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BlackRock vous souhaite la bienvenue - 1 ère partie
"Notre mission : créer un monde financier meilleur pour nos clients. Nous sommes plus puissants que la plus puissante des banques et même que de nombreux États.
Aujourd'hui, nous allons vous raconter comment nous sommes parvenus à devenir le plus gros investisseur que la terre n’ait jamais connu. Nous allons vous expliquer comment nous agissons toujours dans l'intérêt de nos clients, comment, après avoir conquis l'Amérique, nous étendons petit à petit notre influence partout sur la planète.
Nous contrôlons tout à présent. Nous contrôlons l’investissement horizontal et vertical, nous pouvons vous noyer sous un millier de supports d'investissement ou dilater le moindre dollar jusqu'à multiplier sa valeur par 1000 et même au-delà. Nous pouvons modeler les marchés et fournir tous les produits dérivés que l'imagination humaine peut concevoir. "
Nous sommes BlackRock.
Tout commence aux États-Unis juste après le 2e choc pétrolier, le jour où un jeune homme à peine sorti de l'université de Californie, fait son entrée dans la prestigieuse First Boston Bank.
- Il s'appelle Larry Fink. De 1979 à 1988, le jeune Larry va connaître une ascension fulgurante dans les couloirs de la Banque américaine pour en devenir le plus jeune directeur à l'âge de 29 ans. Selon les rumeurs, il serait même à l'origine de la création d'un nouvel outil d'investissement, les créances titrisées : un système, qui permet de transformer des prêts immobiliers, par exemple, en titres négociables sur un marché secondaire. On appelle cela des subprimes, un produit qui a de l'avenir.
Larry quitte son poste en 1988 (après avoir fait perdre une centaine de millions de dollars à sa banque) et emmène avec lui son collègue Robert Capitaux pour créer une nouvelle filiale de gestion d'actifs spécialisés sur les risques au sein de Blackstone, un nouveau fonds d'investissement situé à New York.
En 1994, Black Stone, le fond, White & BlackRock, le gérant de fond, se séparent. La Banque PNC Financial rachète la filiale pour une bouchée de pain à peine 240 millions de dollars. Pendant ce temps, Larry, qui reste à la tête du navire, imagine un nouvel outil informatisé pour faciliter la gestion de tous types de risques financiers. Il l’appelle ALADDIN, un acronyme pour désigner « Réseau d'investissements actifs passifs, dettes et dérivés », une plateforme d'analyse et d'aide à la prise de décision. Concrètement, c'est un réseau constitué de milliers d'ordinateurs qui analysent en permanence tous les risques qui peuvent affecter tous les produits financiers. C’est aujourd'hui devenu l'outil de référence dans le monde des investisseurs.
En 1994, BlackRock est introduit en bourse au prix des 14 $.
Aujourd’hui, le titre s'échange autour de 928 $. Une belle opération pour PNC Financial qui revend ses parts dans BlackRock en 2020 réalisant ainsi une plus-value historique de plus de 6500%.
Au 20 juillet 2021, BlackRock est un monstre qui, selon Forbes, pèse près de 9500 milliards de dollars. Autrement dit le PIB de la France, du Royaume-Uni et de l'Allemagne réunis.
En 2011, c'était 3600 $. À cette vitesse, ce paquebot devrait atteindre le PIB de la Chine d'ici 2 ans.
Contrairement à ce que l'on pense, ce n'est pas un fonds d'investissement. BlackRock est un conseiller, un spécialiste de la SEP Management, c'est-à-dire un gérant de fortune qui guide ses clients dans leurs investissements. Je cite, « en respectant leurs intérêts avant tout ». Il collecte leur argent, puis l'investit sur différents supports, actions, obligations, matières premières, immobilier et devises, en tenant compte de contraintes de risque, de rendement et de temps.
