• Ce que nous prépare la "Caste"

    Retranscription de l'interview que Eric Verhaeghe a accordé au media Epoch Times France.

    Ce que nous réserve la "Caste"

    Eric Verhaeghe est un ancien haut-fonctionnaire, désormais entrepreneur.

    Il est le fondateur du site Le Courrier des Stratèges, et de l’association Restez libre !

    Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages. Il a récemment publié un nouvel essai intitulé : Sécession – Manuel d’auto-défense contre la caste.  Aux éditions Culture et Racines. 

    Un essai accompagné d’un livret qui s’appelle : Notre douleur n’effacera pas leurs fautes.

     

    Il analyse les crises qui se sont succédé ces dernières années, et la façon dont la sidération qu’elles provoquent constitue une opportunité pour l’Etat d’accroître son emprise sur la société et de faire évoluer le comportement des individus. Il propose aussi à ses lecteurs, des pistes pour faire « sécession » afin de préserver leurs « droits naturels » et d’échapper à la « démagogie, c’est-à-dire la corruption de la démocratie, ces moments où la majorité se transforme en force d’oppression contre les libertés et l’Etat de droit ».

     

    E.V. : J’en veux à cette génération et à cette caste de Parisiens, de bourgeois parisiens, qui sont prêts à tout sacrifier, y compris la santé mentale de leurs enfants, de leurs petits-enfants (port du masque obligatoire à l’école), pour défendre leur train de vie, leur confort, leur santé. Aujourd’hui, nous sommes dirigés par une caste d’égoïstes absolus qui considèrent vraiment qu’eux seuls ont des droits. Ils sont prêts à fouler aux pieds tous les droits sociaux, sanitaires, existentiels, politiques des autres pour défendre leurs privilèges. Nous ne nous relèverons, nous ne défendrons les valeurs de liberté que dans un effort, que dans une souffrance. Les résistants parviendront à submerger la « caste » et à reprendre le contrôle de leur vie.

    Rétrospectivement, si vous voulez, c'est après que tout cela (son fils s’est suicidé) s'est éclairé. J’ai compris comment, petit à petit, tous les gens qui avaient cette fragilité psychique étaient déstabilisés par le discours ambiant.  Et comment la santé mentale des plus faibles, des plus exposés a, petit à petit, été la première victime, si j'ose dire, d'une idéologie qui est l'idéologie de la caste dominante, qui est une idéologie protestante, qui est une idéologie malthusienne, qui consiste à nous expliquer que l'homme est coupable d'exister.

    Il y a aujourd'hui, sur un certain nombre de sites américains proches des néoconservateurs, des articles disant que l'espèce humaine est coupable. Que la planète se porterait mieux sans humain. Le discours de Greta Thunberg n'est rien d'autre que cela :  la planète va disparaître à cause des humains et de leur appétit de consommation. Et c'est vrai que moi, mon fils, sa première hospitalisation s'est produite lorsqu'il était convaincu que les bouteilles d'eau en plastique allaient nous empoisonner. Et ce discours écologiste, on n'a pas bien mesuré que la « caste » s'appuie sur l'écologie pour nous faire peur et pour nous faire rentrer dans la seringue où elle veut nous faire entrer : qui est celle de « nous sommes tous coupables ». C’est l'idéologie de l’auto-flagellation. Et « nous allons tous disparaître parce que nous sommes tous coupables ». Cette idéologie-là a été évidemment utilisée pendant le COVID, mais elle existe depuis de nombreuses années,  elle est surtout en plein essor depuis les années 2010. Après la crise de 2008. 

    Depuis 2008, nous vivons un épisode de culpabilisation générale, qui est un épisode millénariste. Et les plus faibles sont évidemment ceux qui flanchent les premiers. On n'a pas mesuré le coût global, humain bien sûr, mais aussi financier, de l'atteinte à la santé mentale des gens et d'abord des Français, des Occidentaux qui est produite par cette idéologie de la « caste ». J'en veux beaucoup, en réalité, à ceux qui sont les relais de cela.

     Je me souviens d'avoir été invité sur Sud Radio en même temps que l'actuelle maire du 5e arrondissement de Paris, qui a commencé sa carrière chez Les Républicains, qui s'est ralliée à Macron pour pouvoir être élue et qui est une « mamie »,  la caricature de la bourgeoise parisienne, du système, qui m'avait dit en plein plateau parce que j'avais dû dire : « Mais les adolescents aujourd'hui souffrent du confinement, souffrent de de ce monde de anxiogènes ». Elle m’avait répondu : « Oh ! les pauvres choux. Si maintenant on doit se préoccuper de ça. » Et l'autre partie de la phrase qu'elle ne disait pas, c'était : « Alors que nous les sexagénaires, nous sommes réellement menacés, on ne va quand même pas mettre en cause nos intérêts pour protéger la santé mentale des adolescents ! »

     

     

    Aujourd'hui, nous sommes dirigés par une «caste » d'égoïstes absolus qui considèrent vraiment qu’eux seuls ont des droits. Et, ils sont prêts à fouler aux pieds tous les droits sociaux, sanitaires, existentiels, politiques des autres pour défendre leurs privilèges. Vous savez, les familles du Nord qui ont grandi dans l'angoisse du nazisme. Ces familles pratiquent cette valeur fondamentale : « never explain, never complain » Si j'ai fait le choix de violer ce tabou, c'est parce que je pense qu'il faut à un moment donné dire stop. 

    Il faut renouveler les élites de ce pays et il faut le faire sans aucun état d'âme. Il y a aujourd'hui une caste prévaricatrice, une caste qui vit sur le dos des autres et qui est prête à tout pour conserver son privilège et il faut lui dire stop, définitivement. Il faut renouveler la gouvernance de nos sociétés. Je pense que sur ce point, nous sommes coupables de ne pas en faire assez.  Quand je regarde comment le gouvernement provisoire de la République française du général De Gaulle, à partir de 1943, a théorisé l'épuration. Comment la République s'est reconstruite en renouvelant ses élites, en épurant les élites vichystes, comment ce processus légal, pacifique, a été mis en œuvre par le général de Gaulle, je crois que nous devons adopter le même aujourd’hui.

    Sur le fond, il y a une culpabilité historique de la bourgeoisie parisienne, de la « caste ».

