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Etude PISA 2022 - Les symptômes d'un effondrement économique et culturel
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Les résultats de l’étude PISA 2022 qui viennent d’être présentés, ont provoqué un électrochoc en Europe et, notamment en France (26e), aux Pays-Bas (25e) et en Allemagne (24e).
Ces trois pays, tout comme l’Espagne et l’Italie, pointent tous les lacunes de leur système éducatif respectif qui donnent des résultats extrêmement médiocres. Mais tous mettent en évidence un lien étroit entre l'origine sociale, culturelle et les possibilités de formation ; le « fardeau des confinements et des migrations » (Allemagne et Pays-Bas).
En revanche, quelques tribunes économiques dans la presse spécialisée, ont pointé du doigt les conséquences à court terme de ces résultats désastreux. L’Allemagne, où le débat sur l’éducation et ses conséquences économiques immédiates a été houleux, a procédé à un bilan prévisionnel résumé en une phrase par l’économiste Dr. Hans-Jürgen Völz - économiste en chef de l’Association fédérale des moyennes entreprise (BVMW) :
« L’Allemagne est menacée d’un effondrement prochain de sa création de valeur ».
Nous avons au moins cela en commun. Examinons maintenant en détail, ce qui nous attend au plan économique, en particulier pour les entreprises de taille moyenne :
Hans-Jürgen Völz fait le constat suivant : « En tant que pays pauvre en ressources naturelles, l'Allemagne a toujours reposé sur trois piliers sur lesquels reposait sa prospérité : un personnel parfaitement formé, d'excellentes infrastructures, une stabilité politique avec un haut degré de sécurité juridique et, enfin et surtout, une sécurité sociale. Les deux premiers piliers sont en train de se briser, ce qui met en danger notre prospérité. Et pas seulement à un moment donné, mais très bientôt. Parce que c’est toute la chaîne de valeur économique est durablement endommagée ».
Alors, qu’est-ce que cela signifie pour nos économies ?
1) La chaîne de valeur économique commence avec l'éducation scolaire - avec l'apprentissage des compétences de base que sont la lecture, l'écriture et le calcul.
2) Vient ensuite la relation causale dans la chaîne de valeur, à commencer par la formation professionnelle, la recherche et le développement, qui conduisent à des inventions, qui à leur tour deviennent des innovations de produits ou de processus. Les investissements dans les machines et les systèmes nécessaires à leur production constituent la base de la croissance et de l'emploi et déterminent en fin de compte le niveau de prospérité d'une économie.
3) À l’inverse, cela signifie que si les bases ne sont pas correctement posées à l’école, c’est toute la chaîne de valeur qui s'effondre.
Sans éducation scolaire, la formation professionnelle ne sera guère possible, du moins pas à un niveau élevé, et la recherche et l'innovation ne seront même pas envisageables.
4) On imagine alors facilement les conséquences pour la France, l’Allemagne et nos voisins européens concernés, en tant que sites économiques. Le déclin économique n’est plus qu’une question de temps ; il est déjà engagé.
L’étude PISA a examiné trois disciplines, la langue maternelle du pays, les mathématiques et les sciences naturelles. Les experts interrogés s’accordent pour dire que sans les compétences suffisantes en économie et en écriture, tout le reste n’est rien. Car comment comprendre des énoncés, des consignes, des explications si on n’a pas une maîtrise suffisante de langue écrite et parlée ?
En Allemagne, le déclin de l’enseignement date de vingt ans ; en France cela fait quarante ans ; nous battons le record des mauvais scores en mathématique. Nous avons un sérieux handicap à remonter
Cela signifie que non seulement nos économies, mais aussi nos sociétés dans leur ensemble, subiront de graves dommages si nous n’agissons pas – et très rapidement.
Il devrait être clair pour toutes les personnes impliquées – du ministre aux professeurs, qu’il faut des objectifs éducatifs contraignants pour chacun. Il doit y avoir une mesure de soutien immédiat aux infrastructures dans les écoles primaires et, idéalement, également dans les crèches. Il faut rétablir les écoles normales d’instituteur pour avoir, enfin, une formation homogène des enseignants du primaire, de sorte que lorsqu’un enfant change d’école il ne soit pas soumis à des méthodes différentes voire divergentes et parfois fantaisistes…
La formation des enseignants est un impératif absolu : aujourd’hui, certains enseignants ont des lacunes dues à des compétences insuffisantes puisqu’ils sont eux-mêmes issus de ce système éducatif lacunaire.
En Allemagne, où des statistiques sont faites régulièrement dans les entreprises de taille moyenne, le constat est implacable.
Hans-Jürgen Völz relève que sans une connaissance suffisante- et donc appropriée- de l’allemand, la formation professionnelle en alternance se retrouve paralysée :
« En Allemagne, les entreprises de taille moyenne offrent sept places de formation sur dix. Mais toute entreprise de taille moyenne se trouve complètement dépassée si les stagiaires ne comprennent pas bien l'allemand et ne peuvent pas s'exprimer dans cette langue. Si nous n'agissons pas massivement dès maintenant, c'est tout le système de formation qui s'effondrera et notre système de formation en alternance tant vanté deviendra également obsolète, car les écoles professionnelles ne peuvent pas non plus combler ce déficit ».
Et en France, qu’en est-il ? Aucune idée, il n’y a pas de statistiques…
Un autre constat unanime tant en France que chez nos voisins concernés :
* Concentrons-nous sur l’enseignement de la langue tant écrite que parlée. Les hommes politiques français et allemands ont systématiquement ignoré tous les avertissements pendant plus de 20 ans, lorsque les premières études PISA ont été publiées. Mais si nous ne changeons pas de cap maintenant, il sera tout simplement trop tard. Malgré toutes les difficultés budgétaires que connaît actuellement notre pays, des coupes dans l'éducation ne sont pas acceptables. Au contraire : les investissements doivent se diriger de plus en plus vers le secteur de l’éducation, et surtout, qu’ils soient davantage mis en œuvre sur le terrain et beaucoup moins dans la gestion administrative bien trop lourde, qui génère plus de blocages que de fluidité…
À l’échelle internationale, les performances moyennes ont également chuté de manière drastique, a annoncé mardi l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) lors de la présentation de l’étude à Berlin. Il s’agit du premier bulletin de notes de PISA depuis la pandémie du coronavirus. Ce dernier est presque trois fois plus important que tous les changements successifs.
Selon l'OCDE, cette baisse est particulièrement prononcée dans une poignée de pays, dont l'Allemagne, la France. Par exemple, la Pologne, la Norvège, l’Islande et l’Allemagne ont enregistré une baisse de 25 points ou plus en mathématiques entre 2018 et 2022. « La baisse spectaculaire des résultats en mathématiques et en lecture suggère un choc négatif affectant de nombreux pays en même temps », indique le journal.
Dans l'enquête actuelle, l'Allemagne se situe toujours proche de la moyenne de l'OCDE en comparaison internationale dans les domaines des mathématiques et des compétences en lecture, et au-dessus de la moyenne de l'OCDE dans les sciences naturelles, mais ce n'est pas une raison pour pousser un soupir de soulagement. Selon les experts, la situation en France et en Allemagne n'est pas la seule à être préoccupante : au cours de ce cycle, les performances ont connu une baisse sans précédent, selon le rapport.
L’étude souligne que très peu de pays de l’OCDE ont réussi à améliorer une partie de leurs résultats entre 2018 et 2022, hormis le Japon en lecture et en sciences et l’Italie, l’Irlande et la Lettonie en sciences.
En Allemagne, l'économiste de l'éducation Ludger Wößmann met en garde contre les conséquences d'une politique éducative ratée : « La crise de l'éducation constitue notre plus grand risque local. La manière dont les enfants et les jeunes peuvent contribuer de manière productive à la société dépend en grande partie de leurs résultats scolaires ».
Car, compte tenu également de la pénurie de main-d'œuvre, et de main-d'œuvre qualifiée, l'Allemagne ne peut pas se permettre de poursuivre la crise de l'éducation, a déclaré Wößmann. Parmi les personnes titulaires d'un diplôme universitaire ou d'une formation professionnelle, deux à trois pour cent sont au chômage, mais parmi celles sans qualification, 25 pour cent sont au chômage. L’éducation est donc le meilleur point de départ. "Nous avons, sans aucun doute, également besoin de travailleurs qualifiés", poursuit Wößmann. "Mais le plus important serait de qualifier ceux qui sont déjà là pour le marché du travail."
Selon Wößmann, la pénurie d'enseignants va encore s'aggraver. « Le besoin d'enseignants augmente, notamment en raison de l'afflux de migrants ». Avant toute chose, les Etats doivent former davantage d’enseignants, a-t-il exigé. Des allocations sont également envisageables « pour amener davantage d’enseignants dans les « écoles des points chauds ».
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Tags : Etude, PISA, France, Allemagne, effondrement, économie, éducation nationale, formation, apprentissage, compétences
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