est passée de l’idéal à l’idéologie, puis de l’idéologie à la stratégie politique secrète… Le secret fait partie de la franc-maçonnerie
Je cite de mémoire Alain Bauer et Roger Dachez qui sont 2 éminents dignitaires de la franc-maçonnerie qui, dans un ouvrage qui titre : La Franc-maçonnerie, nous expliquent que, sans le rituel, par définition secret, la franc-maçonnerie n'existerait plus…
En revanche, il y a des mensonges qui perdurent sur les véritables origines de la franc-maçonnerie, alors qu’elles doivent permettre de mieux appréhender finalement son objectif politique.
On attribue à la franc-maçonnerie, une origine commune avec les constructions des pyramides, des cathédrales, avec les Templiers. Eh bien, ce ne sont que des mensonges pour cacher la réalité. "
Journaliste : Alors le cœur de de ce système que vous décrivez et sans que dans un premier temps cela vous indigne, vous avez compris que la franc-maçonnerie faisait au moins quelque chose de secret : de la politique, et que c'était un instrument de lutte politique ?
"Dans tous mes ouvrages, Je cite des expressions ou des extraits de textes maçonniques qui sont authentiques. Il y a dans le discours qu'on entend en loge cette espèce de mensonge ou d'erreur qui consiste à dire finalement que les francs-maçons sont des héritiers des Templiers, les héritiers des constructeurs de cathédrales, voire de ceux qui ont bâti les pyramides. Là aussi, je reviens à Roger Dachez et Alain Bauer, mais pas seulement eux, d'autres auteurs nous démontrent aussi qu'il n'en est rien et que la franc-maçonnerie telle que nous la connaissons aujourd'hui est née en 1717. Je précise dans mon ouvrage que d'une part, on a du mal à connaître les origines. C'est un franc-maçon des plus hauts-grades qui, dans un livre, nous précise qu’on ne pourra vraisemblablement jamais connaître ses véritables origines puisqu'elles sont secrètes et que même dans les loges, on n'en parle pas, ou du moins on ne on ne sait pas. Eh bien, ce que l’on sait, d'une certaine manière, c’est qu’un groupe d'occultistes s’est réuni et qu’il a fondé la Royal Society à Londres. Parmi les auteurs des premières constitutions maçonniques, il y avait Anderson et Newton qu'on connaît comme physicien mais qui était surtout alchimiste, et magicien… Tous ces gens-là faisant partie plus ou moins de sociétés secrètes, ont décidé un jour de créer la franc-maçonnerie. Quant aux origines prétendument templières ou même chrétiennes, en fait, il y a 2 auteurs que je cite dans certains de mes ouvrages qui précisent bien qu'il s'agit d'emprunts. Il y a 2 théories sur les origines de la franc-maçonnerie : celle de la continuité de rite Initiatique ; cette théorie est battue en brèche par les historiens francs-maçons les plus sérieux. La 2e théorie, c'est celle de l’emprunt à partir de 1717, avec des gens qui ont emprunté à la fois à des sociétés secrètes, mais surtout comme il s'agit d'un syncrétisme religieux, à la religion musulmane, à la religion hébraïque et à la religion chrétienne. Les symboles, par exemple, le delta lumineux, c'est-à-dire le triangle avec l'œil à l'intérieur que l'on prend pour un symbole maçonnique, est un symbole, à l'origine, chrétien."
Journaliste : 1738 en France, c'est important cette date, parce que quand on voit par exemple un député LFI franc-maçon et qui réclament que l'on débaptise le Square Louis XVI à Paris, nous rappelle quand même indirectement que la franc maçonnerie est le conservatoire des idées et des principes de 1789 et que, finalement, elle est indiscutablement cette franc maçonnerie à l'origine de la Révolution française ?
"Tout ce que j’ai entendu en loge, va dans ce sens, tout ce que j'y ai compris également, mais c'est confirmé par le site officiel du Grand Orient de France, où on nous explique que la Révolution française marque le retour aux leviers de commande, de la franc-maçonnerie d'origine bourgeoise et aristocratique. On comprend bien d'ailleurs, et c'est toujours le cas aujourd'hui, que la franc- maçonnerie ne recrute pas. Dans d'autres catégories que celles qu'on appelle aujourd'hui les CSP plus, c'est-à-dire les catégories sociales supérieures.