    Cette culpabilité historique est d'avoir toujours été du côté de l'oppression.

    On le sait, en 1940 massivement, les élites françaises ont soutenu le régime du Vichy.

    Les élus de la République ont massivement voté les pleins pouvoirs au maréchal. Pétain, le 10 juillet 1940. Et massivement, ils ont refusé de partir en exil. C'est la fameuse histoire, notamment du Massilia. On le sait, on sait pourquoi. Le maréchal Pétain avait promis aux parlementaires une retraite à vie et leurs émoluments, les rémunérations, les indemnités parlementaires à tous ceux qui voteraient les pleins pouvoirs.

    Donc pour un plat de lentilles, les élus de la 3e République ont vendu la République au fascisme ordinaire.

    Aujourd'hui, je soutiens qu'il y a une nouvelle fascination pour ce fascisme bourgeois ordinaire dans la « caste » qui consiste à dire : « Arrêtons de donner le droit de vote aux cons »… Un jour, je le révélerai, une bonne représentante de la bourgeoisie patronale parisienne, m’a écrit un SMS en me disant : « Je suis pour la dictature pour les cons ».

    Je crois que cette caste-là doit être écartée du pouvoir à travers un processus légal et pacifique et qui doit permettre l'arrivée de gens nouveaux qui restaureront les libertés et qui garantiront la démocratie comme ce fut le cas avec le général De Gaulle en 1944. 

    Je le redis, c'est qu'en effet, de mon point de vue, ces gens-là portent une culpabilité très lourde dans la dégradation générale de ce pays. L'Insee vient de publier le bilan démographique 2022. Nous n'avons jamais connu autant de décès qu'en 2022. Nous n'avons jamais connu aussi peu de naissance qu'en 2022.  Mais, On n'a pas le droit d'ouvrir un débat sur les causes de cette situation dramatique ? Il y a eu un décrochage flagrant en 2021 et 2022 de la mortalité et de la natalité : il n’y jamais eu autant de morts et aussi peu de naissance. On n'a pas le droit de poser la question que tout le monde a en tête : « Est-ce que ce sont les effets secondaires des vaccins ? »

     

    Quand vous posez cette question, vous êtes complotiste parce que la bourgeoisie parisienne, la « caste » a décidé que vous étiez complotiste en la posant… 

    Dans quel pays sommes-nous aujourd'hui pour ne plus avoir le droit de nous interroger sur notre propre survie démographique ?

    Qui sont ces gens ? 

    D'où tiennent-ils leurs droits prétendus pour nous interdire de poser des questions ?

     

     

    Il faut prendre des mesures radicales. J'insiste, pacifiques, non violentes, légales ; des mesures radicales pour changer la gouvernance de notre société.

     

     

    Journaliste : Dans ce livret, vous écrivez que, parmi l'entourage d'Emmanuel Macron, certains auraient raillé la docilité des Français vis-à-vis, justement des mesures restrictives de liberté qui ont pu être prises pendant la crise sanitaire. Je crois qu'il y a quelques mois aussi, vous aviez relaté dans Le Courrier des Stratèges,  la teneur des conversations que vous aviez eues dans le cadre d'une réunion avec vos anciens condisciples de l'ENA.  Quel est l'état d'esprit, selon vous, qui règne parmi les grands commis de l'État,  et quelle est leur perception de la situation dans laquelle se trouve le pays, avec ces crises successives que nous traversons, et leur compréhension des difficultés économiques, auxquelles beaucoup de Français sont soumis ? 

    E.V. : Pour moi, nous vivons la redite de Vichy. C'est-à-dire l'état d'esprit des élites aujourd'hui, c’est l’état d’esprit des élites qui avaient rallié Vichy pendant la guerre, avant la défaite de Stalingrad. Dans les mêmes proportions qu’à l’époque.  Quelques personnes ont dit « non ». Quelques résistants. Il y a, je pense, un immense « ventre mou ». De gens qui le font sans conviction et qui ont neutralisé en eux toute forme de réflexion et de capacité à la réflexion, qui se contentent d'obéir en se disant « Je ne sais pas où je vais, mais j’applique ce que Descartes avait appelé « la morale par provision ». »  C'est-à-dire que « quand je ne sais pas vraiment, je fais ce qu'on me dit et je ne me pose pas de questions ». Et ces gens-là aujourd'hui regardent le bout de leurs chaussures. Je pense qu'en 1942, lorsque sur le front de l'Est, la propagande allemande n'arrivait plus à cacher que l'offensive Barbarossa en Russie n'avait pas été aussi fulgurante qu’espérée,  plein de français ont commencé à se dire : « Ce n’est peut-être pas si simple »…  Je pense aussi, que  les hauts-fonctionnaires de l'époque, regardaient le bout de leurs chaussures quand on leur disait : « Tu as vu, ça ne va pas aussi bien que tu ne le croyais ! ». Ils répondaient : « Mais moi j'obéis, je n'y suis pour rien, je n'ai pas le choix, je j'ai des enfants… Je n’en sais rien au fond, tu es ridicule, tu es un terroriste ! »

    Rappelons-le quand même, jusqu'en 1944, les résistants étaient appelés des terroristes.

    Ne jamais oublier le fait que le mot résistant n'était pas employé pendant la guerre, on parlait de terrorisme.

    Donc je pense qu'il y a aujourd'hui un grand ventre mou de gens qui ne veulent plus se poser de questions, qui ne veulent surtout pas se poser de questions.

     

    S'il voit cette interview, Il se reconnaîtra. C'est un de mes camarades, vice-président de tribunal administratif, ce qui n'est pas rien, d'un grand tribunal administratif à qui je dis : « Mais, quand même, à l'issue de la loi du 5 août 2021[1], vous avez foulé aux pieds toutes les jurisprudences protectrices du Conseil d'État édictées en 1944 pour qu'il n'y ait plus jamais de Vichy ?

    Rappelons quand même qu'en 1944, le Conseil d'État a pris un arrêt pour dire qu’il ne peut plus y avoir de décision administrative sans une procédure contradictoire. C'était un arrêt de 1944 anti-Vichy. C'était vraiment pour condamner l'arbitraire de Vichy, pour empêcher que l'arbitraire de Vichy ne se reproduise et, de façon extraordinaire, le 5 août 2021, nous avons eu une loi vichyste qui a dit : « Maintenant, on va pouvoir suspendre un fonctionnaire. Sans qu'il n'ait la possibilité de se défendre ». C'est ahurissant ! Plus de procédure contradictoire !