Il crée et distribue des OPCVM, des outils identiques à nos fonds communs de placement et nos SICAV qui sont ensuite cotées en bourse. Il détient également de nombreux biens immobiliers, notamment en Allemagne, à Berlin, où la répétition d'opérations immobilières a fait grimper le prix du logement au grand bénéfice de ses clients.
Dans sa clientèle, BlackRock compte de grands fonds d'investissement, des fonds de pension, des noms célèbres comme Warren Buffett ou Georges Soros, Al Gore ou la reine Elizabeth II. Plus précisément, les investisseurs particuliers représentent 10% de son chiffre d'affaires, les institutionnels 57% et le reste de ses revenus. BlackRock les tire de sa marque Ishares qui commercialise une incroyable gamme composée de milliers de produits dérivés.
L'empire de BlackRock s'étend dans 89 pays, y compris en France, où un staff de 180 personnes est responsable d'environ 26 milliards d'euros d'actifs.
Chaque jour, 16 000 collaborateurs travaillent à faire fructifier et à surveiller les 18000 milliards de dollars qui transitent par la plateforme ALADDIN.
Des chiffres qui donnent le tournis, surtout lorsqu'on creuse un peu et que l'on se rend compte que BlackRock est partout. Ishares représente à elle seule 44% de tous les ETF. Ces 2 principaux concurrents, Vanguard et Capital Research Management, se disputent respectivement 25 et 16%. Les ETF ou trackers, se sont ces instruments financiers, généralement des fonds communs de placement côtés en bourse et qui répliquent les performances d'un indice boursier ou d'une stratégie boursière. Et si BlackRock domine si puissamment le marché, c'est que le concept vient de l'équipe de Larry Fink qui a mis au point et commercialisé les premiers ETF au début des années 80.
Après leur lancement, les trackers ont rapidement rencontré un succès phénoménal, boostant la croissance de BlackRock pour l'asseoir en 2021 sur une tirelire qui contient le plus gros montant d'actifs sous gestion de toute l'histoire de l'humanité.
Sa croissance fulgurante ne semble pas ralentir puisque Larry Fink vient d'annoncer les résultats du 2e trimestre de 2021 soit : 9496 milliards de dollars d'actifs sous gestion, un chiffre d'affaires trimestriel des 4,8 milliards de dollars et une progression de 30% sur un an. Alors forcément, ça fait peur.
« Je crois que Black Rock est une société extrêmement dangereuse et je suis sérieux ». Cette phrase, nous la devons au businessman et milliardaire américain Carl Icahn en 2015, sur le plateau de CNBC et en présence d'un Larry Fink manifestement gêné.
BlackRock est devenu aussi énorme que la montagne dont il porte le nom. Il est actionnaire d'une entreprise sur 5 aux États-Unis et de toutes les plus grosses entreprises mondiales, de Volkswagen à Alibaba en passant par la totalité du CAC 40, dont la Société Générale, Saint-Gobain, la BNP, Michelin ou encore Alstom qu'il détient à hauteur de 4,9% depuis juillet dernier. Et pour coller à l'actualité, c'est moins que chez Sanofi, 6,96%, AstraZeneca 7% ou Pfizer 7,7%. Il a aussi des participations dans 8 des plus grosses sociétés pétrolières, dont Total Energie. Il a fait valoir ses droits de vote dans plus de 14 000 sociétés en 2019…
L'homme le plus puissant de Wall Street, a 68 ans, 3 enfants, le front dégarnis et collectionne les œuvres d'art populaire. Larry Fink peut tout faire, il peut tout dire, il peut tout se permettre. Alors qu'il y a quelques années, le monde se réveillait plus ou moins bien selon les humeurs du légendaire gouverneur de la Fed, Alan Greenspan, aujourd'hui, plus rien ne compte que les communiqués de Larry Fink, l'homme qui connaît les marchés, l'homme qui fait les marchés, c'est vers lui que se tournent les gouvernements lors du krach de 2008.