À l'époque, c'étaient les aristocrates, les nobles et les grands bourgeois.
Pourquoi ? Parce que ce sont ceux-là qui détiennent le pouvoir. Et ce sont ceux-là qui peuvent influer sur le cours des choses. La Révolution française n'est pas à mon sens une révolution prolétaire, comme le fut peut-être la révolution russe qui s'est pourtant inspiré de la Révolution française.
La Révolution française est une révolution bourgeoise de personnes qui voulaient prendre le pouvoir à la place d'aristocrates et de nobles, qui manifestement les empêchaient de commercer et de de prospérer."
Journaliste : franc-maçonnerie et politique, il n’y a aucun doute quant à l'implication des principales obédiences maçonniques dans les gouvernements de la République, dites-vous, mais vous consacrez un chapitre à la 3e République et, on voit qu'on ne peut pas être plus clair parce que l'intitulé est : « La 3e République aux premières loges ». Donc, la 3e République, c'est le lieu, le laboratoire de la franc-maçonnerie ?
"Oui, de fait la 3e République est la manifestation officielle de la dimension politique de la franc-maçonnerie. C'est là que vont apparaître les lois que nous avons encore, qui sont les héritières également des idées révolutionnaires mais, qui vont formaliser la doxa maçonnique dans la société française.
Je précise que dans la plupart des cas, toutes ces lois maçonniques, et je le démontre, ne répondent pas à des demandes sociales. Je prends l'exemple de la crémation qui est une loi maçonnique. Je démontre qu'elle est. Fondé sur le rituel maçonnique, notamment du 18e degré du rite écossais ancien et accepté. Cette loi est votée en 1887, mais la crémation ne commence à voler de ses propres ailes, si je peux m'exprimer de cette manière que vers la fin du 20e siècle, ce qui veut dire que les francs-maçons ont créé un besoin ou, en tout cas ont influencé la société pour aller dans le sens d'une implication de leur rituel dans la société française, dans le plus grand des secrets. Et c'est un exemple. Mais y en a bien d'autres sur la laïcité par exemple.
Le formalisme législatif de la laïcité a vu le jour au 19e siècle et au début du 20e avec la loi de 1905 (séparation de l’Eglise et de l’Etat). Il faut quand même dire une chose que beaucoup de gens ignorent, la laïcité, contrairement à ce qu'évoque la franc-maçonnerie, n'a pas été inventée par la franc-maçonnerie, le premier laïc, ce fut Jésus-Christ, rendons à César ce qui appartient à César et à Dieu, ce qui est à Dieu. Donc déjà la laïcité a 2000 ans, mais c'est une laïcité qui est constructive. C'est-à-dire qu'elle permet aux gens d'exprimer leur foi en toute liberté. Aujourd'hui, nous avons, en France en particulier, une laïcité que j'appelle laïcarde, même si le terme paraît péjoratif puisqu'en fait, c'est une laïcité d'exclusion... C’est à cette époque d'ailleurs, que la franc-maçonnerie s'installe dans l'éducation nationale. Elle va alors dénier aux religieux, à partir de la fin du 19e siècle, le droit d'enseigner aux enfants et elle va prendre le privilège de l'enseignement public. Pourquoi ? Parce qu'en fait, c'est le meilleur instrument de propagande. C’est-à-dire que la franc-maçonnerie travaille à l'échelle des siècles. Il y a en fait, on vous l’explique quand vous entrez en loge : ici tout est symbole. Mais ce symbolisme n'existe pas seulement dans la loge. Il existe également à l'extérieur, de la loge. Chaque « tenue maçonnique »( une tenue est une cérémonie maçonnique) se clôt par une qu'on appelle une chaîne d'union, et on vous explique que c'est rituel. Dans cette chaîne d'Union, il y a une chaîne ininterrompue depuis les premiers initiés à l'origine de la franc-maçonnerie jusqu'à aujourd'hui, parce que, ceux qui sont vivants, morts, visibles ou invisibles, continuent l'œuvre de la franc-maçonnerie. Par conséquent, la franc-maçonnerie, créant l'enseignement public laïque savait très bien que ceux qu'elle a appelé les Hussards noirs, allaient faire disparaître la dimension, sinon religieuse, en tout cas spiritualiste de l'enseignement.