    Et lorsque, partout dans les tribunaux administratifs, on a soulevé ce motif, les tribunaux administratifs ont dit : « Mais c'est tout à fait légal »., c'est-à-dire que les tribunaux administratifs de 2021 ont validé une pratique vichyste !

    Et, lorsque j'ai interpellé ce camarade en disant, que c’était scandaleux,  Il m'a répondu :

    « Mais tu sais, moi, je suis un tout petit, j'obéis au président de juridiction, qui a des réunions en visio, donc en Zoom, avec le vice-président du Conseil d'État qui est Didier Tabuteau».

     Un « Kouchner boy » proche de l'industrie pharmaceutique qui avait une chaire santé à Sciences Po.  Il faut le redire ! Didier Tabuteau, vice-président du Conseil d'État, était titulaire de la chaire Santé à Sciences Po, financée par l'industrie pharmaceutique. Et c’est ce gars-là  est chargé d'encadrer la mise en place de la loi du 5 août 2021, qui était une loi obligeant de fait à se faire vacciner. Ce jour-là, on a foulé aux pieds toute forme d'indépendance de la justice administrative.

     Didier Tabuteau, me dit-on, mais peut-être qu'il démentira, donc des camarades de promotion me disent qu'il y avait des réunions Zoom entre le vice-président du Conseil d'État et les présidents de juridiction des tribunaux administratifs pour indiquer le contenu des décisions à prendre sur l'application de la loi du 5 août 2021,  notamment sur la suspension des soignants.

     Donc, ces gens me disent : « Ah non ! mais nous, on obéit ! »

    Je pense qu’il y a un ventre mou aujourd'hui de gens qui se disent : « ce n’est pas clair mais dans ce cadre-là, je me contente d'obéir au chef. »

    il y a deux autres sphères. Une sphère qui existe de gens parmi les hauts fonctionnaires, qui sont proches de la mondialisation, parce que, majoritairement, haut-fonctionnaire en France ça ne veut pas dire grand-chose il y en a beaucoup parmi eux qui ne sont pas réellement en responsabilité. Redisons-le, il y a beaucoup d'énarques qui sont en chômage déguisé parce qu'ils sont payés à rester chez eux tellement ils sont obsolètes !

    Dans la deuxième sphère, qui est en responsabilité mondialisée, ce sont les gens qui font réellement une carrière, qui prennent des responsabilités à la Commission européenne, qui prennent des responsabilités dans des entreprises multinationales.

    Et, il y a des gens qui assument le mépris social, qui se disent : « le problème n'est pas de savoir si le confinement, si la vaccination sont des mesures justes ou injustes. Le problème c'est qu'ils obéissent, et nous formons une « caste », nous sommes au-dessus d'eux, et il faut qu'ils obéissent… ».  De toute façon, le sujet n'est pas de savoir si c'est bien ou mal le sujet est de savoir si ça nous est utile, ou pas.  Ces gens ont, d'une façon ou d’une autre, validé le cynisme.  Ça ne les empêche pas, pour certains, d'être des cathos qui font plein de gosses, qui vont à la messe et qui sont proches des légionnaires du Christ…  ni, sur un plan personnel, d'avoir une parfaite bonne conscience, mais il y a un cynisme assumé qui pose problème.  

    Très marginalement, je voudrais leur rendre hommage parce que certains sont venus me voir en me demandant le secret.  Certains disent : « Je suis d'accord avec toi mais tu comprends, je fais carrière et donc, j'ai deux vies. J'ai la vie où je dis ce que je pense et puis la vie avec eux où je mens, et certains sont des vrais fanatiques ».

     C'est vrai qu'il y a dans le lot des fanatiques du système. Il y a dans la caste des gens qui sont réellement convaincus de ce qu'ils disent, mais je crois qu'ils sont minoritaires et que ce ne sont pas ceux qui dirigent réellement.

    Je pense que ceux qui dirigent sont au fond très indifférents au contenu de ce qu'il nous demande de faire.  Ils sont surtout sensibles à la préservation d'un système qui leur profite.

     

    Dans la population, je sais que beaucoup de personnes étaient extrêmement pessimistes et je reproche à certains résistants ou prétendus résistants d'avoir entretenu ce pessimisme, en disant :  « On est des petites gens, tout est arbitré, de toute façon, il y a quelques mecs qui tirent les ficelles, ils sont tellement puissants qu'on ne peut rien contre eux ». Je n'ai jamais cru à cela. Je viens d’une famille de résistants, je sais que « des petites gens » déterminés sont aussi efficaces que des grandes gens ramollis par le confort.  Par conséquent, je suis de plus en plus optimiste car je pense que la « caste » mesure de plus en plus la hauteur de l’obstacle à franchir  pour instaurer ce capitalisme de surveillance intégrale,  je pense que notre mobilisation, notre capacité à dire non, font qu’il y a de vrais reculs aujourd’hui dans les projets de mise en place de cette dictature, de ce capitalisme de surveillance.

    On est dans une bataille, mais je le redis, je l’ai beaucoup écrit, je crois que le passe sanitaire a été un Stalingrad. C'est-à-dire que, in fine, le gouvernement a dû renoncer à la vaccination obligatoire, il a dû renoncer au passe vaccinal. Le gouvernement, depuis le mois de février 2022, bat en retraite. C'est vrai que Macron a été réélu mais mal réélu.  On constate que politiquement il est de plus en plus impuissant. Je suis absolument convaincu que nous vivrons une bataille de Berlin, c'est-à-dire que les résistants parviendront à submerger la caste et à reprendre le contrôle de leur vie.

     

     

    Journaliste : Vous parlez d'ailleurs dans votre livre, dès les premières pages, de ce que vous appelez « l'agenda du chaos ». Vous expliquez que cet agenda vise notamment à mettre en scène une série de crises sidérantes grâce auxquelles donc cette fameuse « caste » peut imposer des règles toujours plus liberticides aux populations.  Est-ce que les crises successives de ces dernières années, que ce soit la crise sanitaire, la crise énergétique ou la guerre en Ukraine, s'inscrivent finalement dans le cadre de cet agenda ?

