• Macron-Mélenchon : la diagonale du fou

     

    Macron-Mélenchon : la diagonale du fou

     

    Rappelons ce qu’est la diagonale du fou dans le contexte des échecs

    • Les deux fous d’un même camp ne se rencontrent jamais : il y a un fou de case blanche et un fou de case noire.
    • Suivant sa position sur l’échiquier vide, le fou peut atteindre de 7 à 13 cases en un coup. C’est au centre qu’il est le plus mobile.

    Le bon Fou est celui qui peut attaquer les pions bloqués adverses, le mauvais Fou est celui qui est gêné par ses propres pions dans son déplacement.

    Voilà pour la métaphore entre l’échiquier du jeu et celui de la politique.  Et son illustration sur l’échiquier politique qui se traduit par un « accord secret » entre Macron et Mélenchon pour truster les élections de 2027, et assurer ainsi une recomposition du paysage politique.

    Il faut bien avoir cet accord à l’esprit, et surtout son caractère prospectif, pour comprendre les discussions qui piétinent entre les différents partis de gauche car rien ne va plus dans les négociations du Front Populaire pour choisir un Premier Ministre (ou, du moins, pour proposer un nom à E. Macron). Les intransigeances des uns et des autres durent depuis plus d’une semaine, et l’affaire n’a pas avancé d’un pouce.

     

    Souvenons-nous qu’Emmanuel Macron avait annoncé qu’il attendrait la mise en place de la nouvelle Assemblée Nationale (en l’espèce à partir du 18 juillet) pour choisir un nouveau Premier Ministre.

     

    Il a accepté la démission du gouvernement pour permettre aux ministres élus députés de candidater à des fonctions dans la nouvelle Assemblée. 

    • Macron et Mélenchon ne souhaitent pas le montage d’une coalition incluant la France Insoumise.
    • Mélenchon pousse donc ses partenaires à la rupture, pour pouvoir apparaître comme la seule force d’opposition au macronisme dans les 3 ans à venir.
    • Macron partage cette stratégie, dans la mesure où elle lui permet de garder le contrôle de la coalition...

    Il est évident qu'il y a un axe qui répond à une visée intentionnelle profonde du Président, qui est de restructurer, de reconstituer un bloc centriste, avec des forces de gauche, notamment avec le PS et les écologistes, en incrémentant davantage sur la gauche. Puisqu'au fond, Macron a beaucoup déporté le bloc central sur la droite, il souhaite maintenant rectifier cette trajectoire.

    Simplement, il ne veut pas que ce nouveau bloc devienne dominant, il veut le contrôler. Pour dominer l'aile gauche du bloc central qu'il veut reconstituer pour absorber le parti socialiste et les Verts, il a besoin d'une France insoumise forte et qui attire à elle les éléments les plus radicaux de la gauche.

     

    Ce point de vue-là est également partagé par Jean-Luc Mélenchon, qui considère qu'au fond, une coalition avec des forces de gauche indépendantes ou capables d'arriver au pouvoir sans Macron, tuera à terme la France insoumise, tout comme la coalition avec le PS, le programme commun de la gauche de Mitterrand en 1978, a tué le Parti communiste au bénéfice du Parti socialiste. 

    Pourquoi ? Parce que lorsqu'une force radicale ou extrémiste, et dans le cas de Mélenchon il y a probablement plus de radicalité que d'extrémisme,  était obligée de coexister avec une force réformiste, sans contrepoids en face, mécaniquement, la tiédeur réformiste neutralise progressivement la radicalité des extrémistes.

    Mélenchon sait que dans un gouvernement LFI/PS, le bloc bourgeois-socialiste prendrait le dessus parce qu'au fond il serait capable de trouver les compromis nécessaires et par conséquent, obtiendrait le pouvoir.

    Ainsi, le calcul de Mélenchon est de se dire que s'il veut gagner les élections, s'il veut pouvoir être au deuxième tour des présidentielles en 2027, car il sera bien candidat, je vous l'annonce, face à Marine Le Pen, sa seule porte de sortie possible, c'est au fond de faire passer les socio-démocrates du côté des traîtres,  pour reprendre son lexique marxiste-léniniste.

