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Par Athena85 le 24 Juillet 2024 à 16:43
Jean-Philippe Delsol - Docteur en droit et licencié ès lettres, Jean-Philippe Delsol est avocat au Barreau de Lyon, spécialisé en droit des sociétés et fiscalité internationale.
Le 19 juillet 2024, l’Assemblée nationale a désigné son bureau dans la confusion la plus totale et en violation des règles dites républicaines dont se prévaut si souvent le Nouveau Front populaire (NFP) : il s’est approprié des sièges qui ne lui revenaient pas par un coup de force dont il faut craindre qu’il devienne un jour coup d’Etat.
La violation du règlement
Le règlement de l’Assemblée nationale – qui est sa loi – contrôlée par le Conseil constitutionnel, prévoit en son article 8 qu’après l’élection du président, qui a renouvelé Yaël Braun-Pivet au perchoir, a lieu l’élection de 6 vice‑présidents, de 3 questeurs et de 12 secrétaires « en s’efforçant de reproduire au sein du Bureau la configuration politique de l’Assemblée et de respecter la parité entre les femmes et les hommes » (article 10-2). La répartition se fait comme suit indiquent ensuite les articles 10-5 et suivants :
5. Il est attribué à chaque poste du Bureau une valeur exprimée en points : 4 points pour la fonction de Président, 2 points pour celle de vice‑président, 2,5 points pour celle de questeur, 1 point pour celle de secrétaire.
6. L’ensemble des postes représente un total de 35,5 points, qui est réparti entre les groupes à la représentation proportionnelle sur la base de leurs effectifs respectifs.
Mais en l’espèce, il n’en a pas été ainsi. Les parlementaires ne se sont pas mis d’accord sur les règles qui président à cet esprit républicain qu’ils sont prompts d’accuser les autres de ne pas le respecter. Il a donc fallu voter et entre des bourrages d’urne (Dix bulletins de trop retrouvés dans une urne) et l’union de la gauche élargie aux macronistes pour pratiquer un front républicain contre le RN celui-ci n’a rien obtenu tandis que les députés NFP ont pris la majorité du bureau de l’Assemblée en raflant notamment deux vice présidences (LFI) et neuf des 12 postes de secrétaires, parce que des députés macronistes avaient quitté la salle pour aller dormir !!!.
Certes le RN a peut-être favorisé l’élection des deux vice- présidents NFP en votant pour ses adversaires dans le respect des dispositions susvisées du Règlement et en refusant un accord particulier que Laurent Wauquiez lui aurait proposé. Par dépit, il n’a pas présenté de candidat au secrétariat. Mais le résultat est que le RN est exclu de la gouvernance de l’Assemblée et peut en appeler à l’injustice et à la persécution.
Le piège trotskyste
Les Macronistes ont révélé une fois de plus leur sympathie pour l’extrême gauche et, en s’abstenant, ont laissé celle-ci faire le coup de force alors que le groupe LFI ne dispose que de 72 députés contre 126 au RN. Ils ont récolté la monnaie de leurs petites magouilles ce samedi 20 juillet en obtenant 6 présidences de commissions sur 8, les 2 autres allant au NFP, confirmant ainsi l’alliance Macron/NFP. On peut légitimement s’inquiéter de savoir qui n’est pas républicain dans cette Assemblée dont le NFP ne représente le plus gros bloc que par l’effet de basses manœuvres de désistements et de compromissions qui ont conduit M Darmanin à se faire élire par les voix de LFI et M Philippe à voter pour le candidat communiste. Pour le moins on comprend que l’extrême gauche est prête à toutes les vilenies pour prendre le pouvoir, jusqu’au coup de force électoral.
Rappelons-nous que les communistes ont presque partout, de la Russie de 1917 aux anciens pays de l’Est, pris le pouvoir par la force, sans disposer de la majorité et sans hésiter à manier la violence et la fraude. Les trotskystes qui forment le cœur de LFI en sont les instigateurs. Leur seul objectif est de renverser l’ordre bourgeois par tous les moyens, avec toutes les armes, de manière impitoyable, sans la moindre concession aux principes de la démocratie qui n’est pour eux qu’une idéologie servant à opprimer le peuple. Ils veulent la Révolution qu’Engels, leur maître, décrivait comme « un acte par lequel une partie de la population impose sa volonté à l’autre partie à l’aide de baïonnettes, de fusils, de canons, moyens autoritaires s’il en fut » [1].
Le respect des minorités
Nos valeurs sont totalement étrangères à celles du NFP. Car la démocratie, presque confondue avec la République (en puisant dans son sens romain), exige tout à la fois la direction par la majorité et le respect des minorités.