    Est-ce qu’elles s’inscrivent dans le cadre d’une feuille de route finalement, qui permet aux Etats d’accroître leur emprise sur la société et de faire évoluer, éventuellement, le comportement des individus dans un sens qui peut favoriser les intérêts de cette « caste » ?

    E.V. : D'abord, on est obligé aujourd'hui de dire ce qu'on comprend, en soulignant que ce sera forcément évolutif, parce qu'au fond, je pense que tout le monde a bien compris qu'il y a un agenda. Des crises peuvent arriver, peut-être, je n'en sais rien. Je n’y crois pas trop, mais supposons que le coronavirus soit réellement un accident de l'histoire. Ce qui est sûr, c'est que la gestion du coronavirus n'est pas un accident.  Elle était anticipée, prévue, ne serait-ce que parce qu’il y avait déjà eu un galop d'essai, si j'ose dire, en 2009, avec la crise du H1N1.

    Ce qui est sûr, c'est que la gestion de la crise en Ukraine n'est pas un hasard et qu'elle était organisée à partir de scénarios, de narratifs comme on dit.

    Ce qui est sûr, c'est que la transition énergétique est un scénario.

    Dans votre question il y a 2 sujets.

    1) Est-ce qu’il y a un agenda de crise ?

    2) Est-ce qu'il y a un agenda des narratifs pour justifier les mesures qu'on prend à l'occasion des crises ?

    Je vais répondre à la première question s’agissant de l’agenda des crises :  on ne le sait pas complètement. On en est réduit à faire des hypothèses… Je crois qu'il faut vraiment garder. la liberté d'esprit de dire, ce sont des hypothèses et, peut-être qu'au fond,  il y a vraiment un enchaînement de hasards... Même si la probabilité que tout ne soit que hasard, est faible.

     Mais j'insiste, il ne faut pas faire de complotisme,  en disant : « Il y a quelqu'un qui tire les ficelles, que tout est écrit, qu’il y a le bon Dieu qui nous protège et le diable qui tire les ficelles et qui nous envoie dans le mur ». Je ne crois pas du tout à ça.

    Je crois qu’il y a des gens qui ont des projets et je crois que parfois ces projets réussissent, parfois ils échouent, parfois il y a des hasards qui font que ça réussit, que les plans changent, etc. et cetera. Il faut éviter de faire une lecture simpliste de l'histoire.

    En revanche, on peut se dire qu’il y a des explications ou des paramètres qui justifient que la « caste » se dise : « Il faut accélérer le cours de l'histoire parce que on va se trouver en position difficile ».  Et que dans ces paramètres, il y en a un qui est connu, c'est la question de la disponibilité des ressources fossiles, c'est-à-dire que plus le temps passe, plus les ressources fossiles vont se raréfier ou, en tout cas,  en l'état de nos connaissances, on peut imaginer que, petit à petit, il y aura de moins en moins de pétrole disponible, de moins en moins de gaz disponible même si on découvre chaque fois de nouvelles réserves et qu’il n’est pas incohérent de penser que la « caste » n'ait pas envie de disparaître brutalement à l'occasion d'une grande crise énergétique qui n'aurait pas été anticipée. Et qu’elle se dise : « il faut trouver des moyens pour convaincre les gens de changer de modèle sans que ça nous retombe dessus ».

     C'est toute la question de la transition énergétique, des accords de Paris, etc. sur le bien-fondé desquels on pourrait longuement discuter. Mais on peut toujours imaginer, quoi qu'il arrive, que certains se disent : « Ah ! si on disait que la planète va disparaître à cause de la pollution », ça serait sans doute plus efficace pour convaincre les gens de moins prendre leur voiture, qu’en leur disant :  « Prenez moins votre voiture, on aura bientôt plus d'essence ».

    Que la question du pic énergétique, comme on dit, soit un sujet stratégique pour ceux qui ont fondé leur enrichissement sur un modèle productiviste et qui se disent « Anticipons les changements pour ne pas être ruinés dans un une société qu'on n'aurait pas préparée ». Ça, j'en suis convaincu.

    Ma conviction est que l'accélération à laquelle nous assistons dans les crises, est aussi liée, je vais faire du complotisme, à une probabilité.  Je le présente comme une probabilité : si les modèles de la NASA sont justes, il y aura un refroidissement climatique, à partir de 2030 ou en tout cas, sur la décennie 2030, et même de mini glaciation, dit-on. Et, par conséquent,  tout ce qui aura été pris d'ici là ne sera plus à prendre.  En 2030, les profits auront été faits. Donc lorsque éclatera le mensonge du réchauffement climatique, du réchauffement climatique d'origine anthropique, il sera trop tard, le mal aura été fait.

     Deuxièmement, il y a très probablement dans le clan des néoconservateurs américains des angoisses existentielles sur l'avenir du monde, de l’avenir géopolitique.  C’est à dire que l'époque où l’Occident était le seul bloc développé qui s’enrichissait, est finie. La Chine se développe, d'autres pays que le bloc occidental se développent ; il y a à préparer un monde où l'imperium américain, comme on dit, sera marginalisé de fait, d’où  la fameuse théorie du découplage, le « decoupling » en anglais, c’est-à-dire la reconnaissance de deux blocs : un bloc chinois, un bloc américain qui est, à mon avis, au cœur de beaucoup d'anticipation, ainsi que la crainte des désordres qui pourraient s’en suivre, avec un enjeu fort au Proche et au Moyen-Orient :  qui maîtrisera les ressources énergétiques majeures de notre monde dans ce découplage ?  

     

    Il y a besoin aujourd'hui d'un narratif pour convaincre les Européens de rester dans le bloc occidental et pour convaincre un certain nombre de pays clés de rester dans ce bloc occidental. C’est à cela que sert la crise en Ukraine, comme une campagne électorale pour savoir qui ira plutôt dans le bloc chinois ou qui ira plutôt dans le bloc américain, puisqu’en réalité, il n'y a pas de bloc occidental, et les enjeux sont probablement là. Voilà donc l'agenda du chaos. Il sert de mon point de vue, à accélérer l'histoire. Et à provoquer des crises pour arrimer l’Europe. On voit bien comment l'Europe a renoncé à toute forme de souveraineté à l'occasion du COVID puis de la crise en Ukraine. La crise en Ukraine c’est le pompon ! La présidente de la commission de l'Union européenne est allée hier à Davos pour faire un discours, expliquant que l'OTAN et l’Union européenne, en gros, c'est la même chose. Donc il y a cette stratégie.