     

     Son idée est vraiment de démontrer leur pseudo-traitrise. Dans le genre : " Pour aller à la gamelle, ils ont accepté de renier le programme du Front populaire qui nous a permis d'être la principale force politique du pays. Ce sont seulement  des forces supplétives de Macron. On ne peut pas leur faire confiance. La vraie gauche, c'est nous"

    Le pari que fait Mélenchon, sa seule planche de salut,  est d'être la seule force de gauche constituée jusqu'à 2027 et donc de pouvoir se situer dans l'opposition à un gouvernement qui comprendrait forcément, il en a besoin, des forces de gauche sur lesquelles il va pouvoir tirer à vue et qu'il va pouvoir discréditer dans la perspective des élections de 2027.

     

    Donc ce que joue Mélenchon actuellement, c'est sa présence au deuxième tour des élections présidentielles en 2027. Il a déjà fait plus de 20% aux précédentes élections présidentielles. Il est systématiquement dans le quart final. 

    Et son objectif, consiste à jouer le jeu de 2027 en espérant au deuxième tour être face au RN et en se disant que l'effet « front républicain » qui a permis au Front Populaire de 2024 de « gagner les élections » selon son expression, on ne va pas chipoter sur les chiffres réels, même s’il n’y a pas eu de gagnants à l’issue de ces élections législatives comme je l’ai écrit dans mon précédent article.

     

     Mais Mélenchon, en vieux briscard de la politique, pense vraiment qu'au deuxième tour, en 2027, l'effet Front populaire lui permettra mécaniquement d'être président de la République, sans s’être fait carboniser par un poste de premier ministre  dont on sait qu’aucun, par le passé, n’a réussi à être élu aux élections présidentielles qui ont suivi… D’autant plus, qu’à Matignon,  le boulot va être extrêmement ingrat et difficile pour toute la gauche.  C'est-à-dire que la crise des finances publiques va constituer un empêchement majeur. Et donc le calcul de Mélenchon consiste à laisser le Parti Socialiste s'user à Matignon, dans son appétit de pouvoir, « à mener une politique néolibérale » impopulaire, à faire tout le contraire de ce qu'il avait promis pendant la campagne des législatives...

    Il va donc laisser les socialistes s'user à mettre en œuvre la purge douloureuse des finances publiques, dans le cadre d’une politique néolibérale, pour mieux les discréditer et pour, d'une façon ou d'une autre, une fois le travail réalisé, pouvoir jouer sa partition et dire : «  Voilà maintenant si vous en avez marre des magouilles politiciennes, des magouilles partisanes, des gens qui vont à la gamelle en se faisant élire sur un programme, et en menant un programme contraire  en totale complicité avec ceux qu'ils débinaient avant les élections, si vous  voulez sortir de ce marigot,  élisez-moi !  Et moi je ferai une vraie politique de gauche alternative. »

    C'est là, toute la stratégie de Mélenchon pour gagner les élections de 2027.

     

    Pour Emmanuel Macron, il n’est pas exclu que cet accord soit sa dernière chance de sortir du bourbier qu’il a lui-même organisé. Souvenez-vous de sa déclaration à propos de l’hôpital, qui a fait le tour de la toile : « C’est plus dur de réinventer un modèle quand tout n’a pas été détruit »...   https://x.com/ContreAttaque_/status/1651535825052508165?lang=fr

    Ainsi, dans l’accord confidentiel,  gagnant-gagnant, entre Macron et Mélenchon, il y a évidemment la stratégie de ce dernier qui se voit déjà président. Mais Macron, dans le même état d’esprit, a aussi plusieurs pôles d’intérêts pour parachever son chaos programmé :

     

    1) Son objectif est quand même de terminer le travail, à savoir, servir ceux qui lui ont demandé de faire les réformes fiscales et les liquidations de nos fleurons industriels, c'est-à-dire tous ceux qui perçoivent des revenus du capital. Macron sait très bien qu'avec un gouvernement comportant Mélenchon, il devra revenir (momentanément) sur le prélèvement forfaitaire unique, par exemple, et que ce sera un moment difficile pour ses commanditaires.                 In fine, l'intérêt objectif de Macron est quand même, jusqu'en 2027, de délivrer les prestations attendues afin de ne pas se faire « détruire » trop tôt par ceux qui l'ont mis au pouvoir.