Qui est mieux placé pour trouver un remède à la crise des subprimes et gérer des tonnes d'actifs pourris que celui qui en a imaginé le principe ?
D’autant plus que les portefeuilles gérés par BlackRock ont fait preuve d'une incroyable résistance à la tempête qui a balayé le monde cette année-là. L'action a dévissé de 50% entre septembre 2008 et mars 2009, mais elle a retrouvé sa valeur dès 2012 pour entamer, juste après, son ascension vers les sommets de Wall Street.
Pour comparer, Morgan Stanley a chuté de 82% et le titre a retrouvé son cours d'avant 2008 en janvier 2021. Bref, Larry et ses équipes conseillent les plus grands, ses clients mais aussi des pays ou des institutions et le plus possible.
Et après avoir conquis les États-Unis et l'Amérique du Sud, BlackRock ne cache même plus ses ambitions pour le marché européen. Elles sont clairement exposées dans sa déclaration d'inscription au registre de transparence, indispensable pour qu'une société privée puisse devenir le partenaire de l'Union : « Contribuer positivement à la législation et à la réglementation qui affectent les investisseurs européens. Nous faire connaître en tant que partenaire de confiance, vers qui les gouvernements peuvent se tourner en tant qu'acteur informé des marchés et faire preuve de leadership pour contribuer au débat politique en Europe ».
En gros, BlackRock veut se positionner comme conseiller numéro un des gouvernements et participer à l'élaboration des réglementations financières en Europe, ni plus ni moins, ce qu'il fait déjà toujours « dans l'intérêt de ses clients ».
Pour les représenter au mieux, BlackRock participe à tous les débats communautaires lors des séances du Parlement européen et rencontre au moins 3 fois par an un représentant de la Commission sur divers sujets. Des sujets qui pourraient ne pas « respecter les intérêts de ses clients » justement, comme, par exemple, le 25 mai dernier où l'Europe étudiait la possibilité d'une coopération entre la France et le Royaume-Uni pour réguler en commun les transactions financières. Votre avis compte énormément lorsque vous pesez près de 10 000 milliards de dollars. La liste et le motif des rendez-vous figurent sur le site des données europa.eu, dont vous trouverez le lien en bas de page.
Il est aussi représenté au sein d'une vingtaine d'institutions financières internationales, comme l'ICMA (International Capital Market Association) ou du think tank EUROFI en Allemagne, au Luxembourg, en Suisse, en Irlande, en Belgique, en Italie et en France où il fait partie de l'AFG (Association Française de Gestion). Pas seulement parce que BlackRock pèse bien lourd en France avec ses 24 milliards d'actifs tricolores, non, mais parce que Larry est une star pour les capitalistes libéraux et c'est aussi une impressionnante personnalité assise sur un gigantesque magot.
Ainsi, on le voit aux côtés d'Emmanuel Macron en juin 2017, puis en 2019, lors de l'étude du projet de réforme des retraites.
Le but de ces échanges pour l'opinion publique ? Il s'agissait d'une tentative pour convaincre la France d'adopter un système de retraite à l'américaine, c'est-à-dire par capitalisation, sous-entendu à charge pour BlackRock de faire ensuite fructifier l'argent de tous les travailleurs de France.
Si on reconnaît parfaitement tout l'intérêt d'une telle réforme pour les affaires d'un fonds de pension, BlackRock n'en est pas un et en réalité, c'est autre chose qui a motivé ces rencontres au sommet. Faire affluer un peu de l'argent de Wall Street pour booster l'économie française par l'intermédiaire de Larry Fink. On se comprend, aussitôt dit aussitôt fait.
Blackrock rachète de la dette française et investit 100 milliards de dollars dans les actions d'entreprises du CAC 40. Elle en devient le plus gros actionnaire en 2018. Mais en échange, la France doit faire des efforts et devenir plus compétitive, plus attractive pour les investisseurs.