     

    Journaliste : Vous parlez aussi dans votre livre de la question des pénuries alimentaires, même de situation de de rationnement qui pourraient se produire dans les années à venir en France. Les Français font déjà face à une hausse importante des prix des denrées alimentaires. Depuis plusieurs mois. Une hausse qui devrait se poursuivre dans les mois à venir.  Qu’est-ce qui vous incite à penser que ces pénuries alimentaires pourraient se multiplier et provoquer des situations de rationnement, voire même de famine, c’est ce que vous dites dans votre livre,  dans les années qui viennent ?

    E.V. : Là aussi, personne n'a de boule de cristal. Les famines ? Elles existent de fait, ou les pressions sur la nourriture, existent aussi dans les pays dépendants, notamment en Afrique ou l'approvisionnement en blé est un sujet problématique.  Mais elle commence à exister en France. Que dit Olivia Grégoire, ministre de la Consommation ? « Il faut un panier anti- inflation avec une liste de produits que les magasins seront obligés de vendre à bas prix ».

     

    Est-ce qu'on a mesuré qu'en 2023, la start-up « nation » est un résultat de 6 ans de macronisme,  c'est une telle paupérisation que la ministre de la Consommation ordonne aux magasins d'alimentation de vendre une vingtaine de produits à bas prix pour que les gens puissent se nourrir ? La stratégie qui a été menée depuis 6 ans, qui a consisté à nous mépriser tellement… Souvenez-vous de Macron qui disait :  « dans les gares, on croise des gens qui ne sont rien » ? Et c'était tellement profond, tellement sincère que quelques années après, sa ministre de la Consommation dit : « il faut faire un panier de 20 produits de première nécessité que les magasins doivent vendre à bas prix pour que les gens puissent les acheter ». Est-ce que vous mesurez clairement la tiers-mondisation qui a été organisée par Emmanuel Macron et la « caste » qu'il représente ? On lit partout que les milliardaires s'enrichissent de je sais plus combien de milliards chaque jour et, dans le même temps, les Français s'appauvrissent tellement que l’on est obligé d'organiser pratiquement des distributions de pain dans les magasins pour que les gens puissent se nourrir ! C'est ahurissant…

    La question est : pourquoi les gens ne se révoltent-ils pas ? Pourquoi n'y a-t-il pas d'émeutes de la faim ?

    Probablement parce que la souffrance n'est pas encore suffisante pour que les gens en arrivent à ce degré d’écœurement, de répulsion pour le système. Mais aussi parce qu’on est en train de vider les poches des classes moyennes à travers des impôts, des tas de dispositifs. Regardez les taxes foncières qui augmentent pour les petits propriétaires à Paris et dans les grandes villes. On prend l'argent des petits propriétaires d'appartements pour pouvoir dispenser des aides sociales aux plus pauvres pendant que les riches continuent à s'enrichir de plus belle.

    Ça, c'est le système « Great Reset ». C'est ce qui a été proposé par Klaus Schwab, pour que les gens se tiennent tranquilles : on les appauvrit, mais on les nourrit, on les gave d'allocations, de revenu universel, de choses dans ce genre financées par des impôts sur les classes moyennes. C'est ce qui se produit aujourd'hui. C'est ce dans quoi nous sommes.

    Dans cette affaire, il y a un très clairement une stratégie du chaos qui est fondée sur des conflits.  Il y a aussi une ingénierie sociale consistant à dire aux gens : « on pollue trop, on consomme trop, diminuez votre consommation et faites-le spontanément, sinon on sera obligé de prendre des mesures de rétorsion (l’exemple des pénuries annoncées d’électricité, est emblématique à cet égard ; elles correspondent à la stratégie bas carbone.

     

    La même technique a été utilisée pendant le COVID sur le confinement, sur le vaccin

    Dans cette stratégie, il y a quelque chose qui n’est pas dit, qui est la crise profonde du capitalisme de connivence qui ne parvient plus à enrichir suffisamment les plus riches sans appauvrir les plus pauvres. Tant qu'il n'y aura pas un renouvellement de la « caste » ce système ira jusqu'au bout.  On connaît déjà l’agenda, la programmation, elle circule dans les milieux bien informés. On sait qu’il y aura une crise boursière majeure, qui est d'ailleurs très largement annoncée par un certain nombre d'économistes. On sait qu'il y aura des segmentations nationales d'Internet pour éviter la circulation de l’information. C'est ce qui est en préparation aujourd'hui, notamment avec tout ce qui tourne autour de la désinformation, désinformation, les « fake news ». Tout ça est fait pour justifier des contrôles nationaux d'internet. Il y aura un Internet de l'Union européenne qui obéira à ses propres règles et qui sera contrôlé par la Commission européenne. C'est tout ce que Thierry Breton (commissaire européen) dit sur Twitter.

    D’une façon certaine,  la mise en coupe réglée des populations est préparée,  que dans cet univers, l'utilisation des pénuries alimentaires qui se fera, visera à ordonner des baisses ou à intégrer des baisses de consommation, que l’on a connues avec l'électricité,  avec l'essence, avec la moutarde, avec les pâtes alimentaires, la crise du blé, la crise frumentaire comme on disait à une époque.  Tout cela, bien entendu, ce sont des leviers pour mettre en place un projet de société pour le monde d'après, qui n'est pas discuté avec les populations mais qui est un projet qui a sa propre cohérence, qui est un projet où les gens obéiront, bien entendu.

     

     

    Mais, je suis assez convaincu que ce projet peut échouer. Je pense qu'il y a aujourd'hui des lézardes tellement larges dans le mur qui a été bâti dans l'esprit de ceux qui imaginaient que c'était possible. Ces lézardes sont tellement béantes aujourd'hui que je ne pense pas que ce projet aboutira. En revanche, il faut que les gens continuent à se mobiliser, qu'ils continuent à être conscients, à faire leur sécession psychique que j'appelle de mes vœux dans mon livre.  D’ailleurs, il faut boycotter les médias subventionnés et se mettre à penser par soi-même.