     

    2)  Le deuxième intérêt de Macron est quand même de reconstituer un bloc central en affaiblissant la gauche.

    Et pour affaiblir la gauche, rien de tel qu'en annexer une partie, en la mettant dans un gouvernement où elle va se dénaturer, se déprécier.

    Car l’autre grand secret, c'est que le programme du Front Populaire ne sera pas appliqué. On peut d'ailleurs se demander si, au RN, il n'y a pas eu une volonté délibérée de foirer ces élections au deuxième tour pour, justement ne pas être appelé au gouvernement, parce que tout le monde sait bien que le gouvernement qui va être nommé va au-devant des pires difficultés.                                                            

    Les dirigeants du Front Populaire sont-ils complètement incompétents ?

    Ne connaissent-ils rien aux contraintes qui nous lient à l'UE, à l'euro et à ses contraintes juridiques ?

    Et aux menaces d'être déférés devant la Cour de justice de l'UE, et aux menaces encore plus concrètes d'avoir un refus de la BCE de racheter nos OAT (obligations assimilables du Trésor), c’est-à-dire notre dette…

    Les conséquences : La France serait en faillite totale, obligée d’emprunter à des taux d’intérêts prohibitifs… Le risque qu'on nous fasse une "clé dans le dos" en nous disant « Si jamais vous faites ça, on ne rachète plus les obligations du Trésor, vous êtes en faillite ».

    En résumé, la France est ingouvernable car elle ne s’appartient plus. Revenir sur la réforme des retraites, ce serait revenir sur un engagement européen. Diminuer la TVA sur l’énergie ou ailleurs, il faut l’accord de la Commission européenne. Rappelez-vous, en 2009 dans la restauration, le taux de TVA sur les ventes à consommer sur place était passé de 19,6% à 5,5% en métropole (puis à 7% au 1er janvier 2012). Il avait fallu attendre 5 ans pour obtenir cette autorisation de Bruxelles…  Le Gouvernement qui devra »gérer » la situation » jusqu’en 2027 en sortira « carbonisé » ; ce sera tout bénéfice pour le bloc central. 

    3) Effectivement, la perspective d'un deuxième tour à la présidentielle de 2027 entre, Mélenchon-Le Pen, est quelque chose qui réjouit Macron parce que, après un deuxième mandat quand même en demi-teinte, il pourra partir en disant « Voyez, vous ne m'aimiez pas, mais après moi le chaos, regardez où vous en êtes arrivés en m'évinçant ». Et probablement que Macron ne détestera pas savonner la planche à celui qui, dans son univers, présentera sa candidature en 2027, qu'il s'agisse de Mélenchon, de Gabriel Attal, ou éventuellement d'Edouard Philippe.

     

    Enfin, selon un vieil adage en vigueur dans la fonction publique, « on succède toujours à un nul et on est toujours remplacé par un incompétent ».  Macron s’en réjouit par avance.

    Ne vous laissez pas abuser par l’apparente détestation entre Mélenchon et Macron.

    La pièce de théâtre n’est toujours pas terminée. Les jeux sont faits, mais les dés sont pipés : le partage du pouvoir est d’ores et déjà organisé.

    Pendant ce temps, la France poursuivra sa lente agonie jusqu’en 2027, avant une mise sous tutelle du FMI, de plus en plus probable.

    Et vous, mes Cher Concitoyens, peut-être vous poserez-vous la question du bien-fondé des tenants d’une sortie de l’U.E. et de l’euro ?

    Il est bien tard pour cela. Plus tard que vous ne le pensez…

    Dans un prochain article, les conséquences de cette faillite annoncée pour vos économies…

     

     

     

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