Nous avons aujourd'hui une crise spirituelle dans la plupart des pays occidentaux, notamment en France, qui laisse les gens démunis. C’est une des raisons pour lesquelles je suis personnellement rentré en franc-maçonnerie. Je pense et j'en suis convaincu, que si j'avais continué, comme je l'ai fait lorsque j'ai fait ma communion à fréquenter l'Église, je n'aurais jamais accepté d'entrer en franc-maçonnerie."
Journaliste : Ce que vous avez trouvé, surtout, c'est quand même une cette action secrète de la franc-maçonnerie pour parvenir à ses fins, et là, vous citez abondamment, on est toujours dans la première partie du 20e siècle, l'affaire des fiches. Une affaire peut-être plus emblématique que la loi de 1905, dite de séparation des églises et de l'État. Rappelez-nous, ce que ce que vous appelez cette affaire des fiches…
"Émile Combes, Ministre et franc-maçon, s'appuyant sur un général, également franc-maçon, a utilisé, à cette époque, l'ensemble des loges françaises, en particulier celles du Grand Orient, mais pas seulement, pour dénoncer le terme n'est pas trop fort, les officiers de l'armée française qui étaient des catholiques pratiquants.
Par exemple, j'ai un ami qui est le descendant de l’un de ses officiers qui m'a donné la fiche qui concernait son ascendant et sur laquelle est noté « va souvent à l'Église, va se confesser, a ses deux enfants qui fréquentent un établissement d'enseignement catholique ». Tous ces gens qui ont été recensés (c'est une sorte de collaboration avant l'heure) par ces loges maçonniques, ont été empêchés de progresser dans leur carrière. Par exemple, ce Monsieur qui était l'arrière grand parent de celui qui m'a donné cette fiche, n'a jamais dépassé le grade de commandant alors que c'est quelqu'un qui avait fait Saint-Cyr et qui, en toute logique, aurait dû terminer au minimum colonel, sinon général. À titre personnel, je considère cette « affaire des fiches » comme un scandale, car c'est la liberté d'opinion qui a été mise en cause ; ce n'est pas le moindre des paradoxes que de s'apercevoir que cette liberté d'opinion est mise en cause par la franc-maçonnerie qui se gargarise systématiquement de tolérance…
Journaliste : A cette époque-là, les gens sont-ils condamnés pour cela ?
Condamnés, toujours secrètement, c'est-à-dire qu'on ne leur dit pas vous êtes catholique et vous ne serez pas promu, mais d'autres personnes leur passent devant et ces personnes-là sont des gens qui souvent sont des francs-maçons, mais pas seulement. Ce sont surtout des gens favorables au régime politique en place.
Journaliste : Est-ce qu'on a pris le pli à ce moment-là et qu'aujourd'hui encore ce processus des fiches existe-t-il toujours ?
Oui, le pli a été pris au dix-neuvième siècle. Je crois que le 19e siècle a vraiment été la charnière à partir de laquelle la franc-maçonnerie a compris qu'elle pouvait utiliser une stratégie secrète pour influer dans la politique.
Cela dit, cette stratégie secrète existait déjà au 18e siècle puisqu’un historien nous rapporte les propos du comte de Virieu qui revenant de Francfort où s'est tenu à une réunion maçonnique au cours de laquelle l’assassinat de Louis XVI a été évoqué et décidé en 1785 quand même (!), bien quelques années avant la Révolution… Le comte de Virieu en est revenu effaré, au point qu'il a décidé de quitter ce qu'il appelait « la secte »,( je ne me prononcerai pas sur ce terme), je ne fais que rapporter ses propos."
Journaliste : puisqu'on parlait de l'actualité, on va sauter les étapes de l'Histoire, on pourrait y rester très longtemps, et on va éviter la 4e République… On va arriver à la 5e République. On est sur la présidence d'Emmanuel Macron, et vous affirmez que quinquennat d'Emmanuel Macron est tout aussi investi par la franc-maçonnerie que celui de François Hollande. C'est peu dire ?
"Oui, je ne dirais pas nous prenons les mêmes et que nous recommençons, mais il y a des similitudes sur le plan de l'appartenance à la franc-maçonnerie entre le quinquennat de François Hollande et celui d’Emmanuel Macron. Il y a par exemple, lors des dernières présidentielles de 2022, « une fraternelle ». C'est un groupe secret de francs-maçons, dont les membres ne sont peut-être même pas connus en tant que participants à cette fraternelle par la franc-maçonnerie elle-même ou par les membres de la franc-maçonnerie. Il y a une fraternelle créé spécifiquement pour » appuyer » la candidature d'Emmanuel Macron. Alors « appuyer », ça veut dire user de son influence.