     

    Journaliste : Dans votre livre, vous expliquez que cet interventionnisme de l’Etat et son poids qui se renforce dans l’économie pour rendre les gens de plus en plus dépendants des subsides qu’il leur donne, s’accompagne aussi d'un essor de dispositifs de surveillance. Vous soulignez que la crise sanitaire a donné au pouvoir, l’opportunité d’avancer grandement dans ses projets de mise sous surveillance, en leur offrant de nouveaux débouchés. Et vous évoquez notamment un décret du 13 juillet 2021 qui acte la création de l'Agence Viginum, rattachée au Secrétaire général de la Défense et de la sécurité nationale. Sa mission : surveiller les plateformes numériques pour détecter d'éventuelles ingérences étrangères susceptibles d'altérer l'information et d'affecter le débat public français.

    Ces derniers mois, vous avez aussi relayé le fait que certains soignants suspendus ont été convoqués par la police ou la gendarmerie pour s'expliquer, notamment de certains mouvements intervenus sur leur compte bancaire, dans le cadre de soupçons d'exercice illégal de leur métier. Certains d’entre eux ont même été interrogés sur leurs opinions politiques.

     

    Est-ce qu'on peut finalement parler d'une forme de dérive autoritaire, voire d'une tentation totalitaire de la part de de l'État français ?

     

    E.V. – Oui. Je répète que le macronisme, c'est la mise en place presque sereine, tranquille, dans la vie quotidienne d'un fascisme ordinaire, de ce que Édouard Husson appelle «le fascisme gris ». C'est-à-dire, d'une appropriation de tous les pouvoirs, dans la société par une caste qui impose ses règles en violant les libertés publiques

     

    On n'a pas le folklore des chemises brunes, des chemises noires. On n'a pas le folklore des S.A. ou S.S. dans les rues, on n'a pas le folklore des grands meetings de Nuremberg, mais le corpus idéologique est là. Il a été théorisé depuis très longtemps.

    Il y a un économiste que j'aime bien citer qui est Dani Rodrik[1] qui est un économiste turc du FMI qui avait théorisé « le trilemme de Rodrik ». C'est en 2005, de mémoire, qu'il a décrit cette théorie. Selon laquelle on ne peut pas cumuler la mondialisation, les États-nations et les démocraties ou la démocratie. Par conséquent, il faut que l’un des trois termes saute : soit on veut garder les États-nations et la démocratie, et on renonce au libre-échange, à la mondialisation, soit on veut garder la mondialisation et la démocratie, et on doit faire disparaître les États nations, soit on veut garder les États nations et la mondialisation. Et à ce moment-là, on renonce aux libertés.

    Si on impose un ordre unique, c'est bien ce à quoi nous assistons aujourd'hui, on continue à défendre des États nations. En tout cas, les États-Unis continuent à défendre des États-nations. On ne veut surtout pas renoncer à la mondialisation parce qu'elle apporte d'immenses bénéfices pour quelques-uns, de facto,  petit à petit, on tue les libertés parce que on ne supporte plus que des gens contestent la règle du jeu, contestent le narratif mondialiste. Il faut stopper le droit à distiller un narratif différent du sien, c'est-à-dire qu'il faut arrêter la démocratie et de la libre expression des opinions.

    C’est ce que nous vivons en France. Sous le couvert de l'urgence sanitaire, on a fait passer une multitude de décrets qui organisent la surveillance et la reprise en main des populations et l'encadrement de la libre expression.

    Viginum est une agence qui est officiellement chargée de collecter toutes les données. On est sous le coup d’un décret qui dit que toutes les données circulant sur les réseaux sociaux doivent faire l’objet d’un traitement, d’une collecte, et d’un traitement avec des algorithmes que personne ne connaît, qui permettent de surveiller l’activité des Français. C’est écrit, c’est décrit et c’est légal.

    La liste des réseaux sociaux que Viginum doit surveiller, est écrite et publique. Il y a, entre autres, LinkedIn, Facebook, Twitter, Tik Tok, snapchat. Il y a les requêtes Google, Microsoft… Tout ce que vous écrivez sur ces réseaux est collecté et traité par une intelligence artificielle. Selon des algorithmes que nous ne connaissons pas, c'est écrit. Evidemment, la presse subventionnée n'en parle pas puisqu’elle est le bras armé de cette politique.

    Auparavant, le Conseil d'État, en décembre 2021, a validé des décrets autorisant le fichage systématique des opinions politiques, syndicales, religieuses, philosophiques de tous les citoyens du pays. Depuis la rentrée de septembre 2021, il est évident que le régime macroniste est passé à la phase 2 qui applique déjà cette technique, très chinoise, de « l'invitation à prendre le thé au commissariat », beaucoup de soignants suspendus ont été « invités à prendre le thé au commissariat » , systématiquement, on leur a demandé quelles étaient leurs opinions politiques. C'est un travail de renseignement.

    Maître Maud Marian, qui est ma conseillère préférée, a donné des interviews sur le Courrier des Stratèges pour dire ce que le gouvernement prépare :  

    - Un délit de complotisme. Premier délit d'opinion inventé par gouvernement prétendument libéral, mais qui, en réalité, démontre la dérive illibérale de l'Occident et, notamment, la dérive illibérale du macronisme. Il est évident que le macronisme est en train de préparer un délit de complotisme. Pour l'instant, ce délit est d'ordre prétorien, c'est-à-dire qu'il est constitué par les juges, même si ce n’est pas encore dit comme cela, on voit bien que les Parquets et certains juges du Siège acceptent de considérer le complotisme comme une forme de délit. je reste persuadé que dans les semaines qui viennent - pas dans les mois - dans les semaines qui viennent, il y aura la tentation de déposer des textes, petit à petit, bâtissant cette notion de délit de complotisme en disant : « on n'a plus le droit de de désinformer sur les réseaux sociaux », etc. La logique répressive est à l'œuvre et, ma conviction profonde est qu'il y a un cabinet noir autour de l'Élysée qui est chargé de suivre quelques dossiers en particulier,  et qui est chargé de coller à certains dossiers des choses désagréables.  Il y a déjà, tout un travail mis en œuvre pour discréditer l'opposition lorsque on ne peut pas la contrôler. Ma conviction est que, dans la pratique, ceux qui ne seront pas inquiétés judiciairement, ce sera bizarre.