Jean-François Cirelli, président des filiales France, Belgique et Luxembourg de BlackRock, est promu officier de la Légion d'honneur. L'ISF est supprimé, la flat tax (sur les dividendes) et la loi Pacte sont votées. Pour tout cela, la France a même obtenu une note chez Blackrock : 8 sur 10 avec la mention « Continuez comme ça »! Incroyable mais vrai.
Aux États-Unis, Lary affiche librement ses opinions politiques et soutient haut et fort le Parti démocrate. Il a même proposé une prime pour la personne qui parviendrait à destituer le Républicain Donald Trump de son mandat.
Larry Fink est une légende vivante. Et Voilà pourquoi il peut tout se permettre. Mais il n'y a pas que ces incessantes ingérences du groupe dans les affaires publiques qui dérangent, ce n'est pas non plus la mainmise du gérant de fortune sur les décisions étudiées pendant les assemblées générales des entreprises qu'ils contrôlent. Face à BlackRock, la finance et l'économie tout entière craignent quelque chose d’encore plus grave, c'est que BlackRock a atteint une taille gigantesque. Il est devenu tellement énorme qu'en cas de chute des marchés, il entraînerait tout le monde avec lui.
Il domine le marché mondial des ETF et aux États-Unis des millions de travailleurs y ont investi pour préparer leur future retraite. Il pèse de tout son poids sur les entreprises les plus riches et les plus rentables partout dans le monde.
Que se passerait-il si, subitement, les bourses et plus précisément les ETF se retournaient ? On peut penser que cela n'arrivera jamais, mais on peut aussi se poser la question : qu'arriverait-il si ses clients demandaient soudain à retirer leurs fonds, par exemple, à la faveur d'une baisse de rendement de leur portefeuille ?
Ou, comme le prévoit déjà certains gérants de fonds, l'explosion d'une bulle sur les trackers ? Ou, tous en même temps. Si le cas venait à se présenter, les sociétés cotées verraient leur valorisation fondre en quelques instants, des millions d'investisseurs seraient ruinés, l'événement retentirait dans chaque secteur, sur chaque continent, chez tous les agents économiques, et la chute serait terrible…
On appelle cela un risque systémique.
En pas de panique, qui pourrait alors intervenir pour limiter la chute des prix en rachetant les milliards de titres qui inondent le marché ? Les États ? Les banques centrales ? les particuliers ? Car pour rembourser ses clients, le gérant devra vendre et vendre beaucoup.
Ce risque inquiète tellement les autres investisseurs que lorsque BlackRock se positionne sur un titre en particulier, ses concurrents s'en détournent et liquident les leurs. En réalité, malgré tout cela, son statut de risque systémique potentiel est encore débattu parmi les experts de la finance.
Mais en attendant de savoir ce qu'est BlackRock, on sait ce qu'il n'est pas.
Ce n’est pas une banque et, par conséquent, il n'est donc pas tenu de constituer des réserves.
Il n'est pas non plus soumis à la même règlementation ni au même niveau de surveillance et, pour beaucoup d’observateurs/investisseurs, le risque est trop important, il grossit en même temps que les actifs gérés chez BlackRock.
Mais pour Larry et ses équipes, tout va très bien se passer. Certes, « le monde est en train de changer » comme il l'a écrit dans sa lettre annuelle aux dirigeants des sociétés dont il détient des parts. « Nous avons dû faire face à des difficultés inédites. Nous avons souffert, mais nous avons résisté et à présent, tout va très bien». Et tout va bien parce que Larry Fink a pris, il y a 2 ans de cela, une grande décision, un tournant radical dans sa vie et dans sa façon de mener son énorme barque à 10 billions de dollars.
Fatigué de se voir reprocher constamment son inaction écologique face à l'urgence climatique et, selon les rumeurs, encouragé par Emmanuel Macron lors de leur entrevue en 2019, Larry a décidé de modifier la politique d'investissement de BlackRock dès 2020.
Dorénavant, les clients sont invités à investir dans des entreprises vertes, neutralité carbone et utilité pour la collectivité exigée. Black Rock se rachèterait-il une conduite ? Se transformerait-il soudain en conscience écologique de Wall Street ? En réalité, ce n'est pas vraiment l'argument écologique qui a le plus touché Larry. Ce qui l'a frappé en plein cœur, c'est plutôt l'estimation réalisée par l'Institut International pour les Economies d'Energie et leur analyse financière, en 2019.
Cette étude révèle que cette trop forte exposition aux entreprises polluantes a déjà fait perdre auprès de 90 milliards de dollars à ses clients. Depuis lors, Larry adopte un discours pro-environnement et intègre les critères ESG dans ces conseils de placement. ESG pour Environnement Social et Gouvernance, 3 leviers sur lesquels s'appuient les pépites de demain pour favoriser une croissance harmonieuse et respectueuse de la vie en général.
L’Europe considère déjà BlackRock comme un spécialiste de la question puisqu'il a été nommé en 2020, conseiller ESG officiel auprès de la Commission européenne.
Une nomination qui a fait bondir les ONG et les défenseurs de l'environnement.
BlackRock, Paris et Berlin, main dans la main pour combattre le risque climatique, titre le journal La Tribune en janvier 2020. Larry va mobiliser les fonds privés vers les investisseurs durables et résilients et il prend l'affaire très au sérieux. Dès 2019, la plateforme ALADDIN est modifiée pour intégrer un nouveau cahier des charges. Puis Fink justifie la nouvelle orientation de BlackRock dans sa lettre aux dirigeants de 2020, non sans leur rappeler fermement que sans progrès notable constatés chez les plus mauvais d'entre eux, les assemblées générales s'annonçaient d'ores et déjà mouvementées, et Larry a encore eu raison sur ce coup-là. Les industriels, on ne peut les toucher qu’au portefeuille. En clair, la pression sur 244 des 440 entreprises les plus polluantes du monde va devenir intenable d'ici à peine 5 ans.
Grâce à ces nouvelles orientations, Larry est persuadé d'avoir trouvé la solution pour sauver le monde et que nos sociétés, nos industries et nos marchés financiers ne peuvent qu'évoluer favorablement. Une redoutable confiance que même les chefs d'État n'osent remettre en question, tant les paroles de l'homme qui leur fait face paraissent irréfragables. Ce serait comme contredire Mozart ou Einstein.
Alors, tous les matins, les marchés se réveillent et surveillent les humeurs de ce virtuose de Larry Fink qui ne paye pas de mine comme ça, mais qui est capable de modeler le monde comme il l'entend pour lui donner corps.
* Alors que faire ?
* Existe-t-il encore un moyen d'arrêter le monstre américain ?
* Qui pour s'opposer à la puissance d'une vague de 10 000 milliards de dollars?
Jusqu'ici, rien n'a marché, ni les contestations, ni les procès, ni les occupations de locaux par des activistes environnementaux, comme ici à Paris en février 2020.
Seules des évolutions significatives de la réglementation pour mieux encadrer et contrôler les activités du gérant de fonds pourrait venir freiner sa croissance insolente. Et encore, pour l'heure, ils ne sont que quelques États à pouvoir concurrencer sa puissance financière. Mais les élites politiques des États-Unis, de l'Europe et même de la Chine font désormais partie de l'incroyable carnet de relations personnelles de Larry Fink. En réalité, son seul opposant, la seule chose qui pourrait mettre à bas le géant, ce seraient les marchés eux-mêmes. Une catastrophe mondiale. Il serait impossible pour Larry de négocier ou de convaincre qui que ce soit, il n'y aurait aucun traitement de faveur. Les krachs boursiers ne se décident pas. Ce serait une terrible façon de lui rappeler que finalement, l'argent n'achète pas tout…
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Les voyages de Larry à Paris par G. de F.
Larry Fink était donc à Paris du 12/11 au soir au 16/11/2021 après-midi à Paris (et à Londres quelques heures le 13), l’un de ses deux voyages en France depuis le début du COVID.
Personne ne saura officiellement ce qu’il faisait à Paris au cours de ce séjour particulièrement long pour un homme aussi pressé que Larry Fink.
Nous observons, en revanche, que le 12 novembre correspond à la date de la mobilisation de l’armée russe à la frontière de l’Ukraine et le 15 novembre 2021 Emmanuel Macron s’entretenait au téléphone avec Vladimir Poutine.
Il s’agit du moment clé de la préparation de la guerre. Il est des coïncidences qu’il n’est plus permis d’ignorer.
Depuis le Brexit, la France est le seul pays de l’Union Européenne à disposer de l’arme atomique et d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Et ces choses-là comptent.
L’incompréhensible rupture diplomatique de Macron
Emmanuel Macron avait un rôle de pacificateur et stabilisateur à jouer. Il aurait pu et il aurait dû jouer les rôles tenus avant lui par Nicolas Sarkozy et François Hollande. Aucun de ces deux présidents ne marquera l’histoire mais ils avaient au moins préservé la paix face à Bush et Obama.
Nous avons pu analyser il y a quelques semaines que les États-Unis et la Russie avaient intérêt à cette guerre mais qu’en revanche, l’Europe en était la grande sacrifiée.
Ainsi que le rappelle l’ancien sénateur Yves Pozzo di Borgo, la défense en Europe est la prérogative des États, ou plutôt était jusqu’au coup d’État institutionnel de Bruxelles qu’il dénonce.
C’était donc bien à Paris que se jouait la guerre en Ukraine. Larry Fink y était et ce n’était pas pour visiter la tour Eiffel.
Depuis quand les gestionnaires d’actifs font-ils la guerre ?
Il est étonnant d’imaginer un gestionnaire d’actifs comme BlackRock fourrager dans des affaires aussi sensibles que l’Ukraine et venir faire pression sur le président en exercice d’une grande puissance, aussi abîmée soit-elle. Mais c’est mal connaître BlackRock.
Larry Fink, sous des dehors débonnaires, est un prédateur. Il n'y a rien de plus dangereux et brutal et qu’un prédateur acculé.
Il se trouve que BlackRock est devenu un tel monstre qu’il n’est plus too big to fail, mais trop gros pour survivre à l’image des dinosaures et qu’en mars 2020, il a bien failli s’effondrer à cause de ses célèbres ETF.
Ce n’est que partie remise, mais BlackRock et ses 30 000 milliards ne chuteront pas sans nous entraîner avec eux dans leurs folies monétaires et meurtrières.
Par conséquent, il ne faut pas gâcher une bonne crise et la crise ukrainienne comme vous l’annonce Larry Fink permet de mettre en œuvre des politiques impensables autrement. Nous savons bien, au fond, que les guerres et les questions d’argent sont intimement liées.
Depuis quand les gestionnaires d’actifs s’occupent de votre santé, 2e voyage.
Larry Fink et son gros jet privé de PDG sont également venus à Paris du 6 au 8 juillet 2021… Et pas pour visiter les musées.
Autre "coïncidence", se tenait le 7 juillet un Conseil de défense suivi d’un Conseil des ministres à l’issue desquels Emmanuel Macron et le gouvernement appelèrent à la « vaccination massive » des Français.
Le 12 juillet, Emmanuel Macron étendait le passe sanitaire à la plupart des lieux publics, mesure massive qui conduira 30% de Français indécis à se vacciner. Larry Fink aurait-il participé au Conseil de défense d’Emmanuel Macron que nous ne le saurions pas. C’est vous dire si le secret-défense de ces conseils est intolérable. Il ne s’agit pas ici de discuter de l’aspect sanitaire du passe. On peut toujours lier l’utile à l’agréable ou plutôt à l’ignominie.
Pourquoi Emmanuel Macron roulerait-il pour BlackRock ?
À la différence de McKinsey, BlackRock est un nouveau venu dans le jeu politique français. Avant 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron, le jet de Larry Fink ne s’était jamais posé en France. Il y a eu depuis l'élection, huit à dix voyages dans notre pays. C’est beaucoup.
Nous avions d’ailleurs entendu parler de BlackRock au moment de la réforme des retraites et leur activisme pour libérer une partie de nos retraites afin de la capter, y compris avec la loi Pacte sur les produits d’épargne-retraite.
Nous connaissons déjà Jean-François Cirelli, artisan de la réforme des retraites sous Fillon et de la privatisation de Gaz de France devenu président de BlackRock France et à qui Emmanuel Macron a remis (en catimini) une Légion d’honneur très contestable.
Cet activisme s’explique simplement : BlackRock veut faire tomber le verrou des retraites françaises pour entraîner l’Europe derrière et conquérir le marché européen.
La première raison pour laquelle Macron roule pour BlackRock, c’est parce que BlackRock le veut :
« Quand les types qui pèsent 30 000 milliards disent certaines choses, ceux de 2000 les écoutent. »
Le pouvoir de nuisance de BlackRock est immense. Nous avons eu un aperçu de ce pouvoir avec l'affaire Danone et l'éviction d'Emmanuel Faber (pour ceux qui n’ont pas suivi, c’était BlackRock à la manœuvre). Mais en cédant face à BlackRock, Emmanuel Macron obtient également sa récompense et nous perdons encore un peu plus notre pays..
BlackRock s’est mis à racheter la dette française. Très puissants à Bruxelles, il a mis un peu de son influence au service de Macron, notamment pour que les fonds du plan de relance soient libérés alors que nos comptes sont dramatiquement déficitaires.
Oui, avec le couple Macron-BlackRock, nous risquons fort d'avoir la guerre, la confiscation de notre épargne et un passe permanent directement lié à notre portefeuille.
En France, sous la Ve République, la démocratie s’exerce de manière indirecte mais également directe, normalement par référendum, à défaut par la rue.
Dans les crises terminales comme celle que nous traversons, lorsqu’il n’y a plus aucun intérêt à agir, les valeurs supérieures de morale et de devoir peuvent s’exprimer. Foutu pour foutu un peuple se met alors à faire ce qu’il a à faire. L'histoire n'est jamais écrite d'avance. Pensez-y : votre avenir est entre vos mains...
« "Nous devons peser sur le champ culturel dans la vie de tous les jours" Brèves de comptoir - Semaine du 06 au 13 mars 2023 »
Tags : BlackRock; Oligarchie financière, plus gros investisseur de la planète, contrôle le monde, tous les pouvoirs
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Commentaires
1Jean-Loup D.Dimanche 5 Mars 2023 à 19:00Merci pour cet excellent article : Grâce à cette manne financière, le groupe a mis le grappin sur de nombreuses multinationales. Ainsi que sur les représentants de nos « démocraties » représentatives. Le cours des actions doit être soutenu artificiellement (Plunge Protection Team). Les taux d’intérêts décidés de manière indépendante (des Etats, des citoyens). Les taux de change figés (peg de l’euro) ou bien soigneusement contrôlés (ententes entre banques). Le taux de change or/papier contrôlé au profit du papier (fixing de Londres), parce que le papier, c’est moderne depuis Gutenberg (crédit) alors que le métal, c’est une relique barbare (propriété). Ce n’est plus du « marché libre », c’est du très grand banditisme en bande très organisée, et très dangereuse. Elle est belle, notre « démocratie ». Il faut faire partie des 20% du haut (bourgeoisie) pour y croire encore, avec des trémolos dans la voix.RépondreMerci Jean-Loup pour ce commentaire si pertinent qui résume bien le problème : le mal est profond...
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