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RASSEMBLEMENT VENDEEN

DAVOS 2025 - WORLD ECONOMIC FORUM

Davos, cette petite ville du canton des Grisons,  est devenue synonyme de Forum Economique Mondial (FEM) et en anglais (WEF), un événement créé il y a déjà 55 ans, à l’initiative de Klaus Schwab.

Les élites mondiales, leaders politiques ou économiques, milliardaires en costume, et vedettes de la société civile quittent leurs habitats naturels pour converger vers le palais des Congrès de Davos, généralement en jets privés, opérant ainsi une migration spectaculaire au cœur des Alpes suisses. Un rituel immuable chaque année à la mi-janvier.

Ils viennent officiellement échanger sur les dernières stratégies qui marchent et maintenir la hiérarchie au sein de la meute des plus puissants carnivores de la planète.

Cette année encore, comme chaque année, que du beau monde venu de 130 pays dont la Chine, l’Ukraine ou Israël et même Gaza à une exception près : il n’y a pas de russes.

350 leaders politiques, 534 PDG, 36 organisations internationales, en tout 3000 participants triés sur le volet se sont rassemblés une nouvelle fois pour échanger intensément autour de cinq thèmes et trouver des solutions pour améliorer le monde, à leur façon.

Au menu de cette nouvelle édition, rétablir la confiance, réimaginer la croissance, investir dans les ressources humaines, préserver la planète et parler des industries à l’ère de l’IA.

Mais en réalité, pendant les quatre jours qu’a duré l’événement, toutes les discussions n’ont tourné qu’autour d’un seul sujet, l’hyperactif Donald Trump et ses promesses protectionnistes qui sont venus jeter un froid sur tout le canton suisse.

On aurait pu imaginer que le retour du candidat des marchés, lui-même homme d’affaires, à la présidence de la première puissance mondiale serait applaudi par les hommes de Davos. Pourtant sur la scène comme dans les couloirs du forum, on grince des dents et on fait le dos rond.

Davos cette année avait quelque chose de différent.

D’abord cette édition 2025 s’est ouverte plus discrètement que d’habitude. Forcément tous les yeux du monde étaient tournés vers la cérémonie d’investiture de Donald Trump à environ 6800 kilomètres de là, à vol d’oiseau.

Comme tous les ans, cinq grands thèmes ont guidé les discussions avec comme sujet de fond, restaurer la confiance. En quoi, en qui, la confiance de l’humanité dans ses élites, en particulier ses élites économiques et les membres de la sphère publique qui les soutiennent et qui soutiennent le forum.

Malgré les appels au boycott lancés par plusieurs soutiens à Gaza, on y a croisé Ursula von der Leyen pour l’Union Européenne, Antonio Guterres pour l’ONU, Javier Milei, pour l’Argentine, qui a pu s’exprimer à la tribune pour la deuxième année consécutive tout comme Isaac Herzog, le président israélien et Mohammed Moustafa, premier ministre de l’autorité palestinienne.

La Chine y a dépêché son vice-premier ministre et le pays était aussi représenté par ses fleurons économiques comme Huawei et Alibaba.

Des représentants du FMI, de l’OMC, de la BCE, le patron du FBI, celui de l’OMS et plusieurs centaines de dirigeants des plus grosses et plus influentes sociétés du monde étaient donc rassemblés au même endroit pour parler de la confiance perdue.

Mais malgré la ligne directrice, les conversations se sont surtout concentrées autour d’un seul sujet, Donald Trump qui a occupé les débats avant et après son intervention jeudi en fin d’après-midi, le temps fort de ce forum.

Malgré une ambiance un peu plus morose que d’habitude, les invités prestigieux sont venus parler de leur vision optimiste de l’avenir de l’Amérique, qui en dépit de tout va rester l’Amérique.

Selon Larry Fink, le PDG de BlackRock, il y a trois raisons à cela :  un marché de capitaux accessible à tous types d’entreprises, une technologie omniprésente qui permet de booster la compétitivité et surtout, l’énergie pas chère.

Que Trump devrait faire abonder en forant, tant et plus, tout en encourageant le développement du nucléaire privé. 2025 et 2026 en Amérique seront encore des années fastes avec 2,7 % de croissance, un chiffre annoncé sur la scène pendant les « outlooks » qui se sont déroulés le dernier jour du forum.

Côté Europe, pour les optimistes de la haute finance « davosienne », rien n’est perdu et le moment est venu d’investir, une information confirmée par Christine Lagarde toujours dans les « outlooks ».

La patronne de la BCE a partagé sa vision optimiste d’une Europe qui peut s’en sortir face aux autres superpuissances mondiales mais qui va avoir besoin d’argent.

Et pour achever de convaincre l’audience, elle a conclu sur la défaite de l’inflation, une prochaine baisse des taux et un poignant “we need capital”.