     

    Journaliste : Vous parliez du délit éventuel de complotisme. Le gouvernement a annoncé la tenue des « Premières assises des dérives sectaires et du complotisme début 2023 ».

     

    E.V. – C’est ce que l’Union soviétique avait pratiqué sous la forme de la psychiatrisation de la dissidence. Sakharov, on ne l’a pas mis en prison, on l’a mis en hôpital psychiatrique, à l’époque, parce qu’il était « fou ».  Il y a aujourd’hui, dans la stratégie de réponse à la résistance, la volonté de psychiatriser. C’est aussi la technique qui a été retenue par la CIA.  On va s'apercevoir que partout en Occident il y a une psychiatrisation progressive de la dissidence, c'est-à-dire qu'on ne va pas dire aux gens, « vous êtes des opposants, on vous fout en tôle », on dira : « Vous êtes des terroristes d'extrême droite. Il y avait un complot d'extrême droite, ce sont des nazis ». Et la 3e version :  on dira « vous êtes des nazis » chaque fois qu'on le pourra.  Et, si on ne peut pas dire « Vous êtes des nazis », on dira : « Vous êtes dans la dérive sectaire et en réalité vous êtes fous ». Ou, pour vous protéger vous-même, contre vous même, il vaut mieux qu'on vous débranche et qu'on vous fasse suivre des « stages ». Exactement comme dans les pays communistes, en Chine ou en Corée du Nord, on va expliquer aux gens : « on va vous recycler, on va vous rééduquer ».

    Les grandes dictatures totalitaires, communistes, des années 70 (le Vietnam, le Cambodge par ex.) l’ont pratiqué.

    On va rééduquer les gens. Et là-dessus, je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est une stratégie McKinsey, c'est à dire qu’aujourd'hui, on voit bien que le World Economic Forum de Davos est passé sous influence (spirituelle) chinoise, que la filiale chinoise de McKinsey est devenue prédominante, que McKinsey est un vecteur très puissant de la diffusion du modèle chinois dans les esprits occidentaux, que la CIA s'appuie beaucoup sur les techniques chinoises diffusées pour les réoccidentaliser et pour remettre à la sauce occidentale ces outils de propagande. N’oublions pas que le Washington Post avait consacré un très long article de l'influence chinoise sur McKinsey en écrivant : « Le Sénat, la chambre des Représentants, le congrès, devraient s'inquiéter du rôle de McKinsey, aux États-Unis parce que l'influence autoritaire chinoise s'y fait beaucoup sentir »…  Le Washington Post avait cité ce grand séminaire des cadres de McKinsey qui avait eu lieu en Chine à quelques centaines de mètres d'un camp d'internement des Ouïgours, où « les McKinsey » n’avaient absolument rien vu…  Rien les avait choqués alors qu’ ils ne pouvaient pas manquer ce camp d'internement eu égard à son emprise au sol.

     

    Étonnement, il y a aujourd'hui une fascination de la caste pour le totalitarisme communiste et le grand rêve est d'instaurer dans le capitalisme de connivence dans lequel nous vivons, les méthodes de domination communistes asiatiques, ses idées de rééducation, de crédit social, etc. Ce qui est inquiétant, c'est que l'Occident l'ait repris à son compte… Un jour, une grande bourgeoise parisienne m'avait écrit : « Je suis pour la dictature, pour les cons » et je pense qu'il y a aujourd'hui cette doctrine selon laquelle les cons que nous sommes, doivent être mis au pas de façon autoritaire, doivent être rééduqués ; on doit leur nettoyer le cerveau, ça, j'en suis absolument convaincu.

     

    Journaliste : Justement, dans votre livre, vous expliquez que pour se prémunir des atteintes aux libertés et aux droits naturels de la part de de l'État ou de l'instance supranationale. Il faut pratiquer ce que vous appelez la sécession. Une démarche globale qui propose des solutions concrètes pour permettre aux individus de s'émanciper du contrôle de l'État, recouvrer des marges de liberté afin de déjouer ces mécanismes de surveillance.

    Qu’est-ce que la sécession ?

    Quels sont les principaux champs qu’elle recouvre ?

     

    Pourquoi est-ce une réponse pertinente, selon vous, à toutes ces questions que nous avons évoquées ?  

     

    E.V. - La sécession, je voudrais le redire, de mon point de vue il y a 3 réponses aujourd'hui à la montée de cette dérive illibérale, de cette dérive fasciste grise, fasciste ordinaire à laquelle nous assistons dans nos démocraties. La première réponse est institutionnelle ou électorale : c'est d'aller mettre son bulletin de vote dans une urne en pensant : « Voilà, je vote pour untel et untel va être chargé de défendre mon point de vue ». On voit bien que ça ne marche plus. Nous assistons à la mort de la démocratie représentative telle qu'elle a été conçue au dix-neuvième siècle, où l’on donnait un mandat à quelqu'un qui n'était pas un mandat impératif,  car cette personne pouvait dire ce qu'elle voulait et la démocratie s'exerçait à chaque scrutin. Ce système-là est mort. Plus personne aujourd'hui ne croit que l’on pourra combattre le Great Reset, le projet de domination par la « caste », par les élections.  La preuve, c'est que Emmanuel Macron a été réélu. Je pense que beaucoup de Français sont en colère face à la façon dont ça s'est passé.  J’ai le sentiment que plus personne ne croit à la voie électorale et, globalement, je pense que la « caste » a fait ce qu’il fallait pour tuer la démocratie représentative.