Quand l’Assemblée ne dispose d’aucune majorité, chaque faction minoritaire doit être encore plus respectueuse des autres minorités.
Certes, la bonne nouvelle est que selon l’article 11 du règlement, « Ne peut être premier des vice‑présidents dans l’ordre de préséance qu’un député appartenant à un groupe s’étant déclaré d’opposition »). Ce qui signifie que le Nouveau Front Populaire, qui s’est arrogé la première vice-présidence de l’Assemblée, se reconnaît lui-même dans l’opposition. Mais il fera fi des règles quand il le voudra. Lénine, que les communistes ne renient pas, écrivait que « Supposer que dans une révolution un peu sérieuse et profonde, c’est simplement le rapport entre la majorité et la minorité qui décide, c’est faire preuve d’une prodigieuse stupidité; c’est s’en tenir à un préjugé archi-naïf digne d’un vulgaire libéral »[2].
La prise de majorité au bureau de l’Assemblée ne sera qu’un début si les macronistes continuent de jouer le rôle des menchéviks face aux bolcheviks et si plus généralement la droite et le centre persistent à éliminer le RN au profit de l’extrême gauche qui les utilise à cette fin. Il est temps de ne plus être naïf, notamment pour la nouvelle Droite Républicaine (ex LR) qui semble être tombée dans le piège de ses adversaires.
Rappelons que Mitterrand a fait disparaître le danger communiste en s’alliant avec les communistes dont le score d’alors oscillait autour de 20% dans les élections contre 2% aujourd’hui.
En essayant de marginaliser le RN – ce qu’a peut-être cherché Marine Le Pen – la droite et le centre font la pire des politiques. Ils lui donnent les armes qui lui manquent, l’érigent en victime. Ils renforcent le complotisme et le ressentiment populaire à l’encontre des partis traditionnels. Pour le moins, cessons de croire à la légitimité d’un front républicain qui fonctionne en bafouant les principes républicains.
A défaut de majorité à l’Assemblée, il ne peut y avoir qu’un gouvernement minoritaire cherchant des compromis utiles. Mais ceux qui croient encore à la vertu de règles communes peuvent au moins se battre pour qu’elles soient les mêmes pour tous. Ce sera le meilleur moyen de commencer à revivifier une pensée politique libérale œuvrant pour la dignité de tous dans le respect mutuel de la liberté, de la responsabilité et de la propriété de chacun.
[1] Cf. Marx-Engels, Textes sur l’organisation, Paris, Spartacus, 1970, p. 8.
[2] Lénine, La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, Œuvres, tome 28, pp. 262-263.
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Par Athena85 le 13 Juillet 2024 à 01:58
par Jean-Louis D. - Citoyen écœuré.
Bien malin serait celui qui pourrait donner le nom du gagnant de ces élections législatives. Qui a gagné ? Personne. Qui a perdu ? les Français. Et surtout la France. Selon un sondage du Figaro, 87 % des électeurs ne se retrouvent pas dans les résultats finaux...
Alors bien sûr, il y a eu des triangulaires qui ont été réduites à des alliances contre nature, des arrangements électoraux aussi dangereux que déshonorants. Cela s’est traduit par 60%, quand même, de triangulaires en moins par rapport aux dernières élections. Une accélération qui met à mort à démocratie en organisant un véritable hold-up électoral avec des désistements en série pour ne servir que les intérêts du pouvoir.
Finalement, il n'y a pas de « winners », c'est tout simplement l'alliance des « losers ». Et c'est tellement significatif de l'esprit français d'aujourd'hui.
Et cette question, pourquoi en fait cette dissolution ? Pour finalement revenir au point de départ ?
Il y a également toutes ces procurations. 3,5 millions avec une augmentation incroyable entre les deux tours, sans aucune explication valable.
Dans la revue Capital, on apprend qu’en Occitanie, entre autres, on a noté une » pression délirante » sur les personnes âgées, du jamais vu dans les EHPADs, ou même sur les personnes malades d'Alzheimer…
Avant on faisait voter les morts, maintenant on fait voter ceux qui perdent la tête tout simplement pour récupérer leur voix. Des procédés véritablement ignobles.
On peut évoquer également les systèmes électroniques de vote qui ont offert, pour les personnes handicapées d'un côté et les Français de l'étranger de l'autre, des résultats ultra favorables, comme par hasard, à la Macronie.
Question : qui reçoit ces votes ? Le ministère des Affaires étrangères qui les transmet ensuite au ministère de l'Intérieur. Ils font dire finalement tout et n'importe quoi, mais en réalité, ce qu'ils veulent aux chiffres. Bref, on fait déplacer les gens pour rien. Sinon, pour leur faire croire qu'ils existent. Alors, contester les résultats de ces magouilles relève de la gageure : il est quasi impossible d’aller les récupérer dans le ministère concerné… vous n'aurez donc aucune preuve.
En métropole aussi, vous avez de nombreuses communes qui ont adopté ce système de vote électronique, le mettent en pratique. En dépit d'un moratoire qui a été décrété suite, à des abus. Et puis, il y a enfin ce fameux matériel de vote électronique, qui concerne quand même plus d'un million de votants. Un million, ce n'est pas rien. Il ne s'agit pas de Dominion Voting Systems, car on certifie, contrairement à ce qui se dit sur les réseaux, que la France ne l'utilise pas. Mais il s'agit d'appareils de la société néerlandaise Nedap/Groenendaal, commercialisés par la société France Élections.
En fait, ce sont de véritables boîtes noires. On ne sait pas ce qu'elles cachent, bien sûr. Et il se trouve que le prestataire qui les livre, les gère, avec le Soluvote, qui est le logiciel ad hoc, il doit répondre aux attentes du commanditaire, qui n'est autre que l'État français.
Vous imaginez bien que le prestataire ne veut pas perdre ce juteux contrat. Donc il répond au doigt et à l'œil au commanditaire. Un souci qui, du reste, a été exprimé très sérieusement par une commission du Sénat dont j'ai pu me procurer le rapport : on met en garde, on dénonce, on condamne, mais bien sûr, in fine, on laisse faire.
Cela vous étonne ? Aucune supervision possible ? Alors, pour avoir des explications dans ce type de dossier, il faut aller à l’étranger, à la rencontre de spécialistes compétents qui se sont penchés sérieusement sur la question. En Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, le vote électronique a été proscrit en liaison avec une « insécurité chronique des systèmes ».
Aux Pays-Bas, le gouvernement néerlandais a décidé de ne plus recourir aux machines de vote électronique pour les élections. En effet, selon le ministre des Affaires internes, ce mode de vote apporterait une sécurité insuffisante par rapport au système classique du bulletin papier. Les services secrets néerlandais (AIVD) ont testé 1200 machines de vote électronique. Le bilan de cet audit a révélé un manque total de fiabilité, les signaux radios utilisés par l'ordinateur pour enregistrer les votes pouvant très facilement être interceptés.
« L'e-voting » qui, selon les dires de deux chercheurs hollandais, ne permet pas, avec ce système, d’assurer la sécurité totale des votes, permet, en revanche, d’obtenir un contrôle complet, et pratiquement indétectable des résultats, dès lors, disent-ils, que l'on se branche sur les périphériques.
La messe est dite. Il faut dire que Macron avait fait du vote électronique l'une de ses promesses de campagne. C’est bien la seule qu'il ait réussi à honorer. Et on comprend désormais beaucoup mieux pourquoi : ça peut servir à limiter la casse…
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Par Athena85 le 12 Juillet 2024 à 18:11
Les récentes élections législatives ont fait exploser la fracture ostensible entre des métropoles ouvertes sur le monde mais qui se ferment toujours plus au reste du territoire, et une France périphérique marginalisée.
Par « France périphérique », on entend : les petites villes et les territoires éloignés des métropoles. Celle-ci rassemble des bassins industriels asséchés, des zones d'emploi public ou touristiques et concentre l'essentiel des votes pour le Front national. Partout, des très chics quartiers de Saint-Germain-des-Prés aux banlieues populaires de Saint-Denis, les cités urbaines ont massivement voté à gauche, tandis que les campagnes brandissent les fourches du Rassemblement National (RN), sans pour autant menacer les bastions « intellectuels » des grandes villes.
À Paris et ses banlieues, La France Insoumise (LFI) a fait le plein de députés dès le premier tour : Danielle Obono et Sandrine Rousseau rayonnant respectivement dans le XVIIIe et le XIIIe arrondissements. Pendant ce temps, le RN noyait Fabien Roussel, candidat communiste, à Saint-Amand-les-Eaux, épicentre nordiste dépeint ici comme le « Ploukistan ». En d’autres termes, des murailles invisibles isolent les citadelles urbaines et posent la question d’un déterminisme territorial.
Le journal Le Monde minimise le phénomène, n'y voyant qu'une simple question de diplômes et non de géographie cristallisée. Une analyse jugée vide de sens par les observateurs critiques. Le Monde s’exprime encore pour ne rien dire car aucun vote ne provient de l'identité réelle ou supposée d'un territoire. C'est la concentration sociale qui fabrique une géographie, laquelle n'est que de l'histoire humaine,
À contrario de la promesse du secret de l'isoloir, ce duel s'est noué autour du clivage soulevé par Jordan Bardella lui-même, entre ceux qui voient l'immigration de près comme un « problème » et ceux qui la regardent de loin ou qui en sont issus comme un « projet ». Le bloc central penche idéologiquement pour le « projet » mais, pris en tenaille entre les deux pôles, il s'est efforcé d'en desserrer l'étau en plaidant la modération, sans véritablement convaincre.
Urbanité et immigration forment un duo entre « bobos » et allogènes, se soutenant mutuellement via des mécanismes d’aides étatiques. Pendant ce temps, les autochtones du tiers-état rural pataugent dans une exclusion orchestrée. Et, pour ce faire, les meilleurs outils restent les zones à faible émission (ZFE) qui sont de fait des zones à forte exclusion, déjà en vigueur dans 320 métropoles européennes. Un coût de la vie exorbitant et un marché immobilier accentuent encore le bannissement des ménages modestes.
Le retour de la droite dans le champ des idées ne doit pas masquer la résurrection intellectuelle d'une gauche radicale, qu'on croyait définitivement enterrée, qui règne dans des « idéopôles » globalisés, s’inspirant des mœurs anglo-saxonnes autant que de ses stratégies managériales.
Est-ce à dire que la souffrance de la France périphérique se résumerait à un banal problème de pouvoir d’achat, masquant la profondeur de la fracture sociale ?
Dans un livre sorti en 2014, « La France Périphérique », le géographe Christophe Guilluy (classé à gauche) dénonce courageusement le cynisme et la trahison des classes dirigeantes de gauche comme de droite :
« La posture républicaine ne doit pas tromper, la réalité est que nos classes dirigeantes sont pour l'essentiel acquises au modèle multiculturel et mondialisé » (La France périphérique, page 9).
En effet, dans les métropoles, qui absorbent une part croissante des richesses, la bourgeoisie a conclu une alliance paradoxale avec les groupes immigrés qui lui assurent le monopole du pouvoir en échange de la paix sociale.
Délaissés par les gouvernants, les « petits Blancs » se détournent d'un État-providence qui, au lieu de soutenir les plus déshérités d'entre eux, privilégie les nouveaux arrivants :
« L'immense majorité des Français est convaincue de la nécessité de construire du logement social mais comme ce type de logement tend à se spécialiser dans l'accueil des populations immigrées, on fera tout pour limiter son développement. Le paradoxe peut être ainsi résumé : alors même que les besoins en logements sociaux et en prestations n'ont jamais été aussi forts, les Français, notamment les plus modestes, préfèreront restreindre le champ d'action d'un État-providence soupçonné d'aider prioritairement les immigrés » (La France Périphérique, page 170).
Christophe Guilluy constate la disparition de facto des « classes moyennes » :
» le concept revêt une dimension ethnoculturelle et sert en réalité le plus souvent à désigner les blancs » (La France Périphérique, page 18).
De la même façon, l'auteur constate la disparition de la « France rurale » :
« Les dynamiques de gentrification et d'immigration ont donné naissance à des territoires très clivés, favorisant ainsi une inégalité sociale et culturelle sans précédent » (La France Périphérique, page 34).
Mais qui se soucie de cette France périphérique ?
« Pour les élites, elle n'existe plus. Cette France populaire, industrielle et rurale a vécu ; au mieux, il s'agit d'une France minoritaire et vieillie, qui s'accroche encore mais qui est condamnée à disparaître. Le problème est que cette France en voie de disparition est majoritaire » (France Périphérique, page 107).
Cela pourrait vous convaincre que rien n’est perdu puisque nous sommes en supériorité numérique…
Droite et gauche utilisent chacune à leur façon le vote ethnique :
« N'oublions pas que les entrées d'immigrés sur le territoire national n'ont jamais été aussi élevées que sous l'ère Sarkozy » en dépit d'un « discours frontiste » qui jouait le « petit Blanc » contre l'immigré et le musulman (page 98). De son côté, « François Hollande, envisagé comme rempart à l'islamophobie et à la négrophobie de la droite, obtient des scores de maréchal chez les musulmans, dans toutes les banlieues et dans les DOM-TOM » (La France Périphérique, page 98) !
« Il est vrai qu'il est plus facile de résister à un péril fasciste qui n'existe pas que de s'interroger sur les effets réels de la mondialisation et du séparatisme au sein de milieux populaires » (La France Périphérique, page 173).
Le mot de la fin reste à Christophe Guilluy
« On comprend dans ce contexte l'attachement de plus en plus marqué des classes dominantes des pays développés à une diversité qui rend acceptables les inégalités en faisant disparaître toute concurrence. La lutte des classes pour l'égalité sociale laisse ainsi la place à un combat pour la diversité et à une légitimation de l'inégalité » (Fractures Françaises, page 102).
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Par Athena85 le 4 Juillet 2024 à 00:23
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