Une vision partagée par François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France qui a profité de sa présence à Davos pour rappeler que l’Europe dispose déjà d’importantes ressources inexploitées.

Il a lancé un appel à la mobilisation de l’épargne privée européenne rappelant que chaque année 300 milliards d’euros d’épargne des européens partent s’investir hors d’Europe, principalement aux États-Unis.

Pour financer les grandes transitions écologiques et numériques dont l’Europe a besoin, il propose ni plus ni moins que de récupérer ces 300 milliards.

Une façon à peine voilée d’annoncer que l’épargne des européens pourrait bientôt être mise à contribution, qu’ils le veuillent ou non.

Le gouverneur de la Banque de France évoque pour cela la création d’une Union pour l’Epargne et l’Investissement, un projet qui vise à créer un marché unique du financement en Europe.

Si les intentions semblent louables, cette volonté de mettre la main sur l’épargne privée ne manquera pas d’inquiéter les épargnants européens.

Des prévisions, des échanges, des appels aux investisseurs et des frissons d’inquiétude pendant les discours. Voilà Davos en 2025, c’est ça mais pas seulement.

Ce sont aussi des poignées de mains, des argumentaires de vente, des rires autour d’une coupe de champagne, de la neige et des jets privés.

Regardons plus en détail ce qu’est réellement le forum économique mondial

Au départ, Davos n’était rien de plus qu’un club privé réservé aux entrepreneurs européens.  Il a été fondé et a longtemps été présidé par l’économiste allemand Klaus Schwab pour favoriser les échanges de savoir entre les patrons et les cadres américains et européens.

C’était un lieu de partage, un forum de discussion, un symposium du management. C’est d’ailleurs sous ce nom qu’il a ouvert ses portes en 1971 à environ 450 PDG européens avides d’en savoir plus sur les méthodes de management à l’américaine.

Depuis, il a beaucoup changé. À partir de 1974, des dirigeants politiques font leur apparition parmi les invités. On n’y parle plus seulement de compétitivité ou de gestion des ressources humaines, on commence à aborder des thèmes plus planétaires comme la pauvreté ou la faim dans le monde, le changement climatique ou la gouvernance mondiale.

En 1987, d’européen, le forum devient mondial. Klaus veut en faire un lieu de discussion » trans mondialiste, apolitique et pacifique » où il devienne possible de rassembler les représentants de deux pays ennemis pour rétablir le contact et plus généralement de chercher des solutions à tous les problèmes du monde.

Cette année par exemple, on a parlé d’investir sur les gens, sous-entendu dans la formation et l’éducation et dans la protection de leur santé.

Tous les beaux objectifs, cuisinés à la sauce Davos, se transforment en un futur où des établissements scolaires ou hospitaliers fleurissent partout mais surtout des établissements privés soumis à des obligations de rendement.

 

Il suffit d’interroger des résidents des Ehpad européens ou bien, toutes les victimes africaines de la « révolution verte » de Bill Gates pour voir jusqu’où ce modèle peut aller. Bien sûr, essayer de combler un besoin tout en faisant des bénéfices n’est pas interdit, c’est même ce qui fait le succès d’une entreprise, mais pas en exploitant ses usagers.

Petit à petit le club d’information des PDG d’Europe est devenu le plus gros rassemblement d’hommes et de femmes de pouvoir que la Terre n’ait jamais porté, et ils s’assurent de pouvoir faire à peu près ce qu’ils veulent, comme ils le veulent, sans entraves.

La majorité des invités partagent la même vision ultralibérale du monde, une immense place de marché où rien ne viendrait entraver le bon déroulement des affaires quitte pour ça à limiter quelques libertés. Les champions économiques de tous les continents sont là avec 3000 représentants de l’élite privée et publique dont presque un tiers d’américains.

Parmi les partenaires officiels du forum, on compte 14 des 20 plus grosses sociétés cotées du monde, des géants technologiques comme les Gafam, aux grandes multinationales influentes telles que Walmart, ExxonMobil, JP Morgan Chase, LVMH, L’Oréal, Pfizer ou Amundi.

Ce représente une très grosse part du PIB mondial. Certaines de ces sociétés sont plus puissantes qu’un pays.

Évidemment avec autant de pouvoir concentré sous le même toit, le forum de Davos fait régulièrement l’objet de critiques et de théories complotistes qui l’accusent de vouloir prendre d’une façon ou d’une autre le contrôle de nos vies et, plus généralement, le contrôle de la planète.

En fait, ça n’a rien de complotiste, le FEM milite pour une gouvernance mondiale unique, la seule solution selon Klaus pour assurer la paix mondiale.

Ça passe par une collaboration plus étroite entre les secteurs privé et public, par favoriser des échanges sans aucune contrainte, le tout afin que chacun puisse trouver des acheteurs et vendre son produit ou son service partout et comme il le veut.

À celles et ceux qui s’inquiètent du pouvoir que représente le forum de Davos, ses partenaires et ses membres fondateurs répondent qu’on n’y prend aucune décision, qu’on n’y vote pas et qu’on n’y crée pas non plus de lois. On discute simplement de différents moyens de rendre le monde meilleur.

Tout en faisant quelques affaires sans rien cacher puisque les sessions plénières sont accessibles sur la chaîne et sur le site du FEM.

Pourtant, c’est bien à Davos que les PDG et les élus du monde viennent désormais chercher l’inspiration, plus encore en temps de crise.

À votre avis, d’où viennent les excellentes idées comme :

  •  Les radars embarqués privés ?
  • L’obligation vaccinale universelle pendant la pandémie ?

Et c’est bien à Davos que sont nommés chaque année les futures élites du monde, les Young Global Leaders, 100 « jeunes cerveaux », des « Mozart de la finance » façonnés à l’image de notre président, et à ce stade, nous sommes bien placés pour constater ce que ça peut coûter à l’échelle d’un pays comme la France...

De Gabriel Attal, de Marlène Schiappa ou encore d’Agnès Pannier-Runacher et chaque année les participants repartaient avec de nouvelles idées pour se rapprocher du monde idéal imaginé par Klaus Schwab, tout en gagnant de l’argent.

Mais la guerre en Ukraine a fracturé la planète et bousculé tous les plans.

Plus récemment, le retour de Donald Trump est venu tout chambouler.                  Il n’y a eu qu’à voir les timides applaudissements et les sourires gênés qui lui ont été réservés lors de son intervention jeudi pour s’en rendre compte.

Il faut dire que si le FEM et Trump partagent le même amour du capitalisme, ils n’ont pas les mêmes visions de la mondialisation. Celle de Donald Trump est plutôt originale puisqu’elle ne se concentre que sur un seul pays, le sien.

Aucune ambiguïté dans son discours, un nouvel âge d’or protectionniste commence pour les États-Unis et, avec lui, une guerre contre trois ennemis mortels, l’immigration, le crime et l’inflation.

Versatile, après s’être félicité de la baisse des taux et celle prochaine des prix du pétrole, le président américain a ensuite menacé le monde de nouvelles taxes avant d’inviter chaleureusement son public à venir faire du business aux États-Unis :

« My message to every business in the world is very simple, come make your product in America and we will give you among the lowest taxes of any nation on earth » .

L’invitation n’a pas empêché un vent de panique de glacer le public.

Traduction pratique en France : ArcelorMittal suspend les investissements prévus sur les hauts-fourneaux de son site de Dunkerque ce qui pose la question vitale du devenir des 1 100 salariés. Mais, le groupe vient de choisir les Etats-Unis (Calvert – Alabama) pour investir près d’un milliard de dollars dans une nouvelle usine …

Avec ce qu’il a annoncé comme la plus grosse campagne de dérégulation de l’histoire de l’Amérique, Trump a montré à Davos sa volonté de faire de son pays le meilleur endroit du monde pour entreprendre.

Le marché américain est souvent le plus important pour beaucoup de multinationales et toutes ces décisions vont devoir amener les leaders de Davos à changer leurs plans…

Ça tombe bien, réinventer la croissance était l’un des sujets à l’ordre du jour du Forum. Parmi les superpuissances de la manufacture, on cherche déjà d’autres débouchés pour éviter d’y perdre un bras.

C’est le cas dans l’automobile ou le luxe par exemple, deux piliers de l’économie européenne. L’Europe en a d’ailleurs pris pour son grade, accusée de ne pas vouloir jouer le jeu de la concurrence internationale, sous-entendu de ne pas vouloir acheter suffisamment de produits américains :

« Ils sont durs, ils sont très durs, ils ne prennent pas nos voitures, ils ne prennent pas nos produits agricoles, ils ne prennent presque rien » a dit Trump.

En réponse aux inquiétudes des participants sur l’avenir de l’Europe, représenté pour l’occasion par Steve Schwarzman, PDG de Blackstone, le ton a été cinglant :

« Si l’Europe va si mal, c’est de sa faute, trop de normes, trop de réglementations, trop de lourdeurs administratives. Elle ne joue pas le jeu en matière de défense et ça non plus, ça n’est pas juste ».

Donald Trump exige que désormais 5 % du PIB de chaque pays de l’Union soit consacré à l’OTAN et refuse d’investir ses armées en Ukraine pour la négociation du cessez-le-feu.

L’Ukraine, voilà l’autre sujet sur lequel il était très attendu après sa promesse de mettre fin au conflit en 24 heures. Finalement ce sera en 100 jours mais il faut bien reconnaître qu’il y a des progrès.

 

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