     

    Il reste deux voies. La voie de la révolution qui est adorée par l'extrême-gauche.  L'inconvénient de la révolution, c'est qu'elle est illégale et violente et qu’on ne sait jamais sur quoi elle débouche ; la révolution dévore ses propres enfants, comme on disait à une certaine époque, c'est terriblement juste. Moi, je suis partisan d'une lutte contre le système. D'une lutte pacifique non violente. D'une lutte légale : il faut utiliser les armes que la loi nous donne pour ruiner le système. Il faut le ruiner moralement et financièrement. Il ne faut plus alimenter la « caste » qui nous domine. Il devient primordial d’utiliser au maximum les dispositifs d'optimisation socio fiscale qui existent.  Nous devons créer des écoles hors contrat, autant que nous le pouvons. Il ne nous faut plus suivre les médias de la caste, il faut se débrancher de cette propagande permanente et, petit-à-petit, bâtir notre propre société, créer des groupes locauxles gens se connaissent, où ils montent des coopérations locales pour organiser leurs propres écoles, leurs propres centres de soins, leur propre réseau de médecins, de conseillers fiscaux... Il faut faire sécession, c'est-à-dire créer une société différente et parallèle.  Créer légalement, pacifiquement une société alternative qui soit fondée sur nos valeurs de liberté. Et qui exclut au fur et à mesure, les gens de la caste et leur esprit toxique. 

     

    Journaliste : Pour conclure, vous insistez aussi dans beaucoup dans le livre sur la dimension psychique et spirituelle de cette sécession et vous dites d’ailleurs,  que toute notion de transcendance est farouchement combattue par les élites mondialisées qui ne ménagent aucun effort pour déformer le psychisme des foules et inspirer aux individus la peur, le ressentiment ou la honte.

     

    - En quoi cette dimension spirituelle aurait-elle une importance particulière dans le cadre de cette démarche de sécession que vous appelez de vos vœux ? 

     

    E.V. -   Aujourd'hui, nous vivons une époque extraordinaire, la bascule d'un monde à l'autre. Nous sommes en train d'assister à une faillite du capitalisme, sous toutes ses formes.

     

    La démocratie libérale qui en a été le vecteur ou le protecteur est en train de s'effondrer. Mais la doctrine consumériste et d'obéissance, qui est : « Achète et tais-toi »,  est en train de s'effondrer.  Ce à quoi nous assistons, c'est à notre effondrement spirituel

    Vous avez des gens dans la bourgeoisie parisienne qui ont été capables de dire je suis libéral, je suis contre la bureaucratie, etc., et pour pouvoir avoir le droit de prendre un café en terrasse,  j'accepte de me faire vacciner, de présenter mon passe sanitaire. C'est le degré zéro de l'esprit. Vous avez plein de gens en France, dans la bourgeoisie parisienne, dans la caste qui se présentent comme des intellectuels, comme des combattants, qui sont des imposteurs et qui incarnent la conscience humaine zéro.  

    Un humain est fait pour être libre. Et la liberté n'a pas de prix, mais elle a un coût.

    Les gens qui pensent qu'on peut être libre sans effort sont des imposteurs et des menteurs. La liberté se construit dans l’effort, dans le sacrifice, dans la dureté.

    Cette société où on vous parle en permanence de bienveillance, où il ne faut jamais élever le ton et être en permanence, tranquille, zen, dans le bien-être.  Cette société efféminée. J'adore les femmes, mais la liberté est une valeur fondamentalement virile ce qui n’exclut pas les femmes. Beaucoup de femmes ont une spiritualité virile. Cet éloge de la dilution : on ne sait plus si on est un homme, une femme, on ne dit plus lui ou elle, on iel… Tout cela est l'organisation de la décadence de l'esprit. Il n'y aura de liberté que dans le relèvement moral, c'est-à-dire dans des valeurs viriles. Moi, je pense que c'est très bien d'élever le ton, de piquer des gueulantes. Dans une entreprise, quand vous avez des salariés qui ne foutent rien, faut les engueuler. Et cette doctrine selon laquelle faut les protéger, il ne faut rien leur dire…  « Ah ! vous faites du harcèlement ! ». Je pense que piquer une gueulante, ce n'est pas du harcèlement moral. C'est un fonctionnement sain d'une société saine. Et qu’il y en a marre de cette doctrine insupportable où on nous explique que, dès que on n'est pas d'accord, c'est qu'on est « bidulophobe », « homophobe », « trucophobe », « machinophobe »…

    La société doit être dirigée à partir d'un langage cash, un langage de vérité, de valeurs assumées, et nous n'avons pas en permanence à être dans la dilution.

    Cette espèce de tiédeur permanente et la source même du déclin. Occidental.

     Nous ne nous relèverons, nous ne défendrons les valeurs de liberté que dans un effort, que dans une souffrance, que dans l'ordalie germanique, c'est-à-dire qu'il faudra dire  qui a des comportements qui ne sont plus acceptables, et qui a des comportements acceptables.

    Il faudra assumer de faire des choix. C'est ça le relèvement spirituel.

     Selon l’expression populaire : nous devrons accepter de remettre l'Église au milieu du village… Je n'ai aucun problème d'ailleurs, au passage, à ce qu’il y ait aussi des mosquées, des synagogues. L'église au milieu du village est une image traditionnelle, mais il faut être capable de la défendre.

     

    Je ne suis pas catholique, je ne suis pas croyant. En revanche, je pense que nous avons un ordre traditionnel dans notre société, que l’on est en train d'essayer de nous faire oublier. Et nous ne nous relèverons,  nous ne défendrons nos libertés, nous ne récupérerons le contrôle, la maîtrise sur nos vies que si nous acceptons de revenir à nos anciennes conceptions, si nous sommes capables de sortir de cette espèce de mollesse généralisée qu'on tente de nous imposer. Je ne peux pas dire mieux.

     



     [1] Loi relative à la gestion de la crise sanitaire (passe sanitaire et vaccination)

    [2] Dani Rodrik, né le 14 août 1957 à İstanbul, est un économiste et universitaire turc, professeur d'économie politique internationale à la John F. Kennedy School of Government de l'Université Harvard. C'est un auteur reconnu en économie internationaleéconomie du développement ainsi qu'en économie politique. Ses recherches se concentrent autour des problèmes de croissance, en particulier pourquoi certains types de gouvernements et certaines politiques gouvernementales réussissent mieux que d'autres. C'est un des principaux opposants académiques aux thèses qui font du libre-échange le facteur obligé et essentiel de la croissance.

     

     

     

     

    « Retraites : un hold-up programméInterview de Marc GOTTI – Juriste »
    Partager via Gmail Yahoo!

    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :