• Main basse sur l'eau douce de France

    Le Grand Liquidateur va liquider notre eau

    En octobre 2022,  une étrange rumeur, relayée à l’époque par l’hebdomadaire Marianne, circulait en sourdine et avait finalement été confirmée par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, en réponse à une question orale au Gouvernement posée à l’Assemblée nationale : « oui. Il y a eu des rencontres au sommet de l’Etat pour discuter de la possibilité d’échanger de l’eau douce française contre des hydrocarbures étrangers ».

    Tout est très bien détaillé, dont bien réfléchi, et déjà organisé : « ce sont 19 tankers de 200 000 M3 par jour, au départ de Fos-sur-Mer et 48 tankers de 80 000 M3 au départ de Martigues,  à raison de 4 rotations par jour, pour un total de 4 milliards de mètres cubes par an ».  C’est-à-dire, l’équivalent de la consommation annuelle des Français. 

    Le hold-up du siècle est programmé...  Et le "narratif" qui accompagnera désormais tous les discours sur la "fragilité de la ressource en eau, est parfaitement au point... Préparez-vous à avoir peur comme vous avez eu peur, il y a déjà deux ans de cela...

     Ce n’est donc pas une rumeur. Le Gouvernement prétend vouloir « échanger des ressources naturelles contre des ressources vitales »…  ou plutôt "liquider" ce bien commun de l'humanité qui n'a pas de prix... "L'eau est un bien commun de par la diversité de ses états, ses fonctions, ses interactions avec les différents compartiments et les services essentiels qu'elle rend aux écosystèmes et aux humains." 

    Quel est l’alibi ? il s’agirait de résoudre un problème environnemental puisque cette eau provient de la Durance et du Verdon dont l’excédent - turbiné par la centrale EDF hydroélectrique de Saint-Chamas, soit 1 266 millions de m3 d’eau douce - est déversé dans l’étang de Berre, ce qui perturbe fortement le biotope depuis plusieurs décennies en faisant chuter la salinité de l’eau.  Oui, mais, cela ne sera pas suffisant pour satisfaire le « deal » passé avec certains pays du Moyen-Orient…

    Et arriver à fournir 4 milliards de m3. D’où viendra la différence ? Des nappes phréatiques déjà fortement mises à contribution ? De prélèvements directement effectués dans les fleuves de France dont on connaît bien les variabilités saisonnières ?  De l’eau extraite de notre sous-sol et qui, de fait, sera exclue du processus naturel d’évaporation, ne se transformera pas en nuages et viendra aggraver les épisodes de sécheresse historiquement présents dans le Sud ?

    Christophe Béchu évoquait, il y a trois semaines de cela, au Sénat, la prochaine sécheresse prévue à nouveau pour cet été, et rappelait que nous sommes déjà en manque d’eau. Oui, dans le Var, certaines communes sont approvisionnées par camions citernes (Les Adrets de l'Esterel, Bagnols-en-Forêt, Callian, Fayence, Mons, Montauroux, Saint-Paul-en-Forêt, Seillans, Tourettes). Et 85 autres communes de ce département sont en « alerte sécheresse » depuis le 15 février (Fréjus, Draguignan, Brignoles et Hyères), plus 66 autres communes varoises en vigilance, « premier niveau de sécheresse »

    Ajoutez à cela que tous les systèmes d’assainissements autonomes (fosses septiques)  qui ne fonctionnent plus en l’absence d’eau au robinet… Et vous aurez une petite idée des conditions difficiles de la population qui ne peut plus également utiliser de machine à laver ou de lave-vaisselle…

    C’est aussi la sécheresse qui est invoquée pour refuser tout nouveau permis de construire pendant 5 ans dans neuf communes du canton de Fayence, dans le Var. Les nappes phréatiques ne disposeraient plus de ressources en eau suffisantes pour alimenter de nouvelles habitations. Les maires de Bagnols-en-Forêt, Callian, Fayence, Mons, Montauroux, Saint-Paul-en-Forêt, Seillans, Tanneron et Tourrettes ont pris cette décision radicale.

    Notez au passage, que le Var est emblématique de la bétonisation anarchique de ses côtes comme de l’arrière-pays : cela devrait inciter les élus des communautés de communes ou d’agglomérations à réfléchir avant d’inciter à urbaniser, à densifier toujours plus l’habitat (Ex. St Gilles Croix de Vie où le maire veut construire plus d’immeubles pour accroître l’offre en logements) sans limites… Mais, surtout, sans mettre en adéquation le nombre d’habitants et la ressource en eau disponible. Les élus n’ignorent pas que les ressources en eau de la Vendée ne sont pas extensibles : 93 % de cette ressource vient des eaux de surface (contre 30 % en moyenne en France)…

    Que dit Vendée Eau à ce sujet ? « La ressource en eau est précieuse mais régulièrement menacée par des épisodes de sécheresse qui s’aggravent avec les effets du dérèglement climatique. De plus, la demande est en augmentation constante sur le département, du fait de son attractivité, avec un effet particulièrement marqué sur la zone littorale en raison des activités touristiques ».

    ·         Avez-vous entendu les élus locaux se poser la question de l’adéquation entre la ressource en eau le nombre d’habitants qu’il est possible d’accueillir ? 

    ·         Avez-vous entendu les associations de protection de l’environnement faire de la pédagogie à ce sujet ?

    ·         La réponse est : "non", aux deux questions.

    Toujours dans le Sud, le département du Gard vient de prendre à son tour, des mesures restrictives d’usage de l’eau.

    Dans les Pyrénées Orientales, quatre communes sont également privées d’eau et alimentées par camions-citernes (Corbère, Corbère-les-Cabanes, Saint-Michel-de-Llotes et de Bouleternère).

    Et nous ne sommes pas encore en été…

    ·    Alors, comment allons-nous expliquer aux maires des communes rurales que la France va fournir 4 milliards de M3 d’eau au Moyen-Orient ? Même si le « narratif » utilisé dans les médias est là pour préparer les esprits à de futures restrictions… Démêler le vrai du faux sera compliqué.

    ·    Quand la ressource visée (centrale hydroélectrique EDF de St Chamas)pour ces approvisionnements ne peut fournir que 800 millions de m3. Où va-t-on aller puiser la différence pour arriver à 4 milliards ? La question reste posée…

    La France risque de manquer sévèrement d’eau l’été prochain.

    Il y a 15 jours de cela, le président de la République a fait un grand discours dans les Alpes, près du lac de Sainte-Croix (réserve d’eau douce qui alimente le Sud-Est de la France) où il a été conspué après avoir présenté son « plan eau », pour confirmer que nous allons bien manquer d’eauMais il a oublié de préciser qu’il a prévu d’envoyer au Moyen-Orient, l’équivalent de la consommation annuelle des Français, soit 4 milliards de m3… Il ne faut plus, dès lors,  s’étonner de voir les réserves d’eau au plus bas… Il n’y a pas de hasard, tout est bien prévu, organisé, planifié.

    Pourtant, il y a d’autres solutions : Israël, par exemple, est le premier pays pour la désalinisation de l’eau de mer avec des usines extrêmement performantes.

    Il faut inciter les pays déficitaires en eau comme l’Espagne en Europe, ou les pays du Moyen-Orient, à développer la désalinisation…

    En attendant, des discours politiques et autres slogans nous incitent à limiter fortement notre consommation en eau, le nombre de douches, leur durée : 3 mn maxi, voire à prendre des douches groupées (!), le lavage de nos voitures, l’arrosage de nos jardins et le remplissage des piscines…

    Depuis le mois d’octobre 2022 et cette question orale au Gouvernement, à l’Assemblée nationale, aucun parti d’opposition ne s’est emparé du sujet ! Il est pourtant du devoir des sénateurs et des députés d’être les relais des territoires : c’est tout le sens de leurs mandats.

    De là à penser que nous avons ce que Eric Verhaeghe, avec la pertinence qui est la sienne, appelle une « fake opposition », il n’y a qu’un pas.  Et, ce n’est pas une « fake news ».

    Par ailleurs, les médias, dans un grand mouvement d’ensemble se gardent bien d’évoquer un sujet aussi subversif. Mais cela n’étonnera personne.

    De l’avis du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) « Le cycle de l’eau est encore mal connu même si nous savons depuis longtemps qu’elle passe de nombreuses fois de la surface de la Terre jusqu’à la mer pour s’évaporer et retomber sur Terre ou qu’elle s’infiltre vers les eaux souterraines. Les eaux souterraines peuvent alimenter les eaux de surface, notamment en été. Le tout avec des transferts en eau aux temporalités différentes », explique Dominique Darmendrail ( Directrice du programme Water and Global Changes au BRGM). « Le cycle de l’eau est donc bien plus complexe qu’on ne le penseD’autant qu’il est modifié par la façon dont on l’utilise »…

    On le constate tous les jours :  les intérêts privés et l'appétence pour l'argent ont définitivement supplanté l'intérêt général. Il est urgent d'en finir avec le macronisme, au risque sinon de voir, outre notre souveraineté défaite,  notre pays, ses industries, son patrimoine naturel et culturel définitivement liquidés.

    Il est temps de se réveiller !

     

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