De la même manière, je me souviens à Narbonne que la sœur Christiane Taubira est venue faire ce qu'on appelle « la tournée des popotes ». Elle a fait toutes les loges de Narbonne où elle avait été invitée dans une loge du Grand Orient qui a rameuté l'ensemble des loges de Narbonne pour faire la promotion de la candidature de Ségolène Royal. Cette influence existe. D’ailleurs, le Vatican s'est ému de manière défavorable « de la présence effarante », le terme n'est pas n'est pas le mien, du nombre de francs-maçons dans l'entourage d’ Emmanuel Macron… Il semblerait que notre président soit également un franc-maçon."
Journaliste : C'est la question que j'allais vous poser parce qu'il y a plusieurs sources qui se posent la question : est-ce que le président Macron est franc-maçon ?
"Moi, j'en ai bien le sentiment d'abord, sans citer les sources sur cette appartenance, sur un plan personnel, oui . Mais vous savez, quand on veut agir dans le secret, on ne se vante pas d'être franc-maçon, sinon, c'est ce que m'avait dit mon surveillant lorsque j'étais apprenti, Il ne faut surtout pas se vanter ou divulguer son appartenance, afin d’être beaucoup plus efficace dans le secret… Eh bien déjà, si j'en fais l'analyse : le « en même temps », c'est le relativisme. Or c'est la doxa macroniste le « en même temps », c'est-à-dire, je ne tranche pas pour le blanc ou le noir selon le symbolisme de la franc-maçonnerie du Pavé mosaïque que j'explique dans d'autres ouvrages, mais je suis un coup sur le noir, un coup sur le blanc. Et j'essaie de satisfaire tout le monde parce que comme ça, je chemine entre les deux. En franc-maçonnerie, on vous explique qu'entre le noir et le blanc, il y a un fil rouge que l'on doit suivre et qui permet d'utiliser les deux : violences, persuasion au trente-deuxième degré. Le « en même temps » est un élément déterminant de la philosophie Macroniste. C'est aussi un élément purement maçonnique.
Ce que j'entends également dans la bouche du président Macron à l'époque candidat, c'est un langage purement maçonnique lorsqu'il dit, en réponse à une question d'un journaliste, que « tous ceux qui sont d'accord avec ma politique ou avec mon projet politique, en leurs grades et qualités, me suivent ». Alors, « en leurs grades et qualités », c'est une, comment dire, c'est une expression purement maçonnique. Lorsque vous parlez en loge, vous ne pouvez pas faire autrement que de dire : « Vénérable Maître et vous tous, mes frères et mes sœurs, en vos grades et qualités »
Maintenant, j'en viens aux sources. Là, j’étais dans mon interprétation personnelle qui est forcément subjective. Mais sur le plan objectif, il y a Serge Moati qui est un ancien franc-maçon d’une obédience extrêmement spiritualiste, que je prends pour un journaliste sérieux et pour un homme sincère, qui nous explique que le discours d'Emmanuel Macron, devant la pyramide, participe d'un rite initiatique avec le président qui sort de l'ombre pour aller vers la lumière par exemple.
Il y a également le grand maître d'une obédience dissidente du Grand Orient en Italie, qui affirme à une radio italienne qu’Emmanuel Macron est franc-maçon. On n'est pas obligé de le croire, mais vous savez, le grand maître d'une obédience, c'est un peu comme le cardinal dans l'Église catholique, hein ? Enfin, il est soutenu avec force, en tout cas avec vigueur, par des initiés. En tout cas, il est soutenu par la Franc-maçonnerie, à tel point que je cite également dans le livre l'expression d’un journaliste bien informé de l'influence maçonnique auprès des pouvoirs politiques : « Le Président dispose dans chaque obédience d'un relais efficace ». "
Journaliste : Vous dites au final que la franc-maçonnerie est convaincue de former le camp du bien. Elle a milité, dites-vous avec succès pour, les dans l'histoire récente, le divorce bien sûr, pour la crémation, pour l'avortement, pour le mariage homosexuel et aujourd'hui, pour l'euthanasie. On a pourtant le sentiment que les francs-maçons ont moins de pouvoir réel que d'autres lobbies constitués d'ailleurs. Et, il faut poser la question : la franc-maçonnerie aujourd'hui, combien de divisions ?
"Moins de pouvoir, je ne sais pas. Il y a d'autres lobbies qui ont un pouvoir conséquent. Je pense au lobby LGBT par exemple, c'est le plus important. Il y a également des lobbies industriels qui hantent les allées du pouvoir… Le lobbying a existé de tout temps.
La différence c'est qu’une personne se réclamant d'un groupe LGBT ne cache pas son appartenance. Un lobby industriel, on sait très bien que telle personne est le président directeur général ou le fondé de pouvoir de telle société. Un franc-maçon, on ne sait pas qu’il est franc-maçon.
Ce n'est pas gênant qu'il y ait des francs-maçons qui soient élus en politique. Je dirais même, au contraire, puisque ces gens-là ont tout à fait le droit d’'avoir une conviction et de militer pour leurs idées. Moi je ne leur dénierai jamais ce droit-là. Cependant, ce qui me gêne beaucoup, c'est qu'ils le fassent dans le secret. Par exemple, il y a 2 manières pour la franc-maçonnerie d'intervenir auprès du politique. La première manière, c'est que je ne rentre pas dans le détail par manque de temps, mais. Il y a un rapport annuel de chaque obédience qui est remis au président de la République et au chef du gouvernement par les instances maçonniques et qui représentent l'opinion de la franc-maçonnerie sur tel ou tel problème de la société. Par ailleurs, il y a ce qu'on appelle également la fraternelle parlementaire. Qui a été créé par Henri Caillavet, et alors cette création, je cite les paroles d'Henri qu'il y avait dans le livre, : « Il va falloir pour faire passer auprès des assemblées nos idéaux laïques, créer un cheval de Troie »... Donc ça dit bien ce que ça veut dire, c'est-à-dire que secrètement, on vient influer sur des décisions qui devraient être prises par des gens élus spécifiquement par le peuple mais, en tout cas, pas pour les idéaux maçonniques. Je trouve ça extrêmement trouble et dangereux pour la démocratie puisque finalement, quand on vote pour une personne, on vote pour un parti politique ou les idées que cette personne représente, et non pour des idées maçonniques cachées.
Il y a par exemple un ex-président de cette fraternelle parlementaire qui nous explique que, sur des lois dites sociétales, Que les politiques-parlementaires-francs-maçons soient de gauche ou de droite, ils voteront ensemble de la même manière, en quelque sorte. Je trouve ça gênant et je ne suis pas étonné de la désaffection de la population française vis-à-vis de ces politiques et vis-à-vis des élections. Nous avons un taux d'abstention élevé qui est qui est dangereux actuellement."
Journaliste : Est-ce que vous êtes favorable comme dans d’autres pays que les juges, les hommes politiques, soient dans l'obligation de préciser qu'ils appartiennent à la franc-maçonnerie ?
"Je pense que ça règlerait un certain nombre de problèmes. Lorsque j'étais franc-maçon, j'étais moi-même d'avis qu’on devait abandonner cette notion de secret, parce qu'en fait, elle ne repose sur rien de véritablement établi, sur rien, de tangible. Toute cette histoire repose sur un fantasme et en revanche, le secret permet bien des choses. Encore une fois, je vais citer Alain Bauer qui, parlant de l'entraide maçonnique, nous dis effectivement : "C'est une obligation pour un franc-maçon d'aider son frère, à valeur égale ». Moi j'ai embauché des gens, il n’y a jamais de valeur égale. Je suis témoin qu'on a embauché des gens qui étaient inférieurs (en compétences) uniquement parce qu'ils étaient francs-maçons. En ce qui me concerne, il m'est arrivé d'être embauché de cette manière-là. Donc, «il y a un moment où l'entraide évolue vers un copinage malsain ». C'est Alain Bauer qui le dit."
Journaliste : Le secret maçonnique favorise certaines turpitudes, est-ce la franc-maçonnerie, finalement, représente une menace pour notre système démocratique ? Ou est-ce finalement, quelques dizaines de milliers de personnes qui ont réussi à façonner réellement et durablement une nouvelle société à force de lois transgressives ?
"La franc-maçonnerie estime, d'une part apporter un progrès à l'humanité, ce faisant, je crois qu'elle elle se trompe dans la mesure où elle confond les choses. Je m'explique : lorsqu’arrive un progrès ou une évolution, c'est toujours une transgression. Sur le plan de l'art, les. Impressionnistes ont été une transgression par rapport au classique, est ce que c'est un mieux ou pas ? Peut-être que oui, pourquoi pas ? En tout cas, il y a une évolution dans la société qui est créée par les artistes à ce moment-là, et c'est une transgression. On voit ça également dans l'art, il y a une espèce d'inversion des valeurs et qu'on retrouve également dans la franc-maçonnerie, dans l'art actuel. On suppose que lorsqu'on transgresse, on amène un progrès artistique et la franc maçonnerie procède de la même sorte, c'est-à-dire qu'elle veut transformer des utopies qui sont elles-mêmes issues de rituels maçonniques et de conceptions ésotériques en valeurs sociétales.
Comme ces transgressions sont des évolutions qui sont une rupture avec ce qui est établi habituellement, eh bien, elle s'imagine que c'est un progrès. Et ce n’est pas forcément le cas.
Moi j'estime, je ne juge absolument pas les personnes qui ont eu recours à l'avortement, mais j'estime que lorsqu'on met fin à une vie qui est en devenir et qui est parmi les plus fragiles au monde, puisque s'il s'agit d'un être qui ne peut pas se défendre, je signe que ce n'est pas forcément un progrès. En tout cas pas pour l'humanité."
Journaliste : Il y a une question à laquelle vous n’avez pas répondu. Je la reformule : Quelles sont les raisons de votre rupture avec la franc-maçonnerie ?
"Elles sont assez simples. Je l’explique dans mes ouvrages et mes conférences : on ne peut pas être franc-maçon et catholique. Définitivement.
Je ne rentrerai pas dans le détail par manque de temps, c'est une histoire un petit peu compliquée, mais je l'explique dans un précédent livre. Qui s'appelle : La conversion d'un franc-maçon. J’ai écrit ce livre parce qu'on me pose systématiquement la question à la fin de mes conférences, et bien entendu, parce que c'est surprenant : je suis passé du stade de de franc-maçon anticlérical, progressiste, au sens péjoratif du terme, au stade de, comment dire, de témoin de Jésus. Dès lors où j'ai retrouvé la foi, en fait, ça ne s’est pas fait en une seule fois, mais à l'occasion d'un séjour à lourdes. J'ai été surpris par un événement qui m'est arrivé que j'explique dans mon livre : La conversion d'un franc maçon, un événement qui m'a touché même physiquement. J'ai cherché à comprendre. J'ai même procédé à des analyses que j'ai demandé à mon médecin de faire faire. J'ai même consulté un psychiatre pour voir si je n'étais pas dans un délire métaphysique, un délire mystique. Tout cela est revenu négatif. En conséquence de quoi, la seule porte qui restait à ouvrir, c'était la porte de la foi, la porte de la spiritualité. Je suis allé faire une retraite puisque c'était le chemin que je devais prendre pour me rapprocher de Dieu. Si c'était Dieu qui était derrière tout ce qui m'arrivait. Cette retraite a eu lieu à l'abbaye de La Grasse et, là aussi, j'ai vécu un événement assez troublant. C'est émouvant. Et je ne peux pas vous le dire autrement, là, j'ai cru. J'ai cru au point que j'ai voulu expliquer tout cela dans mes livres et je crois que depuis ce jour-là, j'ai été convaincu que je pouvais mourir pour ma foi, et passer de vénérable maître à simple serviteur de Dieu. Je le dis dans le livre, la franc-maçonnerie cherche à pervertir le système que nous connaissons depuis 2000 ans.
Ce système, je ne cite pas littéralement Saint-Augustin, mais j'espère ne pas trahir sa pensée : « Ce système consiste à passer de l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi, en allant vers l'amour de soi, jusqu'au mépris de Dieu… Et, c'est exactement ce que fait la franc-maçonnerie."
Journaliste : Merci Serge Abad-Gallardo d’apporter beaucoup d’informations, beaucoup de révélations, beaucoup d’éléments de réflexion à travers cet ouvrage que je vous recommande de lire car il y a encore beaucoup de surprises à découvrir dans ce livre…
Tags : franc-maçon, politique, lois transgressives, société, Alain Bauer, cooptation, loge
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